«J’ai (déjà) prouvé l'origine de mes modestes biens»
Pour l'ancien dignitaire wadiste, la traque des biens mal acquis est une chasse aux sorcières destinée à museler des adversaires politiques émergents.
Abdoulaye Baldé a réaffirmé ce week-end à Ziguinchor son opposition radicale à la façon dont la traque des biens mal acquis est conduite par le pouvoir. A cet égard, il a fait part de ses sentiments de «déception» et de «sérénité», face à ce qu’il qualifie «d’opération politique pour museler des adversaires politiques et d’acharnement politico-judiciaire». Selon le maire de Ziguinchor, la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), après n'avoir pas fonctionné sous Diouf et Wade, et qui «n’existe qu’au Sénégal», dispose de «procédures qui violent les droits élémentaires de l’homme et les principes généraux du droit».
C'est pourquoi, a-t-il promis, «l’heure venue, nous allons soulever toutes les exceptions et nullités. C’est la première fois qu’on voit un procureur prendre part à l’instruction. C’est la catastrophe dans un pays civilisé comme le Sénégal. C’est une honte pour la démocratie. Le procureur ne doit pas intervenir dans l’instruction. C’est inimaginable qu’il participe à l’audition. On nous demande d’apporter la preuve alors que celle-ci incombe à l’accusateur», a-t-il souligné.
Le président de l’Union des centristes sénégalais (UCS) a indiqué néanmoins être à «l’aise» pour avoir, déjà, prouvé l’origine de ses modestes biens lorsqu’il a été convoqué pour la première fois à la Gendarmerie. Selon lui, ces biens se résument à une maison à Dakar acquise en 1997 et une autre à Ziguinchor construite avant la fin du régime de Wade. Alors, la CREI n'est donc qu'une «chasse aux sorcières» destinée à contrer l'émergence d'une nouvelle classe politique. Elle veut «nous salir» et «nous traîner dans la boue», a-t-il ajouté.
A propos de l'interdiction de sortie du territoire qui leur aurait été signifiée, à lui et à ses ex-compagnons du Pds, Baldé est catégorique. «Jusque-là, je n'ai pas reçu de convocation ou de notification m’interdisant de quitter le pays. J’ai appris la nouvelle dans la presse», a-t-il précisé. «J’ai un agenda international qui doit me conduire, dès lundi, en France sur invitation des maires de France, et le 24 novembre à Abidjan pour prendre part à l’Assemblée générale des maires francophones.»
Abdoulaye Baldé a tenu ces propos ce week-end, en marge de la réception d’un lot de matériels médicaux offerts par l’association «Tam-tam du cœur» basée à Nantes (France) et après une visite de divers matériels appartenant à la municipalité de Ziguinchor dont il est le maire. En tout, des tracteurs, des outils de ramassage d’ordures, de nettoiement de la voirie, de groupes électrogènes et des machines de pressing, au coût estimé à 8 milliards de francs.
HUBERT SAGNA
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