Les ambitions du président de l'UA
En marge de la vingt-septième Conférence sur le climat (COP 27) qui se tient à Charm el-Cheikh en Egypte, le Chef de l'Etat sénégalais, Macky Sall, s'est entretenu avec plusieurs dirigeants sur des sujets divers comme l'environnement et l'agriculture. Le président en exercice de l'Union africaine est revenu sur le projet de la Grande Muraille Verte, l’exploitation des hydrocarbures et plusieurs autres initiatives qui engagent l'Afrique.
À Charm el-Cheikh, en Égypte, le chef de l'État Macky Sall a profité, hier, d’un panel sur les forêts et le climat, pour aborder certaines questions environnementales, notamment la reforestation de la bande sahélo-saharienne. En sa qualité de président de l'Union africaine (UA), il a rappelé l'engagement de l'Afrique à sauver la planète du dérèglement climatique, à travers la Grande muraille verte (GMV).
En effet, ce projet regroupe onze pays africains appartenant à la zone sahélo-saharienne (au sud du Sahara). Son plan d’investissement prioritaire décennal (2021-2030) s’élève à 17,8 milliards de dollars.
Selon le président sénégalais, d'importants projets sont en place pour le climat. "À propos de l'Accord de Paris sur le climat, l'Afrique y est engagée avec la Grande muraille verte. Cette dernière comporte des activités comme la restauration des terres, les reboisements, la création d'activités agro-sylvo-pastorales'', a déclaré Macky Sall.
En présence d'autres dirigeants du monde, le président de l'UA est revenu sur plusieurs sujets ayant trait à l'environnement. Il a, ainsi, fait part d'une initiative conjointe avec Pedro Sanchez, Président du gouvernement espagnol. "Je me réjouis de porter avec le président Pedro Sanchez cette initiative sur l’Alliance pour la résilience à la sécheresse que nous lançons conjointement à l’occasion de la Cop 27'', a confié le chef de l’État. Avant de se féliciter des relations entre les deux pays : ''En portant avec l’Espagne ce projet, le Sénégal veut à la fois magnifier ses excellentes relations avec un pays ami et montrer que sur un sujet de préoccupation majeure et transfrontalière, il est possible de travailler ensemble au-delà du clivage pays développés-pays en développement.''
Feux de brousse
D'après le président en exercice de l'Union africaine, il urge d'intervenir pour prévenir les catastrophes comme les feux de brousse. "À travers les températures caniculaires extrêmes, on note la désertification, les feux de brousse et autres phénomènes occasionnant des pertes de biodiversité. Nous voyons bien que la sécheresse n’est pas qu’une affaire du Nord ou du Sud. Aucun pays n’est épargné", a fait remarquer le président Macky Sall.
Puis, citant le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), il a fait savoir qu'en Afrique, 700 millions de personnes risquent d'être déplacées d’ici 2030, à cause de la sécheresse. Sans compter les indications montrant que des pays développés ont été récemment frappés par des formes de sécheresse pas vues depuis 800, voire 1 200 ans.
Sur la question relative à l’Alliance pour la résilience à la sécheresse, le président Macky Sall a fait part de ses principales ambitions afin d'accomplir ses nombreuses missions. Selon, lui, deux points d'importance majeure sont à noter. Pour le premier, il s'agit de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays touchés par la sécheresse et la désertification, en particulier en Afrique. C'est ainsi qu'il déclare : "Il est important, pour nous, que cet instrument ne soit pas le laisser pour compte des conventions de la génération de Rio 92. Je salue les efforts que le secrétaire exécutif de la convention déploie dans ce sens.''
Le deuxième point consiste à promouvoir une transition énergétique pour les besoins particuliers de l'Afrique. ''L’exploitation du gaz, que certains veulent arrêter au motif de lutter contre le réchauffement climatique est, pour nous, un facteur de résilience, lorsqu’elle se substitue à la coupe de bois ou au charbon de bois pour la cuisson ou d’autres usages. Il nous faut donc travailler ensemble dans un esprit d’ouverture prenant en compte la diversité des situations pour réaliser nos objectifs communs'', a laissé entendre le chef de l'État sénégalais.
Sur la même lancée, il a précisé que l'objectif de l'alliance est aussi de sonner l’alerte au plus haut niveau, de sensibiliser, de porter le plaidoyer, d'encourager le transfert de technologies, de partager le savoir, le savoir-faire et des pratiques comme l’utilisation économe de l’eau.
L'agriculture pour la souveraineté alimentaire
Lors de cette 27e Conférence de Charm el-Cheikh sur le climat, les dirigeants ont aussi évoqué le sujet de l'agriculture dans le continent africain. Pour sa part, le président de l'Union africaine a mis l'accent sur les capacités de production des terres. Macky Sall avance : "L’enjeu, ici, c’est comment faire pour valoriser le potentiel de l’Afrique en ressources hydriques et terres arables en ayant recours aux technologies, aux savoir-faire et intrants agricoles adaptés au changement climatique.''
À l'en croire, les travaux du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale ont permis de mettre au point des semences de céréales adaptées à l’écosystème de plusieurs pays africains, y compris dans la zone sahélo-saharienne.
De plus, il a rappelé que la question de l'agriculture pour la souveraineté alimentaire sera débattue à la deuxième conférence de Dakar Feed Africa qui sera coorganisée par le Sénégal et la Banque africaine de développement (Bad), du 25 au 27 janvier 2023.
El hadji Fodé Sarr