Publié le 20 Jan 2025 - 16:09
NOTE D’INFORMATION

Sida, un nouveau cas de rémission suscite l'espoir

 

Après l'espoir suscité par la rémission d'une patiente séropositive en France, ‘’EnQuête’’ vous propose cette note d'information réalisée il y a quelques jours avec la secrétaire exécutive du Comité national de lutte contre le sida (CNLS).

 

L'information a été largement relayée dans la presse française, ces derniers jours. Selon les médias qui ont repris une annonce des hôpitaux publics de Marseille, “une patiente, séropositive, est en rémission après une greffe de la moelle osseuse réalisée en 2020”. D'après les médias, c'est la huitième personne à guérir du VIH à la suite d'une telle intervention. “Âgée d’une soixantaine d’années, la patiente de l’hôpital Sainte-Marguerite à Marseille avait été diagnostiquée séropositive en 1999 et avait bénéficié d’une greffe en 2020 pour soigner une leucémie myéloïde aiguë (le cancer du sang et de la moelle osseuse le plus fréquent chez l’adulte)”, informe ‘’Libération’’. Malgré l'enthousiasme suscité pour les perspectives que cela offre à la recherche, cette nouvelle prouesse ne permet pas une généralisation à cause “de la dangerosité et de la lourdeur des traitements”, atténuent la plupart des experts.

‘’EnQuête’’ saisit l'occasion pour publier cette note d'information sur le VIH au Sénégal. Elle a été faite dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale contre le sida. 

Situation au Sénégal

Dans le débat relatif au VIH, il y a une notion qui revient sans cesse. C'est celle de la prévalence. Au-delà du décompte des personnes infectées l'année précédente, expliquait la secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) Dr Safiétou Thiam, il est tenu compte dans la détermination de cette prévalence, des personnes infectées depuis une vingtaine d'années et qui continuent de prendre leurs médicaments. “Ce sont les anciens cas et les nouveaux cas, ensemble, qui déterminent la prévalence. Vous comprendrez que si les décès baissent, la prévalence peut même se stabiliser", disait-elle, non sans préciser que “certaines régions comme Ziguinchor, Kolda et Kédougou ont des prévalences beaucoup plus élevées que la moyenne nationale qui est de 1,5 %”.

Outre ces régions du Sud et du Sud-Est où la prévalence dépasse largement la moyenne nationale, il y a, soulignait Dr Thiam, les poches de vulnérabilité ou des situations de vulnérabilité comme les zones touristiques, les zones où il y a beaucoup d'échanges. “Nous observons un point qui attire notre attention aujourd'hui : nous constatons de plus en plus de cas dans la région de Diourbel. C'est vraiment notre travail d'affiner nos analyses. Nous découvrons ainsi des points de vulnérabilité et des zones à risque", ajoutait la secrétaire exécutive du CNLS. 

Tranche des jeunes de 19 à 24 ans: ça ne diminue pas

L'autre aspect qui est souvent relevé c'est la question de la concentration de la maladie. Bien qu'elle soit relativement faible dans la population générale, il existe des groupes où l'épidémie est plus concentrée et plus élevée. L'analyse par tranche d'âge révèle que les groupes d'âge concernés par les nouvelles infections ne diminuent pas. ‘’Les infections augmentent même dans la tranche des jeunes de 19 à 24 ans”, informait la spécialiste qui relève une diminution des nouvelles infections au niveau de la population générale. Par rapport à l'aspect genre, on note qu'au Sénégal, comme dans beaucoup de pays d'Afrique, les femmes sont plus infectées que les hommes. 

Chez les personnes qui consomment des drogues injectables, la prévalence est de 9 %, soit bien plus que la moyenne nationale de 0,5 %, selon l’ONUSIDA. ‘’Globalement, en raison de la stigmatisation et de la criminalisation, les personnes qui consomment des drogues injectables sont confrontées à un risque 35 fois plus élevé d’infection au VIH que celles qui ne s’en injectent pas’’, a-t-on expliqué dans son site. 

Selon les estimations de Spectrum, au Sénégal en 2022, le nombre de PVVIH (adultes et enfants) est estimé à 45 560 personnes, dont près de 22 380 femmes et 3 605 enfants de moins de 15 ans.  ‘’Les modes de transmission dominant du VIH restent essentiellement la voie sexuelle et la transmission mère enfant. La prévalence globale du VIH est de 0,31 %’’, d'après le rapport d’ONUSIDA.

Dans ce document sur l’évolution de la prévalence du VIH au Sénégal, il est indiqué que dans la population âgée de 15 à 49 ans, la prévalence chez les femmes est de 0,35 % contre 0,26 % chez les hommes et 27,6 chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Ainsi, notre stratégie actuelle repose sur trois piliers. Dans la cohorte des personnes dépistées et mises sous traitement, je peux dire qu'au moins 75 %, 70 % sont des femmes’’, a indiqué Dr Safiétou Thiam. 

Quelles réponses à l'épidémie du VIH? 

Le Plan stratégique national multisectoriel de lutte contre le sida, la tuberculose, les IST et les hépatites a été mis en place. C’est dans ce sens qu’une stratégie de prévention est développée. Il s'agit de miser sur la prévention des nouvelles infections ou même l'élimination des nouvelles infections.

‘’C'est la prévention des nouvelles infections chez les jeunes’’, a souligné Dr Safiétou Thiam. Qui souligne qu’il y a aussi des infections qui proviennent de la transmission mère-enfant du VIH. Ainsi, en plus de la  prévention des nouvelles infections chez les jeunes, les autorités sanitaires entendent  éliminer la transmission mère-enfant. 

Prise en charge 

Revenant sur le bilan de l'accès au dépistage et au traitement, Dr Safiétou Thiam déclare : ‘’Aujourd'hui, 91 % des personnes vivant avec le VIH sont dépistées au Sénégal’’. Sur ces 91 % de personnes dépistées, 93% sont sous traitement ARV. Autrement dit, sur 10 personnes qui vivent avec le VIH au Sénégal, neuf sont déjà dépistées. Suivre un traitement doit permettre de ne pas transmettre la maladie. Selon la spécialiste, les nouvelles infections baissent parce que la transmission baisse. ‘’Nous avons des médicaments qui sont efficaces et nous avons les derniers médicaments qui existent au niveau international’’, soutient-elle. 

En ce qui concerne les enfants, le défi est de pouvoir les dépister et les mettre sous traitement en cas de besoin. ‘’Il y a beaucoup de problèmes sociaux qui font que les enfants ne sont pas amenés, parce que les enfants ne peuvent pas venir eux-mêmes. L'adulte peut venir, mais l'enfant, il faut un adulte pour l'amener. Souvent, ils sont orphelins, ou en tout cas, vivent dans des familles socialement démunies… Donc, il y a beaucoup de facteurs sociaux qui limitent l'accès des enfants au traitement. Il y a aussi un facteur très important qui limite l'accès des enfants au service VIH, c'est la stigmatisation, ou l'auto-stigmatisation’’. 

Cette année, ‘’Suivons le chemin des droits’’ est le thème retenu à travers le monde dans le cadre de la célébration de la Journée du sida. En effet, la lutte contre cette maladie, d’après les spécialistes, pose de nombreuses problématiques, allant du droit à la santé au droit à l'accès aux soins, du droit à un environnement favorable au droit à un monde plus juste et plus équitable. Il s’agit d'attirer l’attention sur ‘’l'importance de travailler à un monde plus juste et qui mettrait fin à la stigmatisation des groupes vulnérables, et pour permettre à tous les enfants qui naissent de recevoir un traitement approprié’’.

Selon le CNLS, ‘’c’est la condition pour atteindre l'objectif de mettre fin au sida en 2030’’. Comme en témoigne le récent plan stratégique national pour une riposte multisectorielle intégrée contre le sida, la tuberculose, les hépatites virales et les IST, 2023-2030. ‘’En effet, la prise en compte de l'équité, des aspects de genre et des droits humains liés à la santé ainsi, que les interventions stratégiques touchant les populations clés constituent une priorité pour le PSNI conformément à la déclaration de politique sur le VIH et sida : mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d'ici 2030’’, a indiqué” le CNLS. 

Financement

La riposte du Sénégal par rapport au VIH dépend en majorité du financement extérieur. Ce financement provient en partie du Fonds mondial ou à l'USAID. Le gouvernement finance une partie des intérêts proviraux, 50 %, selon Dr Safiétou.

Ainsi, elle estime qu'il faut trouver des mécanismes de financement innovants, tout en continuant le partenariat au niveau international. ‘’C'est peut-être même les deux tiers de notre budget (financement du gouvernement). Donc, il faut qu'on trouve les moyens de pérenniser cette riposte au sida. Pour cela, il faut des financements domestiques, il faut un engagement des autorités au plus haut niveau’’, a-t-elle expliqué.

BABACAR SY SEYE

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