Des prévisions reluisantes axées sur les hydrocarbures
Si la géopolitique internationale et les tensions sociopolitiques internes étaient à l’origine du ralentissement de l’activité économique sénégalaise en 2023, des perspectives plus favorables sont en vue pour la nouvelle année, selon le document intitulé ‘’Situation économique et financière en 2023 et perspectives 2024’’.
Le Sénégal s’apprête à changer de président de la République, mais également de statut. En 2024, le pays devrait entrer officiellement dans le cercle des pays producteurs de pétrole et de gaz. Les attentes sont fortes quant aux retombées économiques de l’apport des hydrocarbures. Le document intitulé ‘’Situation économique et financière en 2023 et perspectives 2024’’ de la Direction de la Prévision et des Études économiques (DPEE) apporte, en cette fin d’année, quelques précisions sur les agrégats et chiffres à prendre en compte dans ce qui est attendu comme relance de l’activité économique 2024.
Les statisticiens de la Direction générale de la Planification et des Politiques économiques projettent une consolidation du dynamisme de l’activité économique en 2024 ‘’à la faveur des effets attendus de la production de pétrole et de gaz ainsi que des différentes mesures de soutien à l’économie nationale, dans le cadre de la mise en œuvre des projets prioritaires structurants inscrits dans la troisième phase du plan d’actions prioritaires’’.
Des services porteurs de l’économie
Ce regain devrait être porté par la poursuite de l’exécution de la seconde phase du compact MCA-Sénégal qui ambitionne de débloquer le potentiel énergétique du Sénégal.
Mais aussi, ‘’l’économie nationale bénéficierait des retombées positives des projets structurants dans les services, notamment le déploiement de la 5G et la mise en exploitation du Bus Rapid Transit (BRT) et du tronçon du TER sur l’axe Diamniadio - AIBD’’, estime le document produit par la DPEE. Globalement, ajoute-t-il, le taux de croissance du PIB réel est projeté à 9,2 % en 2024, contre une prévision de 4,1 % en 2023.
Quant à l’inflation mesurée par le déflateur du PIB, elle est projetée en baisse et devrait s’établir à 4,1 % en 2024, contre une prévision de 5,5 % en 2023.
Le document précise également qu’au titre de l’année 2024, la mobilisation des ressources devrait bénéficier des retombées de la mise en œuvre de la stratégie de mobilisation des ressources à moyen terme (SRMT) engagées en 2022 et visant à booster la capacité de mobilisation des ressources internes dans un contexte relativement difficile marqué par un niveau encore élevé des prix à la consommation. La gestion budgétaire devrait ressortir avec un déficit projeté à 840,2 milliards F CFA, soit 3,9 % du PIB en 2024.
Un solde global de la balance des paiements positif
En même temps, la situation des échanges avec le reste du monde se traduirait, selon ces prévisions, par un déficit du compte des transactions courantes de 2 431,0 milliards en 2024 (11,3 % du PIB). Cependant, le compte de capital se renforcerait de 23,6 milliards en s’établissant à 265,1 milliards F CFA en 2024.
Par ailleurs, le solde du compte financier se replierait de 213,1 milliards F CFA.
En définitive, le solde global de la balance des paiements devrait afficher un excédent de 79,8 milliards F CFA en 2024.
Les économistes tablent également sur une situation monétaire marquée, en 2024, par une hausse des avoirs extérieurs nets de 80,0 milliards F CFA, une progression des créances intérieures de 13,9 % (1 410,7 milliards F CFA) et une expansion de la masse monétaire de 14,9 %.
L’année 2024 s’annonce comme celle de la relance économique. C’est parce que l’activité économique interne en 2023 a été marquée par des tensions géopolitiques, notamment la crise entre la Russie et l’Ukraine et les conditions sécuritaires qui sévissent dans la sous-région. Elle a été aussi affectée par les tensions sociales qui ont poussé les autorités à prendre des mesures restrictives qui se sont traduites par un ralentissement des services.
À la fin de l’année, l’activité économique est attendue en hausse de 4,1 %, contre 4,2 % en 2022, suite à la décélération des services, alors que les secteurs primaire et secondaire enregistreraient des taux de croissance respectifs de 5,7 % et 2,8 %.
Une inflation en baisse par rapport à 2022
Bien que les prix soient restés hauts, l’inflation annuelle a été mesurée à 5,5 %, contre 8,4 % un an plus tôt, en liaison essentiellement avec le secteur primaire (+10,3 %). Cette hausse reflète le renchérissement des intrants de production.
En effet, sur les neuf premiers mois de 2023, informe la DPEE, l’inflation mesurée par l’Indice national harmonisé des prix à la consommation (INHPC) est ressortie à 8,6 %, en liaison avec les prix des ‘’produits alimentaires’’ (+9,6 %).
Alors qu’un budget projeté à 7 003 milliards F CFA vient d’être voté, la gestion budgétaire de l’année écoulée est marquée par la poursuite de la relance économique, avec le renforcement des investissements dans le sous-secteur agricole et des infrastructures. La mobilisation des ressources estimée en hausse de 14,7 % serait tirée notamment par les impôts directs, tandis que les dépenses devraient, en gros, s’accroître de 7,6 %.
Dans l’ensemble, le déficit budgétaire, dons compris, est projeté à 919,7 milliards F CFA, soit 4,8 % du PIB à fin 2023.
Pour ce qui est des échanges avec le reste du monde, ils devraient se traduire par une atténuation du déficit du compte courant, passant de 3 441,8 milliards F CFA (19,9% du PIB) en 2022 à 2 855,8 milliards F CFA (15,1% du PIB) en 2023. Quant au compte financier, une baisse de l’excédent de 784,4 milliards F CFA serait notée.
Par conséquent, concluent les spécialistes, le déficit du solde global de la balance des paiements passerait de 62,2 milliards à 155,5 milliards F CFA, entre 2022 et 2023.
Quant à la situation monétaire, elle devrait être marquée, en 2023, par un repli des avoirs extérieurs nets (-155,5 milliards F CFA), une progression des créances intérieures (+1 223,4 milliards F CFA) et une hausse de la masse monétaire (+11,9 %).
Lamine DIOUF