Publié le 29 Nov 2024 - 23:47
53 % DES DÉCÈS LIÉS AUX MALADIES NON TRANSMISSIBLES AU SÉNÉGAL

La recherche comme vecteur pour renverser la tendance

 

Passer par la recherche pour renverser la tendance mortifère des maladies non transmissibles (MNT), qui sont la cause de 53 % des décès au Sénégal en 2022. Tel est le souhait du ministère de la Santé et de l'Action sociale.

 

Le 3e Colloque sur les maladies non transmissibles (MNT) a pour thème cette année « La recherche, socle de la décision politique en faveur de la lutte contre les MNT ». Il a démarré hier et se déroulera sur deux jours. Lors de la cérémonie d’ouverture, le secrétaire général du ministère de la Santé et de l'Action sociale a souligné que les MNT représentent aujourd'hui la principale cause de mortalité dans le monde, étant responsables de 74 % des décès globaux, soit environ 41 millions de morts chaque année, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ces maladies, indique Serigne Mbaye, touchent particulièrement les populations actives, puisque 58 % des décès causés par les MNT surviennent avant l'âge de 70 ans. Au Sénégal, renseigne-t-il, la situation est également préoccupante, car selon le rapport OMS 2022, 53 % des décès étaient liés aux MNT. Il a ajouté que la probabilité de mourir prématurément à cause d'une MNT est estimée à 22 %, affectant de manière similaire hommes et femmes.

Il note que les principaux facteurs de risque incluent une prévalence de l'hypertension, qui touche 41 % des adultes âgés de 30 à 79 ans, avec seulement 10 % des patients hypertendus parvenant à maîtriser leur état. La sédentarité affecte 17 % des adultes et jusqu'à 88 % des adolescents âgés de 11 à 17 ans. L'obésité concerne 10 % des adultes et 2 % des adolescents, en hausse notamment chez les femmes, et un apport moyen en sel dépassant les recommandations mondiales à 7 g par jour.

Ces chiffres, selon M. Mbaye, soulignent que les MNT constituent non seulement un défi pour la santé publique, mais également un frein au développement économique et social de notre pays. C’est pourquoi il souligne que le thème de ce colloque, ‘’La recherche, socle de la décision politique en faveur de la lutte contre les MNT’’, ne saurait être plus pertinent, car la recherche, dit-il, est le pilier qui éclaire et guide les décisions stratégiques dans le domaine de la santé publique.

Elle permet, poursuit le secrétaire général du ministère de la Santé et de l'Action sociale, d'identifier les facteurs de risque locaux. ‘’Nos habitudes alimentaires, l'urbanisation croissante, la sédentarité et l'exposition accrue à des produits nocifs comme le tabac et l'alcool nécessitent une analyse spécifique et contextualisée. Cela permet de proposer des solutions adaptées sur la base de données locales solides, de concevoir des politiques efficaces et équitables, et d'évaluer les interventions pour garantir leur efficacité et optimiser leur impact sur la population’’, indique-t-il.

Cependant, pour que la recherche influence véritablement la prise de décision, il est impératif, d’après lui, de renforcer la collaboration entre les chercheurs, les décideurs politiques et les acteurs communautaires. ‘’Il est de notre devoir, en tant que responsables, de transformer ces connaissances en solutions concrètes, à savoir investir dans la recherche locale pour comprendre nos spécificités et orienter nos choix, prioriser la prévention par des politiques courageuses, comme l'augmentation des taxes sur les produits nocifs, des campagnes de sensibilisation intensives et des normes pour limiter la consommation de sel et de sucre, entre autres’’.

Il préconise aussi de promouvoir un environnement sain en encourageant l'activité physique, d’améliorer la qualité des aliments disponibles et de protéger les jeunes contre les influences nocives de la publicité. ‘’Chaque retard dans l'action coûte des vies. Chaque opportunité manquée fragilise davantage notre société’’, prévient M. Mbaye.

Toutefois, tempère-t-il, le Sénégal a déjà montré son leadership dans la lutte contre certaines maladies transmissibles comme le paludisme et le VIH/sida. ‘’Il est temps, ajoute-t-il, d'étendre cette détermination à la lutte contre les MNT. Ainsi, les stratégies de lutte doivent reposer sur des évidences scientifiques et l'Afrique a besoin de se doter d'une politique basée sur des recherches contextuelles et de contribuer davantage à l'alimentation de la base de données mondiale sur la connaissance relative aux MNT et aux stratégies de lutte contre ces maladies’’.

Pour y arriver, il préconise de renforcer le système de formation afin d'améliorer la qualité de la prise en charge dans les structures de soins, mais également d'enrichir les messages de prévention sur les facteurs de risque pour lutter efficacement contre les maladies non transmissibles et de créer les conditions favorables à la progression rapide de la couverture sanitaire universelle (CSU).

Dans ce sens, souligne-t-il, la recherche biomédicale en Afrique est plus qu’urgente et nécessaire, car les pays africains font face à des changements sanitaires marqués par la montée en puissance des maladies non transmissibles dans un contexte d'émergence et de réémergence de certaines maladies infectieuses, accentuant le fardeau de la morbidité et de la mortalité, avec notamment le phénomène de cumul de pathologies et de comorbidités auxquels les systèmes de santé doivent apporter des réponses adaptées.

CHEIKH THIAM

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