‘’J’avais les moyens de conquérir le pouvoir par la violence, mais…’’
Loin des polémiques et autres luttes qui mobilisent une partie de l’opposition, Abdoulaye Wade et ses hommes vantent la philosophie de la paix du Parti démocratique sénégalais et réitèrent leur position de ne pas cheminer ensemble avec n’importe qui.
Le président de la République est loin de dire son dernier mot sur la situation politique du Sénégal et les défis de sa formation politique le Parti démocratique sénégalais (PDS).
À en croire l’ancien président de la République, ceux qui comparent le PDS avec les autres partis de l’opposition ont tort sur toute la ligne. Fièrement, devant des militants de son parti chargés la supervision de la révision des listes électorales, il déclare : ‘’Il y a beaucoup de partis d’opposition certes, mais il n’y en a pas un seul qui ressemble au PDS. Le PDS est unique. Un chercheur européen m’a dit un jour : ‘En tant que chercheur, j’ai entendu quelque chose du PDS qui entre dans le cadre de mon projet d’écriture et j’étais en train de le vérifier.’ Il m’a dit : ‘Est-ce bien vous qui aviez dit que vous ne marcheriez jamais sur des cadavres pour aller au palais ?’ Je lui ai répondu que c’est bien moi qui l’ai dit…’’
À l’époque, souligne le ‘’Pape du Sopi’’ avec beaucoup de conviction, il avait bien les moyens de le faire. ‘’Si j’avais demandé aux populations de m’emmener au palais, elles allaient répondre massivement. Je pouvais remplir les rues d’ici jusqu’au palais. Mais ce n’est pas notre conception. Puisque nous avons les moyens d’accéder au pouvoir de manière démocratique, on n’avait donc pas besoin d’user de la violence pour atteindre notre objectif, au moyen de la violence’’.
Très en verve, Abdoulaye Wade, qui n’a pas manqué d’encourager et de galvaniser ses militants, est largement revenu sur le socle sur lequel le PDS a été bâti. ‘’Notre objectif, c’est que chaque militant soit un vrai citoyen. Ce qui consolide la démocratie dans un pays, c’est que les citoyens comprennent ce qu’ils sont en train de faire… Le PDS est dans cette dynamique’’, a-t-il insisté non sans rappeler quelques anecdotes datant du temps de son adversité avec le président Léopold Sédar Senghor.
‘’A l’époque, se souvient Wade nostalgique, le sourire toujours en coin, j’avais l’habitude de dire que je connaissais Senghor mieux que ses propres partisans. Parce que ces derniers ne sont pas passés par des écoles ; ils n’ont pas appris la politique. Tout ce qu’ils savaient, c’est de crier ‘Oui Senghor, oui Senghor… !’’’.
Sur la question des alliances, il est resté très évasif dans la vidéo vue par ‘’EnQuête’’. Pour lui, le PDS est certes pour les alliances, mais pas à n’importe quel prix. ‘’Oui aux alliances. Mais alliance avec qui ? Et pourquoi ? Il y a beaucoup de partis qui veulent être avec le PDS, mais cela a des conditions…’’
Même s’il ne l’a pas cité, certains ont pensé à Aminata Touré et soutiennent que Wade est intransigeant sur cette question.
Le PDS est unique !
Loin des polémiques, le Parti démocratique sénégalais continue de mettre en place ses structures et d’aller sur le terrain à la pêche de nouveaux électeurs.
À cet effet, ils ont lancé la campagne ‘’1 militant, 1 sympathisant, 10 électeurs’’. ‘’Ceux qui ont en charge les secteurs, souligne le président du Conseil départemental de Diourbel, Khadim Guèye, doivent aller sur le terrain, chercher ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales, les accompagner pour aller s’inscrire au niveau des commissions’’.
Par ailleurs, depuis sa résidence sur la corniche, Abdoulaye Wade, en l’absence de son fils Karim Wade, s’emploie à pêcher également de grands électeurs. Ces derniers sont non seulement dans l’opposition, mais aussi dans les arcanes du pouvoir. ‘’Ils sont nombreux à manifester leur souhait de soutenir la candidature de Karim Wade en 2024. Parmi eux, il y en a qui nous avaient quittés et qui vont revenir. Nous, c’est vraiment ça ce qui nous intéresse. Pas les débats qui nous font perdre du temps’’, confie cette source proche du PDS.
Relativement aux questions d’actualité, la position du PDS est de rester sur les principes qu’il a toujours défendus, tout en s’opposant de la manière la plus ferme au régime. ‘’Ce qui est sûr, c’est que vous n’allez pas faire la Var pour le PDS, ni aujourd’hui ni demain. C’est cela notre souci majeur. C’est pourquoi nous nous efforçons de rester constants. Voilà la position du PDS. Voilà ce que le président Wade nous a enseigné. Ce n’est pas facile, dans un contexte comme le nôtre, mais on essaiera de rester sur cette ligne de conduite’’, s’est-il défendu.
MOR AMAR