Entre espoir et engagement

Le chef de l'État a présidé, hier, la cérémonie de remise du Pacte de stabilité sociale tripartite syndicats, patronat et État. À l'occasion de la fête internationale du Travail, les syndicats ont remis leur cahier de doléances au président de la République, en espérant des changements durant les trois ans du pacte. La cérémonie s'est déroulée dans la salle des banquets.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a reçu, hier, le Pacte de stabilité sociale pour une croissance inclusive et durable. Ce document lui a été remis par le ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions Abass Fall, en compagnie du secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), Mody Guiro, et de Racine Sy.
Cela intervient à la suite de la remise des traditionnels cahiers de doléances au chef de l'État. Durant un tour et demi d'horloge, des secrétaires généraux de mouvements syndicaux ont égrené à tour de rôle les difficultés auxquelles sont confrontés les travailleurs des secteurs public, parapublic et privé.
C'est le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal (Synpics), Moustapha Cissé, qui a décrit les misères de la presse sénégalaise. Le nouveau secrétaire a plaidé pour que le gouvernement sursoie à la récente décision prise par le ministre de la Communication concernant la fermeture de 381 médias "non conformes au Code de la presse". Monsieur Cissé a ajouté que le Synpics est pour "une presse souveraine et libre, mais organisée. Une presse régulée, mais jamais instrumentalisée".
Le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (CSA), Elimane Diouf, a demandé la création d'une commission de dialogue permanente. Monsieur Diouf a estimé que le pacte doit prendre en compte les préoccupations du monde rural et "le traitement de tous les engagements durant les trois ans du pacte".
Pour le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Force du changement CNTS/FC, Cheikh Diop, les nouvelles autorités doivent "renverser la tendance pour que les accords signés ne soient plus l'objet de revendications".
D'autres secrétaires généraux, comme Mody Guiro et Yvette Keita, ont décrit les difficultés qui minent plusieurs secteurs, causées par les licenciements, le manque de dialogue, les inégalités, le non-respect de la liberté syndicale et les arriérés de paiement. Les mouvements syndicaux signataires du pacte social ont salué l'approche inclusive de ce nouveau pacte social, tout en gardant l'espoir que "les doléances seront transformées en actions".
Après avoir longuement écouté les discours de doléances, le chef de l'État a soutenu que le 1er mai est "un moment de dialogue sincère". "Je réaffirme ici l’engagement indéfectible du gouvernement aux valeurs fondamentales du travail que sont la dignité, la liberté du travail, la liberté syndicale, la liberté d’entreprendre et le respect des droits et devoirs de chacun", a déclaré le président Faye. Le chef de l’État a noté que ce pacte est "un nouveau contrat social".
Il a, par ailleurs, engagé le Premier ministre et le ministre du Travail à mettre en place un document de planification "pour évaluer les engagements". Le chef d'État a aussi engagé son gouvernement à finaliser les "projets de Code du travail, de Code de la sécurité sociale, etc.".
La cérémonie de la fête du 1er Mai s'est déroulée hier dans une ambiance festive entre les parties prenantes. Le Pacte de stabilité sociale, qui dure trois ans, est un engagement du gouvernement, d'une vingtaine d'organisations syndicales et de travailleurs ainsi que du patronat. Il vise à garantir un climat social apaisé et durable au Sénégal de 2025 à 2029.
REMISE DES CAHIERS DE DOLÉANCES Une presse souveraine pour un Sénégal souverain Un Sénégal souverain et prospère. Les tenants du régime ne cessent de le chanter sur tous les toits. Seulement, le Syndicat des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal met un petit bémol. À l'en croire, un pays qui veut être souverain, un pays qui veut rayonner sur le plan international n'affaiblit pas sa presse. “Dans un monde aux équilibres incertains, la souveraineté est à la fois un bouclier protecteur et un levier puissant de développement. C'est dans cet esprit que nous vous lançons un appel à une rupture audacieuse, une vision inspirante et une ambition partagée, portée par la conviction que la presse, pilier de notre démocratie, doit devenir un acteur clé de sa souveraineté nationale”, plaide son secrétaire général Moustapha Cissé. Depuis l'aube des indépendances, souligne le SG du Synpics, la presse sénégalaise a été une force essentielle dans le combat pour la construction de la démocratie. La presse, poursuit-il, a éclairé les consciences, amplifié les luttes, protégé la vérité. Mais aujourd'hui, cette presse est à la croisée des chemins. Monsieur Cissé a listé les difficultés qui ont pour noms absence de protection sociale, retards de paiement, perte de salaires et mépris de la convention collective. “Ces réalités ne sont pas uniquement des atteintes aux droits des travailleurs. Elles affaiblissent l'indépendance et la vitalité de notre presse et, par là même, notre souveraineté”, soutient le nouveau SG du Synpics. D'après Cissé, la souveraineté ne peut être partielle. Elle doit être globale et doit prendre en charge tous les aspects. “Une nation souveraine contrôle non seulement ses ressources naturelles et ses institutions, mais aussi ses narrations, ses voix, ses vérités. La presse est au cœur de cette maîtrise”, a-t-il indiqué. |
F. BAKARY CAMARA