Publié le 11 Apr 2025 - 19:49
55 % DES DÉPENSES EN SANTÉ SUPPORTÉS PAR LES MÉNAGES

Cicodev veut que l’État paie plus

 

L’État et ses démembrements ne supportent que 15,2 % des dépenses en santé, tandis que 55 % sont à la charge des ménages. Cicodev considère qu’il est temps de renverser la tendance, afin que les populations ne soient plus traumatisées de se rendre à l’hôpital.

 

Les soins de santé primaires (SSP) font référence à un large éventail de services de santé fournis par des professionnels de la santé et constituent les premiers soins dont ont besoin les communautés. Leur mise en œuvre requiert la création d’un système de soins accessibles financièrement et géographiquement.

Or, l’analyse des résultats des comptes de la santé de 2017 à 2021 montre que l’État et ses démembrements ne supportent que 15,2 % des dépenses en santé, ces dernières étant généralement destinées au pilotage et à la coordination à hauteur de 70 %.

Selon Cicodev, ‘’ce sous-financement par l’État fait que plus de la moitié (55,9 %) des dépenses en SSP sont supportées par les ménages, principalement consacrées à l’achat de produits pharmaceutiques et à la prise en charge des maladies non transmissibles (MNT). Les partenaires techniques et financiers contribuent à hauteur de 23 % pour la prise en charge des SSP, dont 72,1 % servent à traiter les maladies infectieuses (paludisme, tuberculose, VIH/sida) et la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et des adolescents (SRMNIA)’’.

Néanmoins, le Sénégal s’engage activement dans la mobilisation de ressources pour un financement adéquat et équitable de la santé, l’objectif étant de tendre vers la Couverture sanitaire universelle (CSU). Cette démarche est ancrée dans la Stratégie nationale de financement de la santé (SNFS) et le Plan national de développement sanitaire et social (PNDSS, 2019-2028).

En effet, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a élaboré un plan de relance des SSP et créé une cellule dédiée à ces soins.

Le financement approprié des SSP

 À l’analyse de ce nouvel environnement, l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev Africa) a organisé, il y a quelques mois, un espace de rencontres et d’échanges sous la forme d’une session des ‘’Dialogues Cicodev, regroupant toutes les parties prenantes sur le thème ‘’Les soins de santé primaires au Sénégal ! Quelles pistes pour un financement adéquat, équitable et pérenne ?’’.

Ces ‘’Dialogues Cicodev’’ ont permis, d’une part, de formuler des recommandations et, d’autre part, d’identifier des thématiques pour un financement approprié des SSP. Il s’agit de réfléchir autour de la nomenclature budgétaire des collectivités territoriales pour un meilleur financement des SSP, de la manière de rendre la gratuité équitable ; de se pencher sur la gouvernance et l’efficacité dans la gestion des ressources de la santé ; mais aussi de plus investir, de la base au sommet, pour des SSP inclusifs et durables. Enfin, les acteurs préconisent de faire de la prévention des maladies un pilier du financement des SSP.

Dans le cadre de la poursuite de la réflexion sur le financement des SSP, Cicodev a pris l’option de nouer un partenariat avec l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD).

Lors de cette rencontre, le directeur exécutif de Cicodev a confié que les maladies non transmissibles, telles que le diabète, l’hypertension et les maladies cardiaques, font partie des soins de santé primaires qui touchent la majorité de la population.

À la base de la pyramide sanitaire, là où le plus grand nombre de personnes va se soigner, c'est là où l’on parle de santé primaire et qu'il faut accorder à tous les citoyens, d’après Amadou Kanouté. ‘’L'État n'y accorde pas trop d'importance, seulement 15 % du financement de l'État, sinon les 55 % sont supportés par les ménages. Et c'est ça notre problème. Nous avions en tête qu'il s'agirait d'une contribution équitable, mais ce qui se passe aujourd'hui, c'est que nous avons quelque peu dévoyé l'esprit d'Alma-Ata, où les États ont discuté et se sont entendus sur les principes des soins de santé primaire. C'est l'équité, c'est la prévention, ce sont ces différents aspects qui sont importants. Aujourd'hui, l'État finance à hauteur de 15 % les soins de santé primaire et ces 15 % vont dans la coordination et la planification. Les 55 % sont payés par vous et nous, c'est-à-dire les ménages, qui payons 55 % en paiement direct’’, regrette M. Kanouté.

Or, souligne-t-il, quand les gens sont malades, on ne peut pas parler de dividende démographique ni tirer profit du fait qu’on a une population forte. ‘’Il faut inverser la tendance. Que l'État décide d'allouer beaucoup plus d'argent pour que les gens puissent se soigner et accéder aux soins de santé, afin que cela ne soit pas un fardeau pour les ménages. Sinon, les ménages vont retarder leur action en matière de soins, en disant : ‘De toute façon, si je vais à l'hôpital ou à la case de santé, on me demandera de payer et je n'ai pas l'argent.’ Donc, rassurons les populations, rassurons les citoyens qu'en accédant aux soins, qu'en accédant à l'hôpital, ils peuvent bénéficier de soins sans être traumatisés par l'idée d'avoir à payer. C'est un obstacle, la barrière financière ; il nous faut lever cela’’, lance M. Kanouté.

CHEIKH THIAM

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