Publié le 19 Jun 2022 - 00:14
DÉGRADATION DES ÉCOSYSTÈMES NATURELS EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE

Les experts planchent sur les stratégies pour inverser la tendance

 

Pour inverser la dégradation des écosystèmes naturels, des experts d’une quinzaine de pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ont tenu, hier, une rencontre. Elle a pour objectif principal de peaufiner des stratégies.

 

Une quinzaine de pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ont pris part, hier à Dakar, à la réunion des ministres de l’Environnement sur la gestion des zones côtières, de la biodiversité et des aires protégées de l’Afrique de l’Ouest, sous la tutelle de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Assurant l’intérim d’Abdou Karim Sall, Ministre de l’Environnement et du Développement durable, le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique a confié que les deux grandes thématiques qui font l’objet de cette rencontre, à savoir la gestion des zones côtières et la gestion de la biodiversité et des aires protégées et sur lesquelles les experts devront se pencher, revêtent une importance capitale.

Pour Abdoulaye Saydou Sow, la gestion des zones côtières et celle de la biodiversité dans toutes les régions du monde et, plus particulièrement en Afrique, sont des facteurs déterminants pour la réussite de la lutte contre la pauvreté et de la réalisation du développement durable. Pour que les pays africains puissent garantir des financements et mobiliser des ressources, selon lui, il est essentiel de saisir les opportunités fournies par l'aide bilatérale et multilatérale, ainsi que la recherche de fonds nouveaux et supplémentaires au plan national.

Il a rappelé que pour la gestion des zones côtières, l’UEMOA a mis en place, entre autres, le Programme régional de lutte contre l’érosion côtière (PRLEC) et le Programme de gestion du littoral ouest-africain (Waca) pour lesquels les seules activités de construction d’infrastructures de protection dans les pays côtiers ont permis de soulager les communautés côtières fortement touchées par l’érosion côtière. Le financement, sous le leadership de l’UEMOA, des Programmes d’appui à la préservation de la biodiversité et les écosystèmes fragiles, à la gouvernance environnementale et au changement climatique en Afrique de l’Ouest (Papbio) et à la préservation des écosystèmes forestiers en Afrique de l’Ouest (Papfor), poursuit-il, a permis aux pays bénéficiaires d’accroitre considérablement la résilience aux changements climatiques des écosystèmes et des populations.

‘’Les travaux des experts ont permis de partager les expériences issues de ces initiatives régionales, afin d’évaluer et d’approuver au besoin les progrès globaux. Ils ont également permis d’examiner en profondeur les textes sur la gestion des zones marines et côtières, dans la perspective d’une meilleure harmonisation et coordination de la gestion de ces écosystèmes de plus en plus fragiles. Dans les pays de l’Afrique de l’Ouest où les ressources pour la conservation de la biodiversité sont souvent limitées, la question du financement de la gestion des aires protégées a toujours préoccupé les hautes autorités. Ainsi, l’occasion nous est donnée, à travers cette présente rencontre de haut niveau, d’examiner en profondeur la problématique de privatisation de la gestion des aires protégées en Afrique de l’Ouest. Sous ce rapport, des expériences de partenariat public-privé pourront être partagées, afin d’apprécier la pertinence et la faisabilité. Dans cette perspective, les expériences d’African Parks au Bénin et de la Fondation des savanes ouest-africaines (FSOA) pourraient servir de modèles d’appréciation et d’inspiration pour donner des pistes de solution à la lancinante problématique du financement des aires protégées’’, a soutenu le ministre.

Il a assuré que le gouvernement du Sénégal se fera un devoir et une obligation, en collaboration avec la Commission de l’UEMOA, de veiller à la mise en œuvre des recommandations et orientations issues des travaux.

‘’Nous préparons la suite avec un montant d’environ 60 millions d’euros pour les zones côtières…’’

Présente à cette rencontre, l’ambassadrice, Cheffe de la Délégation de l’Union européenne au Sénégal, a indiqué qu’au risque d’énoncer des évidences, elle a souhaité rappeler à quel point les zones côtières et marines, la biodiversité et les aires protégées représentent des biens communs vitaux pour le développement durable des économies de la région.

D’après Irène Mingasson, les décisions qui sortiront de cette rencontre poseront les jalons d’une réelle économie verte sur terre et une économie bleue ambitieuse en zone côtière et marine. Elle s’est réjouie également que ces décisions soient basées sur la science et la connaissance, notamment à travers la mise en place d’observatoires régionaux, comme l’Observatoire de la biodiversité et des aires protégées en Afrique de l’Ouest (Obapao) qui reçoit le soutien de l’Union européenne, à travers le programme Biopama.

‘’Cet observatoire représente, en effet, un modèle d’échanges de technologies entre le Nord et le Sud, avec une contribution technique et scientifique du Centre commun de recherche européen, mais également un exemple de coopération Sud-Sud avec un consortium composé du Centre de suivi écologique et du Rampao au Sénégal, du Centre régional Agryhmet au Niger et de l’université du Ghana. Ces coopérations régionales multiples et ces échanges permanents représentent de véritables passerelles que l’Union européenne souhaite continuer à accompagner et à renforcer.

L’Europe, en effet, se donne les moyens d’être une partenaire privilégiée, pour ouvrir la voie de la transition écologique et d’un modèle de développement durable et inclusif. Avec le Pacte vert qui donne à l’Europe l’ambition d’être le premier continent neutre en carbone à l’horizon 2050, nous faisons résolument le choix de la transition énergétique et d’une économie décarbonée, de l’économie circulaire, de la biodiversité et d’une agriculture durable’’, a confié la cheffe de la Délégation de l’Union européenne au Sénégal. Elle renseigne qu’avec le Global Gateway lancé lors du Sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine, et qui mobilisera 150 milliards d’euros pour l’Afrique subsaharienne entre 2021 et 2027, la Team Europe est plus que jamais aux côtés des pays côtiers pour cette alliance et ce partenariat vert gagnant-gagnant. En mettant l’accent sur les infrastructures résilientes face au climat, sur la connectivité, sur la jeunesse et sur l’emploi, le Global Gateway permettra d’aborder ce virage et ces transitions vers plus de durabilité et d’inclusivité.

‘’En Afrique de l’Ouest, les programmes européens Papbio et Papfor feront l’objet d’une attention particulière lors de cette rencontre. Nous préparons la suite avec un montant d’environ 60 millions d’euros pour les zones côtières et de 85 millions d’euros pour la biodiversité en milieu terrestre en Afrique de l’Ouest. Les zones côtières et les aires protégées sont des espaces fragiles et menacés sur lesquels nous devons concentrer nos efforts. À la pression anthropique, viennent s’ajouter des facteurs tels que le changement climatique, l’érosion côtière et la désertification. Autant de menaces qui mettent en péril les moyens de subsistance de plusieurs centaines de millions de personnes. Le contexte géopolitique est aujourd’hui bouleversé par la guerre russe en Ukraine, qui menace l’ordre international et la sécurité alimentaire en Afrique. Les questions d’autonomie et de résilience, notamment dans le domaine agricole, se posent avec la plus grande urgence. Et avec elles, l’urgence de maintenir le cap sur l’agenda environnemental, indissociable de ces enjeux. Une action coordonnée est donc plus que jamais fondamentale, afin de mobiliser les financements nécessaires, aussi bien publics que privés, et d’établir le cadre institutionnel et réglementaire encourageant les bonnes pratiques et limitant les pressions sur les écosystèmes’’, déclare Irène Mingasson.

CHEIKH THIAM

 

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