Ils n’ont même pas épargné les hémodialysés !
Les rapports récemment rendus publics par l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) n’ont pas fini pas de démasquer les aigrefins de la république. Le rapport d’activités de l’année 2023 a mis en lumière des pratiques mafieuses dans la gestion des Kits de dialyse destinés aux patients souffrant d’insuffisance rénale. Après audition des principaux responsables du ministère de la santé et du secteur privé co-contractant du marché des Kits de dialyse, les services de Serigne Bassirou Gueye ont révélé des faits supposés de corruption, d’escroquerie, d’abus de confiance et de violation d’une convention état-privé dans le cadre de la prise en charge de la maladie rénale chronique.
En janvier 2020, le porte-parole du mouvement des Insuffisants rénaux du Sénégal, Hamidou Diallo alertait les difficiles conditions de vie et la mauvaise prise en charge médico-sanitaire des malades insuffisants rénaux dues à la rupture des kits d’hémodialyse. A l’origine, un système complexe de corruption passive et escroquerie portant sur les deniers publics coordonnée par l’Administrateur de l’Institut clinique de performance (Icp) et l’assistante-secrétaire. Il dénoçait alors « une surfacturation des kits de dialyse que l’Agence de la Couverture maladie universelle (Acmu) achèterait à quarante mille (40 000) FCFA l’unité au lieu de huit mille (8 000) FCFA ; soit un montant de quatre milliards (4 000 000 000) de F CFA par an dû à une surfacturation » ; plombant ainsi le chronogramme leurs 3 séances normale de dialyse par semaine. Sur la base de la subvention annuelle pour la dialyse était de neuf cent dix millions (910 000 000) FCFA en 2012 et qu’elle est passée à deux milliards sept cent quarante-cinq millions six cent mille (2 745 600 000) FCFA en 2013, l’Etat fournit le kit à tous les centres de dialyse, publics comme privés. En contrepartie, le Privé doit facturer la séance de dialyse à vingt mille (20 000) F Cfa », indique le document. Dans le rapport, Hamidou Diallo relève que «la fraude se situe en premier à ce niveau car les structures privées déclarent aux patients qu’elles n’ont pas reçu de kits de la part de l’Etat, de manière à pouvoir facturer le kit à soixante-cinq mille (65 000) FCFA pour une seule séance ». Pis, « la dialyse y est surfacturée le week-end à 120 000 F Cfa ». Qui plus est, «la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) approvisionne par trimestre les centres, lesquels, ne déclarant pas les cas de décès, revendent le stock restant dans des pays étrangers tels que la Gambie », poursuit la source. « Les contrôleurs de l’Ofnac ont retenu les délits de « corruption passive et escroquerie à l’encontre de l’assistante, secrétaire de ICP (Institut clinique de performance) ; d’escroquerie portant sur les deniers publics à l’encontre de l’Administrateur de ICP ».
Le rapport 2023 renseigne qu’au 31 décembre 2023, 40 rapports d’enquête ont été transmis à plusieurs autorités judiciaires chargées des poursuites. Parmi ces rapports d’enquête, 12 ont été finalisés et devront être examinés par l’Assemblée de l’OFNAC qui peut prendre les décisions suivantes après délibération en ordonnant la transmission du rapport d’enquête à l’autorité judiciaire compétente chargée des poursuites en demandant la transmission, à titre d’information, à la Cour des Comptes si elle relève des faits présumés constitutifs de faute de gestion ou en ordonnant un classement sans suite du rapport d’enquête.
Malamine CISSE