Les réponses d’Abdourahmane Diouf à l’UGB
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Abdourahmane Diouf, a rencontré hier à l’université Gaston Berger (UGB) la Coordination des étudiants de Saint-Louis. Une rencontre qu’il a mise à profit pour se prononcer sur la situation des universités du Sénégal et également pour inviter les uns et les autres à mesurer les urgences du moment pour construire une université nouvelle.
Après plusieurs tours d’horloge de profondes discussions avec les représentants des étudiants de l'UGB, le Dr Abdourahmane Diouf a fait face à la presse pour apporter des réponses aux préoccupations de ces derniers et celles des autres universités du Sénégal. Pour le ministre de l’Enseignement supérieur, les troubles notés dans certaines universités sénégalaises sont dus à un budget non sincère alloué à ces dernières.
‘’Le ministère et tous les acteurs universitaires reconnaissent unanimement que les budgets votés pour les universités ne couvrent pas leurs besoins pour toute l’année. Pratiquement toutes les universités connaissent des gaps de trois mois. A titre d’exemple, les salaires et autres dépenses des universités payées au mois de septembre étaient destinés au mois de décembre. Ce qui montre qu’il faut mesurer les urgences du moment et œuvrer pour une paix sociale dans les campus pour avancer et mieux aborder les problèmes’’, a déclaré le ministre Abdourahmane Diouf.
Revenant sur les crises dans certaines universités ponctuées de grèves des étudiants, le ministre a regretté les violences et les dégâts dans les campus. Pour lui, les étudiants manquent de patience dans leurs revendications et doivent privilégier le dialogue. « Pour cette année charnière, en prenant certains engagements pour l’amélioration des conditions de vie et d’études des étudiants, on a eu la lucidité de dire que la rentrée des universités s’étale du mois d’octobre 2024 au mois de mars 2025. C’est pourquoi on ne peut pas dire que le ministère n’a pas respecté ses engagements. Peut-être qu'il y a eu une mauvaise interprétation ou une incompréhension de nos propos, mais je n’ai jamais dit que j’ai 150 milliards F CFA en caisse pour régler les problèmes des universités. Mais plutôt que je cherche à mobiliser cette manne pour solutionner les difficultés et je suis toujours dans cette logique pour que les universités trouvent des solutions. Raison pour laquelle dès mon arrivée, les problèmes des infrastructures ont été catégorisés dans les différentes universités. Une infrastructure ne se réalise pas par un claquement des doigts, mais cela nécessite des moyens financiers. À l’université Assane Seck de Ziguinchor, les infrastructures (amphis, salles de cours, bureaux) sont réalisées à 95 % et il ne reste que la connexion de deux postes transformateurs d’une puissance de 400 kVA pour les rendre fonctionnelles. Pour cette même université, le projet des 1 000 lits, les réalisations du centre médical, du château d’eau, de la station d’épuration sont bouclées à 91 % et l’entreprise chargée des travaux sera bientôt sur les lieux pour terminer les travaux avant fin janvier’’, a indiqué M. Diouf.
Avant d’ajouter que c’est la même situation à l’université Iba Der Thiam de Thiès où la livraison de certaines infrastructures est attendue dans deux mois, de même qu’à l’Ucad où des labos sont préréceptionnés et livrés avant fin janvier. D’ailleurs, la livraison des infrastructures universitaires concerne également l'université de Bambey. Rappelant que les documents signés avec les entreprises dans le programme d’urgence des infrastructures universitaires seront respectés parce qu’il y a des problèmes.
Mais concernant les engagements, a-t-il dit, ‘’nous sommes encore dans le temps’’.
109 milliards F CFA distribués pour les bourses
Concernant la situation de paiement des bourses, le ministre de l’Enseignement supérieur a invité les étudiants à être indulgents et compréhensifs, en laissant les services des bourses travailler suivant leurs procédures. ‘’Arrêtez de casser et de vous affronter aux forces de l’ordre pour exprimer vos revendications, surtout pour le paiement des bourses. Pour le total des bourses nationales et internationales, c’est une enveloppe de 109 milliards de francs CFA qu’il faut mobiliser. Et ce n’est pas de l’argent qui est stocké dans un coffre-fort et il obéit à des procédures pour son décaissement. Donc, ce n’est pas de gaieté de cœur que nous assistons à ces troubles dans nos universités. Les étudiants en M1 de l’Ucad commencent à percevoir leurs bourses et ont suspendu leur mot d’ordre après avoir été reçus par le directeur des Bourses. Il faut que les étudiants mettent en avant la discussion et la compréhension. C’est la seule issue pour préserver la paix sociale dans les campus et pouvoir construire une université nouvelle’’, a poursuivi le ministre. Avant de s’attaquer aux manipulateurs qui tentent de discréditer le ministère et la direction des Bourses.
‘’Il y a des gens qui ne savent rien de ce qu’ils disent et qui font le tour des médias pour soutenir partout que nous avons diminué les bourses. Nous disons que c’est faux et que le montant est fixé par décret et que nous n’avons pas les moyens d’y toucher. Toutefois, il existe une disparité énorme qu’il faut penser à corriger à l’avenir. Car pour la manne de 109 milliards de francs distribués, 76 % des bourses sont des bourses entières, 25 % des demi-bourses et 2 % seulement sont réservées aux aides. Ce qui constitue un véritable déséquilibre dans la répartition’’, a souligné le ministre Abdourahmane Diouf.
Le représentant du recteur et le directeur du Crous/UGB, le Dr Babacar Diop ont invité la CESL à réfléchir sur l’appel du ministre pour plus de paix sociale dans le campus. ’’Nous avons vécu des moments très difficiles. Donc, préservons la paix et revendiquons avec intelligence. Si on a des problèmes de budget et qu’on se permet de faire des journées sans tickets, de casser ou de détruire le matériel de travail, naturellement on contribue à accentuer les difficultés’’, a expliqué le Dr Babacar Diop.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS