Partis alliés (PS, LD et AFP) vers plus de marginalisation et de vassalisation
La non-candidature de Macky Sall semble avoir acté la marginalisation des alliés du PS, de l’AFP et de la LD. Ces partis semblent être considérés comme des faire-valoir pour l’APR qui entend assurer sa primauté au sein de la coalition présidentielle. Dans le choix du prochain candidat de Benno, les partis alliés ont décidé de confier leurs prérogatives renforçant un peu plus la vassalité de ces formations au profit de l’APR.
L’évolution de Benno Bokk Yaakaar (BBY) a fini par transformer les partis alliés en vassaux au service de la seule constante de la coalition, l’Alliance pour la République (APR). La non-candidature de Macky Sall semble avoir pris au dépourvu les partis alliés comme le PS, l’AFP, la LD ou le PIT. Malgré la multiplication des réunions des différents partis concernant leur position à tenir par rapport à une probable candidature au sein de la coalition, les partis alliés semblent être réduits à de simples faire-valoir.
Lors de la dernière réunion de la direction du parti, carte blanche a été donnée à Aminata Mbengue Ndiaye, secrétaire générale du PS, pour discuter de cette question avec Macky Sall concernant le choix du prochain candidat de Benno à la Présidentielle de 2024. Cette option semble condamner une possible candidature socialiste. Même si des cadres socialistes comme Alioune Ndoye et Serigne Mbaye Thiam affichent déjà leur volonté de briguer la magistrature suprême.
Du côté de l’Alliance des forces de progrès (AFP), toujours sous la coupe du patriarche Moustapha Niasse, on semble avoir adopté la même attitude. Son porte-parole a aussi donné carte blanche au président Macky Sall pour le choix du candidat qui portera les couleurs de la mouvance présidentielle en 2024.
Même son de cloche pour la Ligue démocratique (LD). À l’issue de la réunion du Secrétariat permanent le 9 juillet dernier, les responsables du parti ont appelé à des concertations inclusives au sein de Benno Bokk Yaakaar pour désigner un candidat consensuel capable de conduire à une victoire massive en février 2024.
Le choix de cheminer à côté de l’APR a finalement érodé la base militante des partis alliés qui, depuis 2012, ont renoncé à la conquête démocratique du pouvoir et au renouvellement de leurs élites. Cette option politique a entraîné de nombreuses dissensions au sein de ces partis. Ainsi, entre scissions (Taxawu Sénégal, Osez l’avenir) pour le PS, exclusion de cadres à l’AFP (Malick Guèye, Mamadou Goumbala, Malick Gakou) et dissensions au sein de la LD (LD/Debout et LD originel), les membres de la majorité élargie (PLD/Suxali Sénégal, UCS, Osez l’avenir) semblent aussi être marginalisés dans cette prise de décision sur la candidature de Benno.
Les partis alliés ont souvent fait état de leurs frustrations et récriminations envers l’APR, lors des investitures et dans la nomination des postes politico-administratifs.
Des partis alliés ‘’en futur arbitre’’ des guerres de clans au sein de l’APR
La perspective d’une implosion de Benno suscite la crainte chez Macky Sall qui redoute une multiplication des candidatures au sein de la majorité présidentielle. Idrissa Seck, Arouna Coumba Ndoffène Diouf et l’ancien ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr sont aussi dans l’expectative, concernant cette campagne présidentielle. De potentielles candidatures au sein de l’APR pourraient surgir à côté du choix officiel du président. Ces probables candidats issus de la majorité pourraient tenter de séduire les partis alliés de Benno.
De ce fait, la question du prochain candidat de BBY devrait revenir aux membres de l’APR. Des profils plus technocratiques auraient l’avantage de plaire à certaines parties de Benno, notamment aux partis alliés désireux de contester la suprématie ‘’aperiste’’.
Pour l’APR, toute dissension au sein de la coalition risque d’entraver un peu plus les chances du camp présidentiel de succéder à Macky Sall en février prochain. Sur ce, la question du dauphinat qui est laissé à l’unique appréciation de Macky Sall pourrait renforcer la primauté de l’APR au sein de la coalition. Son choix, qui doit se faire à son retour de visite officielle en Ouganda et au Rwanda, mercredi prochain, pourrait toutefois engendrer des fractures au sein de la coalition. Le syndrome du ‘’canard boiteux’’ (NDLR : Un président en fin de mandat) pourrait inciter plusieurs cadres ‘’apéristes’’ et même au sein des alliés à tenter d’outrepasser le choix de Macky Sall.
Le choc des ambitions en vue de la Présidentielle est susceptible de relancer la guerre des ‘’clans’’ au sein de l’APR. Les partisans de l’unité du parti doivent affronter une certaine frange de l’APR pressée de tourner la page Macky Sall à l’orée de février 2024. De ce fait, les partis alliés pourraient jouer les arbitres dans la question de la succession de Macky Sall qui, à terme, risque de faire imploser l’APR.
AMADOU FALL