Périls sur les Neas !
Il y a un an, la presse sénégalaise sonnait l’alerte : les Nouvelles éditions africaines du Sénégal (Néas) allaient mal. Saisi, l’ex-Premier ministre Abdoul Mbaye avait manifesté une volonté d'y remédier. Las ! La situation ne fait qu’empirer depuis lors...
Elle a marqué l’histoire de la littérature sénégalaise voire africaine, pour avoir édité des plumes de renom comme Cheikh Anta Diop, Birago Diop, Mariama Bâ, Aminata Sow Fall, Cheikh Aliou Ndao, Alioune Badara Bèye, Mbissane NGom, Habib Thiam, etc. Ce passé glorieux des Nouvelles éditions africaines du Sénégal (Néas) fait place à une sombre perspective : la déchéance par la décrépitude.
Créée en 1972 par Léopold Sédar Senghor en vue de promouvoir la culture, l’éducation, l’édition, la société Néas est aujourd’hui au bord de l’asphyxie. ''Si l’État n’intervient pas, elle risque de disparaître'', ont encore lancé des agents de ce patrimoine culturel, appuyés par le secrétaire général du syndicat, Cheikh Fall. Lequel tient aujourd’hui un point de presse en vue d’interpeller l’État sur une situation jugée grave dont la presse s'était fait l'écho il y a un an.
Plombée par une dette fiscale, les Néas vivotent depuis plus d’une décennie. ''Nous sommes restés 5 mois sans salaire. Le conseil d’administration ne s’est pas réuni depuis 2004. L’actuel directeur général a demandé qu’on le libère mais il est toujours à l’écoute du président du conseil d’administration'', confie-t-on.
Placée sous la tutelle du ministère de la Culture et disposant d’un fonds documentaire de 250 titres, les Néas espéraient beaucoup du Premier ministre Abdoul Mbaye, avant qu'il ne soit démis de ses fonctions. ''On était passé par la voie administrative pour sensibiliser notre tutelle et le Premier ministre sortant Abdoul Mbaye avait manifesté une volonté de prendre en main ce dossier, mais par la suite, il a quitté le gouvernement'', se désolent nos interlocuteurs.
La société d'édition ploie aujourd'hui sous le poids d’énormes difficultés liées, entre autres, à une énorme dette qui la prive du quitus fiscal et d’une participation au marché du livre. ''Nous n'avons plus les moyens de produire des ouvrages scolaires, confrontés que nous sommes à un problème de fonds de roulement. Beaucoup de nos ouvrages sont en rupture. Nous n’avons plus de budget.''
Matel BOCOUM