‘’Les citoyens doivent savoir comment le budget est conçu et adopté’’
Le prochain budget qui sera bientôt voté au Parlement doit tenir en compte toutes les questions de transparence budgétaires. C’est ce qu’attend le Groupe d’études, de recherche et d’action pour le développement (Gerad) de ces nouvelles autorités.
Lors des trois dernières enquêtes sur le budget ouvert (EBO), le Sénégal a eu de mauvais indices. Selon vous, qu’est-ce qui explique cette contre-performance ?
Il y a eu une contre-performance du Sénégal dans le classement de l’enquête sur le budget ouvert où notre pays a obtenu 3/100 en 2008, 3/100 en 2010 et 3/100 en 2012. Cette contre-performance s’explique par deux faits majeurs : il y a le premier fait qui nous a coûté plein de points en perte qui est la non existence du budget citoyen. Jusqu’au mois de mai, nos autorités qui sont au ministère des Finances, pour la majorité, ne savaient pas ce que ça signifiait le budget citoyen. Mais lorsque nous avons eu une séance de travail avec eux, lorsqu’ils ont participé à certaines de nos manifestations, ils ont su qu'effectivement, la non production du budget citoyen par l’État du Sénégal contribuait à affecter à notre pays un indice très bas. Le deuxième point est la non production des documents. Les documents, si on les produit dans le cadre du processus budgétaire, il faut les publier, les mettre en ligne, les déposer dans les bibliothèques publiques mais aussi les publier à travers les médias. En 2012, si la note a un peu évolué, nous nous sommes rendu compte que tous les documents ont été produits, sauf le budget citoyen. Bien que produits, ces documents n’étaient pas mis à la disposition des citoyens, ni des chercheurs, ni des journalistes. Ce sont les deux faits qui expliquent que la note du Sénégal est toujours faible. Nous avons bon espoir, que ça va évoluer.
Donc les citoyens ont le droit d’avoir toutes les informations budgétaires nécessaires à leur bonne gouverne ?
Oui, c’est très important pour un pays. Ce n’est pas le droit à l’information budgétaire, c’est cette liaison que nous faisons avec cette journée du budget citoyen, mais nous restons préoccupés par les questions de transparence budgétaire. En réalité, les citoyens doivent être informés de long en large, du début à la fin de comment est-ce que le budget est conçu, comment il a été adopté, comment il a été exécuté en termes de dépenses. Nous connaissons que le rapport d’audit connaissait un retard de trois ans, mais que la Cour des comptes a fait des efforts pour que ce gap soit réduit.
Le prochain classement de l’enquête sur le budget ouvert, c’est pour 2014. Vous visez cependant une bonne note pour le Sénégal, comment comptez-vous y pousser les décideurs politiques ?
On commence par produire le budget citoyen. Nous avons une stratégie et nous la leur avons soumise. Maintenant, la balle est dans leur camp. Comme nous ne produisons pas le budget citoyen, nous devrons trouver les experts nécessaires. Nous avons des partenaires, au Pnud, à l’Union européenne et nous avons un réseau de défense de la transparence budgétaire composé de plusieurs organisations de la société civile. Nous tous, nous allons mettre nos efforts pour participer au cycle de renforcement des capacités des agents de l’État et des parlementaires concernés. Il y a une commission des finances à l’assemblée nationale, nous avons le grand ministère des Finances qui englobe le ministère du Budget, il y a le ministère de la Bonne gouvernance, la Primature, qui est un maillon essentiel. Nous, en tant que société civile, nous apporterons l’expertise nécessaire, qui rencontrera la volonté du gouvernement de produire un budget citoyen. Nous allons continuer notre campagne, sensibiliser la population et inciter le gouvernement à aller vers l’équipement de bibliothèques publiques qui vont contenir l’information budgétaire, mais aussi de publier en ligne et de dire comment accéder à l’information budgétaire. Si nous poursuivons ce que nous sommes en train de faire, il y aura une amélioration.