L’UE se félicite d’une ‘’élection bien organisée et ouverte’’
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Après l'élection présidentielle qui consacre la victoire de Bassirou Diomaye Faye au premier tour, la mission d'observation électorale de l'UE a tiré son premier bilan, ce mardi. Dans l'ensemble, l'organisation européenne est satisfaite du déroulement du scrutin.
Le 24 mars 2024, les Sénégalais ont été appelés à voter pour élire leur 5e président de la République. Dans l'ensemble, le scrutin a été bien organisé et marqué par une forte affluence matinale. Les électeurs ont pu faire leur choix librement, dans une ambiance paisible et ordonnée.
Ce constat est celui dressé par la mission d'observation électorale de l'UE. “Une élection bien organisée et ouverte qui a montré la solidité des institutions démocratiques sénégalaises, de même qu’un besoin accru de transparence”, fait savoir Malin Bjork, la cheffe de la mission d'observation.
Ce démembrement de l'UE se félicite aussi de l'esprit de fair-play des challengers, notamment de celui qui est sorti deuxième de cette élection.
Selon elle, cette attitude dissipe en même pas toute probable crise postélectorale. “Plusieurs candidats à l’élection, y compris Amadou Ba, le candidat de la mouvance présidentielle, se sont exprimés pour féliciter Bassirou Diomaye Faye pour sa probable élection dès le premier tour. Ceci a contribué à un climat postélectoral pacifique. Le processus électoral a été fortement impacté par une crise politique majeure dont le pays est sorti par le haut, grâce à la résilience de l’État de droit au Sénégal et par une élection ouverte”.
Les péripéties du processus électoral
La mission est également revenue sur les péripéties du processus électoral, tout en regrettant les pertes en vies humaines dues à un report in extremis du scrutin. “L’élection présidentielle devait initialement se tenir le 25 février 2024. Cependant, le 3 février, le président de la République a annoncé un report de l’élection sine die, provoquant un refus de 16 des 19 candidats d’un report au-delà de la fin du mandat présidentiel le 2 avril 2024 ainsi que des manifestations qui ont occasionné quatre décès”.
Toutefois, la réactivité des sept sages du Conseil constitutionnel et la résilience des acteurs ont permis de sauver les meubles, soulignent Malin Bjork et ses collègues. “Le Conseil constitutionnel est intervenu pour rappeler notamment le principe de l’intangibilité de la durée du mandat présidentiel et la convocation, par la présidence, du corps électoral au 24 mars. Ce qui a permis de pacifier l’espace politique, malgré une campagne électorale écourtée”, constate la cheffe de la mission d'observation.
Les femmes dans le processus
Dans un tout autre registre, la mission a évoqué l'implication des femmes, lors de cette élection. Même si Anta Babacar Ngom a généralement “sauvé l'honneur”, Malin Bjork est d’avis qu'elle constitue l'arbre qui cache la forêt, pour ainsi dire que la présence féminine est encore très faible. “La loi sur la parité a exercé un effet limité sur l’élection et sur la participation des femmes aux instances de décision. Malgré une loi sénégalaise sur la parité de 2010 présentant un caractère contraignant et des institutions chargées de la faire respecter ainsi qu’une société civile active, ses effets sur l’élection présidentielle restent limités”, constate Mme Bjork.
Par ailleurs, la députée au Parlement européen poursuit en mettant l'accent sur le cas Rose Wardini. “Deux candidates seulement ont réussi à passer l’étape des parrainages : Anta Babacar Ngom et Rose Wardini. Cette dernière ayant finalement décidé de retirer sa candidature à la suite d’une polémique autour de sa présumée binationalité”.
De manière plus détaillée, la parlementaire regrette la quasi-absence des femmes dans le processus. “Au niveau des institutions en lien avec le processus électoral, à la Cena, seul un tiers des membres sont des femmes et au Conseil constitutionnel, sur sept sages, seules deux femmes ont été nommées, dont la vice-présidente. Dans les 406 bureaux de vote observés, les observateurs de la MOE UE ont pu constater que seuls 18,5 % des bureaux de vote étaient présidés par des femmes”.
MAMADOU DIOP