«La future opposition de Macky Sall est dans la coalition qui le soutient»
En arbitre, l'analyste politique Mame Less Camara livre une critique sur la coalition présidentielle. Pour ce dernier il sera difficile d'y trouver une réponse plausible et durable tant que Benno Bokk Yaakaar (BBY) garde sa dynamique.
Comment comprenez-vous cette sorte de conformisme au sein de la mouvance présidentielle ?
La taille de l’alliance et la diversité des courants de pensée empêchent BBY d’être une coalition délibérative où l’on discute sur la base de ce qui est leur lien au départ. C’est-à-dire les engagements pris par le président de la République au cours de la campagne (au second tour). L’autre spécificité est que les chefs de parti représentent leur formation plus ou moins dans les postures de ministres d’Etat, de président d’une Institution, etc. Donc, l’alliance se faisant au sommet, elle contrôle les bases. Ce qui donne cette fausse impression d’adhésion totale de l’ensemble des partis alliés, des mouvements de la société civile qui n’engagent pas le débat, même lorsque les engagements sont en train d’être remis en cause, soit par le recrutement de profils qui s’étaient complément compromis avec l’ancien régime, soit par la renonciation progressive de la traque des biens mal acquis. Car, on a l’impression qu’on se contente de discours.
Khalifa Sall a-t-il raison de dire que les partis de la mouvance doivent retourner «chez eux» et laisser Macky Sall travailler ?
L’appréciation de Khalifa Sall est à situer à plusieurs niveaux. Le principe qui est énoncé et qui semble juste, c’est que l’alliance était construite pour faire partir Wade du pouvoir. Une fois cet objectif atteint, chacun doit reprendre sa place comme à la belote. Ce qui permettrait à Macky Sall de gouverner sous l’œil plus ou moins vigilant de l’alliance qui s’arrogerait le droit de réagir, de critiquer, de refuser, à chaque fois que les actes posés par le gouvernement sont contraires aux engagements pris par la coalition. Toutefois, il y a un élément qui pondère ce point de vue. Khalifa Sall est en course pour la succession de Tanor Dieng. Et cette succession doit lui servir de tremplin pour être candidat à la présidentielle de 2017. De plus, il reste encore suspecté, y compris au sein du Parti socialiste, de rapprochement excessif avec Abdoulaye Wade à l’époque.
Peut-on établir une analogie entre la situation au Sénégal et celle du Mali sous ATT ?
Ce sont deux schémas différents. ATT n’avait pas de parti. Ce qui fait qu’il ne pouvait pas envisager d’autre base que celle que lui offraient les partis qui s’agglutinaient autour de son nom. Or, Macky Sall a un parti en gestation et qu’il a besoin de temps pour se renforcer avant de se débarrasser du trop-plein d’alliés. La future opposition de Macky Sall est dans la coalition qui le soutient et l’éclatement risque d’être beaucoup plus spectaculaire.
Propos recueillis par D. Gbaya
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