Les grands défis d’Abdou Khadre Ndiaye
Créé depuis près de cinq mois et mis en place récemment, le Centre national de la Fonction publique locale a pour principales missions la gestion des effectifs, des emplois et des carrières au niveau national, dans le sens d'un encadrement et dans le respect du principe de libre administration des collectivités territoriales, mais également celui de renforcer les capacités des acteurs de la décentralisation en général.
Les collectivités territoriales du Sénégal sont des démembrements de l’État. Cependant, elles jouissent d’une certaine autonomie qui leur offre un caractère hybride dans la gestion de leurs personnels et des agents administratifs qui y officient. Cette situation rend complexe la prise en charge efficiente des préoccupations des agents de la Fonction publique locale, désormais sous la tutelle du jeune Centre national de la Fonction publique locale (CNFPL). Dans le cadre d’un atelier de planification de sa stratégie nationale, le directeur général du CNFPL a identifié plusieurs challenges auxquels l’institution qu’il dirige devra s’attaquer pour réussir sa mission.
Selon Abdou Khadre Ndiaye, ‘’le premier défi, c'est la mise en place effective de cette réforme, parce que l'une des réunions du Conseil supérieur de la Fonction publique locale avait recommandé la mise en place diligente d'une structure chargée de mettre en œuvre la Fonction publique locale à la différence de la Fonction publique d'État où il y a un seul employeur et tous les autres ministères sont des ministères utilisateurs’’.
En effet, il constate qu’au niveau de la Fonction publique locale, il existe 603 employeurs, c'est-à-dire autant d'exécutifs locaux que d'employeurs, au sens du droit du travail.
Dans ce cadre, il comprend que les collectivités sont des démembrements de l'État certes, mais ce sont des démembrements qui ont une autonomie consacrée par le principe de libre administration des collectivités. Ce qui est un charme et une avancée démocratique. ‘’Maintenant, cette avancée démocratique ne doit pas être une porte ouverte à des disparités ou à la non-observation de certains nombres de règles et de principes, de standards et de bonnes pratiques’’, indique Abdou Khadre Ndiaye. Avant de préciser : ‘’La loi 2011 revient sur le principe de parité. Cela veut dire que si, aujourd'hui, nous voulons que nos collectivités soient attractives, d'un point de vue des ressources humaines, il faut que la question des statuts, qui est garantie, organisée pour le fonctionnaire de l'État central, soit le même, puisqu'on est dans un seul État. Il n'y a pas de raison pour qu'il y ait des disparités au niveau des collectivités territoriales. Cela suppose que nous puissions aussi avoir des conditions d'accès à cette Fonction publique locale, des conditions équitables et justes pour tout le monde, qui puissent garantir la qualité aussi de la ressource humaine, en dehors de sa dimension quantitative’’.
Dans la même veine, il estime que l’objectif du centre est de pouvoir s’organiser et se positionner dans un rôle de régulation, d'organisation et d'encadrement, compte tenu du principe cardinal de respect de la libre administration des collectivités. D’ailleurs, ajoute-t-il, ‘’cette libre administration doit être encadrée de façon juste et équitable pour l'ensemble des exécutifs locaux du Sénégal. Il y a tout un travail qui a été élaboré et le centre est chargé de mettre en œuvre et de suivre tout ce dispositif’’.
‘’Il nous faut une vraie administration territoriale’’
De ce point de vue, estime-t-il, il faudrait garantir certains principes égalitaires pour garantir l’équité sociale dans la Fonction publique. ‘’Nous devons aligner sur les mêmes grilles salariales l'ensemble des agents éligibles à la Fonction publique locale et les agents de l'État. C'est ce qui permettrait de garantir la parité. Et le deuxième principe, c’est la mobilité. Cela veut dire que vous avez des secrétaires municipaux qui sont agents de l'État. Comment leur garantir la mobilité qui leur permettra de conserver les avantages, les statuts et le grade ?’’, s’interroge-t-il.
Ainsi, le DG du CNFPL lance : ‘’Il nous faut un état des lieux assez clair de la situation des personnels et nous allons vers un audit social, avec l'accompagnement des autorités, pour avoir des ‘job-description’ dans chaque commune, conformément aux organigrammes types et éventuellement accompagner ça par des mesures sociales.’’
Dans la foulée, Abdou Khadre Ndiaye a exprimé sa volonté d’avoir une Fonction publique locale assainie, réglementée et normalisée. Le centre sera chargé, par délégation du ministre chargé des Collectivités territoriales, de préparer l'ensemble de ces avis de vacances de poste qui devront être déclarés par les différentes collectivités, ensuite préparer l'organisation de ces concours pour que désormais, au niveau des collectivités, qu'on n’arrive plus à des situations où l’on penserait qu'un exécutif local qui vient à la tête d'une collectivité puisse remettre en cause les bases structurantes de l'administration. Il nous faut une vraie administration territoriale’’, dit-il.
Ainsi, il ambitionne de dérouler un plan spécial de formation pour arriver à faire une mise à niveau qui permettrait cette démocratie rapprochée qu’est la décentralisation. ‘’La finalité d'une collectivité territoriale, c'est de rendre service aux populations’’, termine-t-il.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)