Publié le 18 Oct 2023 - 21:27
PASSATION DE SERVICE DOUDOU KA - OULIMATA SARR

Les chantiers de l’économie

 

Hier, la ministre sortante de l'Économie, du Plan et de la Coopération, Oulimata Sarr, a transmis le flambeau à son successeur Doudou Ka. Celui-ci considère qu'il est crucial d'insuffler une nouvelle impulsion économique. Son programme d'impulsion vise à accélérer les investissements massifs tout en réduisant progressivement l'engagement du budget national. L'ancien ministre des Transports aériens et du Développement des infrastructures aéroportuaires a énuméré ses grandes ambitions.

 

Le nouveau ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Doudou Ka, a souligné, hier, l'ampleur de la tâche qui l'attend à seulement six mois de la fin du mandat du gouvernement, lors de la cérémonie de passation de service avec Oulimata Sarr. Il reste convaincu qu'en s'appuyant sur l'héritage laissé par son prédécesseur et en mobilisant l'ensemble des acteurs, il sera possible de donner une nouvelle impulsion et de répondre aux besoins des Sénégalais, en particulier des jeunes et des femmes, et de continuer à progresser vers l'émergence.

En effet, le nouveau ministre considère que sa nomination intervient à un moment crucial, alors que les besoins de la population deviennent de plus en plus urgents. Comme il l'a souligné, les jeunes réclament des emplois sur l'ensemble du territoire national, afin de décourager les départs vers des migrations à haut risque.

De ce fait, les principales priorités de son  mandat seront, dit-il, de ''répondre au défi de la souveraineté économique, impulser une dynamique de croissance créatrice d’emplois décents avec une meilleure implication du secteur privé, de promouvoir l’insertion et l’employabilité des jeunes, lutter contre la vie chère et améliorer le pouvoir d’achat des populations, répondre à toute urgence économique ou sociale, de  finaliser les projets prioritaires du chef de l’État, préparer  la sortie sans heurts de notre pays de la catégorie PMA.

''Cet horizon tracé sera, pendant ces six mois, la boussole du département. Pour réussir ce grand défi, le PAP3 sera notre référence'', indique le ministre qui s'est réjoui de constater que le 3e Plan d'actions prioritaires (PAP3) a été finalisé, notamment dans cette ère de l’exploitation du pétrole et du gaz.

Un programme de stimulation de la croissance à court terme afin de soutenir le PAP3

En effet, pour l'ancien ministre des Transports aériens, il est fondamental d’avoir une nouvelle impulsion économique. Son objectif est de produire un effet d’onde de choc, afin de mobiliser les catégories d’acteurs, notamment les partenaires techniques et financiers, le secteur privé, les collectivités territoriales et le marché financier.

Le département dirigé par Doudou Ka devra mettre en place et superviser un programme de stimulation de la croissance à court terme, afin de soutenir le PAP3. Ce programme vise à accélérer les investissements massifs, tout en réduisant progressivement l'implication financière du gouvernement. Pour y parvenir, M. Ka souligne l'importance de trouver des mécanismes permettant de mobiliser le secteur privé national, notamment en mettant en œuvre la loi sur les partenariats public-privé (PPP), afin d'optimiser la création et le partage de revenus sur le territoire national.

L'amélioration de l'accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises (PME) sera également un objectif clé. Pour l’atteindre, le ministre souligne la nécessité de repenser et de mettre à jour les outils de financement et de soutien (comme le Fongip, le Fonsis, la Der, le 3FPT, l’ADEPME) et de renforcer leurs collaborations, afin de maximiser leur influence sur l'économie du pays.

Ainsi, il est essentiel que les partenaires techniques et financiers continuent de jouer un rôle essentiel dans la mise en œuvre de cette stratégie.

Un programme d’impulsion de la croissance dénommé ‘’PIC’’

De plus, le néo-ministre de l'Économie, du Plan et de la Coopération envisage d'engager des discussions avec les partenaires de l'UEMOA et de la Banque centrale pour examiner les moyens de financer l'économie du Sénégal face à la hausse significative des taux d'intérêt et pour revoir sa politique monétaire. Il s'engage également à simplifier les conditions d'obtention de crédits pour le secteur privé national, dans le but de stimuler les investissements et la création d'emplois.

En ce qui concerne les ressources naturelles sénégalaises, Doudou Ka promet de s'engager à explorer comment en tirer un meilleur profit et à revoir le cadre de gouvernance pour les rendre plus équilibrées et justes. ''Cette volonté permettra de libérer des ressources de niches importantes qui constitueront des ressources budgétaires additionnels pour redistribuer la richesse aux Sénégalais les plus nécessiteux et de soutenir la croissance créatrice d’emplois'', dit-il.

À ses yeux, il s’agira en particulier de promouvoir une ingénierie économique et financière innovante pour renforcer le financement de l'emploi des jeunes, de la demande sociale, et pour stimuler les investissements, tout en limitant l'engagement du budget de l'État.

Par ailleurs, selon le ministre, le secteur privé national devra jouer un rôle central dans l’exécution du PAP3, avec des investissements massifs créateurs d’emplois décents.

Ainsi, Doudou Ka annonce le programme d’impulsion de la croissance dénommé ‘’PIC’’. Il s’adossera au PAP3, en ciblant des secteurs et des chaines de valeur prioritaires pour la croissance et la création d’emplois. Le PIC devra aussi prendre en compte l’équité territoriale, car, souligne M. Ka, il est crucial que les populations locales bénéficient des retombées de la croissance.

''Cette ambition est d’autant plus nécessaire de nos jours que nous sommes confrontés à des défis majeurs, dans le contexte d’une croissance mondiale en berne et des taux d'intérêt en forte hausse. Toutefois, il faut saluer la résilience de notre économie qui devrait afficher un taux de croissance de 4,1 % en 2023, contre une croissance atone dans la plupart des pays. Mieux, notre pays enregistrera une croissance vigoureuse de 9,2 % en 2024, avec l’exploitation du pétrole et du gaz'', salue Doudou Ka.

 Il a aussi un mot pour le chef de l’État, le Premier ministre et ses collaborateurs dans le département du ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération. À ces derniers, il a dit : ''Votre réputation vous a précédés, et je suis conscient que je rejoins un département reconnu pour abriter des talents exceptionnels, voire les éminences de notre Administration. C'est pourquoi je vous engage solennellement à vous mobiliser totalement pour relever ce défi national''.

Doudou Ka a, ensuite, rendu un hommage à Oulimata Sarr. ''Elle a servi, dit-il, avec détermination et dévouement en tant que ministre de l'Économie, du Plan et de la Coopération. La détermination dont elle a fait montre au cours de son magistère, prouve son engagement envers le bien-être de notre nation. Nous tenons à la féliciter sincèrement pour le travail accompli et à lui souhaiter le meilleur pour ses projets futurs''.

Oulimata Sarr, ses réalisations et sa relation avec Macky Sall

Dans sa prise de parole, la ministre sortante a d'emblée remercié le président de la République Macky Sall de lui avoir fait l’honneur de servir son pays. ''Son accompagnement et ses conseils ne m’ont jamais fait défaut. Je lui réitère toute ma reconnaissance pour la confiance placée en ma personne'', a dit Oulimata Sarr. ''Grâce à vous, Monsieur le Président, les femmes savent qu’il n’y a plus de plafond de verre au ministère de l’Économie. J’associe à ces remerciements le Premier ministre Amadou Ba, ainsi que tous mes anciens collègues ministres à qui je souhaite plein succès'', poursuit-elle.

Elle considère que sa mission, au sein du ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, a été ''exaltante''. Oulimata Sarr et son ancienne équipe avaient une feuille de route en 5 points : lever tous les financements des projets de directive présidentielle ; élaborer le PAP3 qui est la déclinaison quinquennale du PSE pour la période 2024-2028 ; procéder au recensement de la population et de l’habitat (après 10 ans) ; lancer le processus de recalcul de nos comptes nationaux de 2014 appelé rebasing, avec une nouvelle année de référence 2021 ; rendre opérationnelle la nouvelle loi PPP de 2021 en impliquant le secteur privé national grâce à la stratégie nationale de développement du secteur privé.

Ensuite, Oulimata Sarr a remis le PAP3 qui est divisé en quatre chapitres. Le premier chapitre porte sur le Bilan du PSE. Le deuxième est axé sur le cadre macroéconomique qui donne une croissance économique avec un taux moyen 7,7 % sur les cinq prochaines années et un déficit budgétaire maitrisé de 3 % du PIB (pour les éléments du PAP3 sont dans le projet de loi de finances 2024 déposé à l’Assemblée le 14 octobre). En troisième lieu, il y a les 22 projets phares et les 13 réformes sectorielles et transversales. Le quatrième chapitre porte sur le volume du PAP en milliards F CFA.

Madame Sarr soutient avoir également changé de paradigme en portant la part du financement du PAP 3 par le secteur privé à plus de 50 %.

 Concernant les partenariats public-privé, l'ancienne ministre soutient qui y a eu des avancées. Il en est de la signature du premier contrat PPP sous l’empire de la loi PPP 2021, notamment le contrat du projet des 15 centres de formation professionnelle dans 15 départements du Sénégal. Cela démontre, selon la désormais ex-ministre de l’efficacité du nouveau cadre des PPP.

Dans le même sillage, il y a aussi eu le lancement de la campagne nationale de vulgarisation ''Tabax Suñu PPP, Nguir Tabax Suñu Reew''. Cette campagne aurait permis de sillonner le pays et de sensibiliser plus de 1 000 acteurs des PPP de l’Administration, des collectivités territoriales, la presse, le milieu universitaire, etc.

BABACAR SY SEYE

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