"Nos dirigeants n'ont pas confiance en nous"
Deux mois après sa participation aux Jeux Olympiques, l'internationale sénégalaise en -57kg, Hortance Diedhiou a accepté de faire le bilan de ses Jeux à Starafrica. Entretien.
Hortance, deux mois après, quel bilan tirez-vous de ces Jeux ?
Même deux mois après, c'est toujours une déception. Les Jeux représentent de longues années de travail, et malheureusement, une fois sur le tatami à Londres je n'ai pas réussi à atteindre les objectifs que je m'étais fixé. Cependant, même si le résultat espéré n'a pas été atteint, cela reste un moment important dans une carrière.
Qu'est-ce qui a bloqué selon vous ?
Le manque de soutien du coach m'a fait défaut le Jour J. Le coach est très important dans le judo, on en a énormément besoin, il est plus lucide, il voit mieux les choses que nous. C'est l'entraîneur qui évite que le combattant fasse des erreurs. Mais à Londres, Filzsmozer n'était pas plus forte que moi, c'est une erreur qui m'a conduit à la défaite de ma vie. Certains officiels ont parlé des difficultés durant la préparation des athlètes sénégalais, qu'en pensez-vous ? C'est vrai qu'on a connu quelques soucis dans la préparation, mais c'est comme ça dans de nombreux pays africains malheureusement. Les gens n'ont pas confiance en leurs athlètes, c'est malheureux pour l'Afrique. C'est une nécessité de croire en nous, il faut que des moyens soit mis en place pour que l'on puisse ramener des médailles. Les athlètes africains ont le potentiel et l'envie nécessaires pour ramener une médaille, mais le suivi n'est pas à la hauteur, car nos dirigeants n'ont pas confiance en nos capacités.
Quelles émotions ont dégagé votre rôle de porte-drapeau de la délégation sénégalaise ?
C'est un plaisir d'être porte-drapeau. C'est un honneur que d'être élu parmi une trentaine d'athlètes, puis de recevoir le drapeau des mains du Président. C'est une émotion forte qui marque à vie.
Quel regard portez-vous sur les performances du judo africain lors de ces Jeux ?
Le judo africain n'a ramené aucune médaille de Londres, c'est dommage. J'y vois deux explications. La première réside dans les difficultés diplomatiques connues par de nombreux états africains. Ce la perturbe la préparation, avec des compétitions annulées, ou déplacées. En 2008, on a été très bien représente par l’Égypte et l'Algérie, mais cette année ça n'a pas fonctionné, dans un meilleur climat peut être que ça serait passé. Le deuxième raison réside dans le manque de confiance et de moyens accordés aux pays africains. Il faut absolument ouvrir le judo à l'Afrique pour que l'on puisse récolter des médailles. Si on nous laisse notre chance, tout en croyant en nous cela marchera. Malheureusement, actuellement il y a des préjugés sur les judokas africains lorsqu'ils montent sur le tatami, pour certain, c'est uniquement pour perdre, on ne nous donne aucune chance de médaille : ce n'est pas l'esprit du judo.
Allez-vous repartir sur une quatrième olympiade, avec Rio 2016 en ligne de mire ?
Oui, je vais reprendre le travail en visant Rio 2016. Je veux me redonner une chance après cet échec de Londres. Je veux faire mieux, et montrer ce dont je suis vraiment capable.
Starafrica