Pour une utilisation judicieuse de ces flux
L'Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF), en collaboration avec le Fonds d'équipement des Nations Unies (UNCDF), a organisé un atelier technique sur les transferts d'argent des migrants sénégalais. L'objectif de cet atelier était d'aboutir à des conclusions pouvant accroître la portée des transferts de fonds et améliorer la résilience financière des migrants et de leurs familles.
L'apport financier des migrants sénégalais n'est plus à démontrer. Les statistiques disponibles renseignent que les transferts d'argent vers le Sénégal atteignent en moyenne 2 milliards de francs CFA par jour. Ces flux de capitaux constituent de véritables bouées de sauvetage pour les familles, mais cela s'arrête souvent là.
"Il est urgent d'apporter des actions correctives à travers le renforcement et des capacités des migrants et de leurs familles sur la connaissance et l'utilisation judicieuse des flux générés par les envois. C'est en ce sens que l'éducation financière constitue, pour ces segments sus-évoqués, un défi important à relever afin de mieux encadrer l'orientation et la destination de ces flux financiers vers des domaines avec un meilleur impact socioéconomique", déclare le secrétaire exécutif de l'Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF).
Selon Habib Ndao, nous devons essayer d'aller au-delà de la consommation quotidienne de tous ces flux de capitaux. ‘’La diaspora doit aussi être dans une logique d'investissements pour venir impacter l'économie nationale d'une manière générale. Mais pour atteindre cet idéal, il nous faut des mécanismes forts, des garanties pour installer un climat de confiance, afin que le ressortissant sénégalais puisse s'engager de la manière la plus sûre possible. Dans l'assemblée, quelqu’un a émis l'idée d'une banque des émigrés. C'est ce genre d'idées assez innovantes qu'il faut nécessairement développer, car les capitaux sont là, mais parfois le circuit est inexistant ou reste informel".
En gros, l'objectif de cet atelier était de soutenir l'écosystème sénégalais afin d'accroître la portée des transferts de fonds numériques au Sénégal et d'améliorer la résilience financière des migrants et de leurs familles. Car, selon M. Ndao, 1 600 milliards F CFA ont été injectés dans l'économie nationale, rien qu'en 2021.
Lors de cet atelier, les participants n'ont pas manqué de fustiger le "marché noir" des transferts de capitaux. Ils ont invité les usagers à aller davantage vers les circuits dits "formels" pour plus de "sécurité" et à des coûts "accessibles".
L'autre défi majeur, selon le représentant du directeur général du Secteur financier, Leyti Pierre Ndiaye, est de s’appuyer sur les ‘’mutations avancées dans le domaine numérique, afin que le mobile money puisse permettre d'accroître de façon considérable l'utilisation des transferts de fonds des migrants, en raison de la plus grande flexibilité et commodité qu'il offre aux usagers".
Toujours est-il que les acteurs n'ont qu'un seul et unique objectif : capitaliser toute cette manne financière émanant au quotidien de la diaspora sénégalaise. Mais des défis relatifs, notamment aux mécanismes d'accompagnement doivent encore être relevés.
Mamadou Diop