Les députés ont la peau dure
A l'Assemblée nationale, tout a changé pour que, en fin de compte, rien ne change. Les parlementaires sont en effet toujours égaux à eux-mêmes, peu assidus dans les commissions où a lieu l'essentiel des travaux de l'institution. A côté, il existe des problèmes de convocation, de casier, de bureau, etc. Et au-dessus, un président que certains jugent déjà inaccessibles.
Très critiquée durant les dernières législatures, l’Assemblée nationale peine à amorcer la rupture annoncée. Alors qu’ils se bousculaient pour intégrer les commissions parlementaires lors de l’installation du Bureau, au point de retarder la session ordinaire, certains députés brillent par leur absence aux travaux qui ont cours actuellement à l’hémicycle. De quoi ulcérer un membre de la commission Culture et communication. «Lors de notre réunion le lundi dernier, ni le président de la Commission (Haoua Dia Thiam) ni son adjoint n’étaient présents. On a dû choisir quelqu’un d’entre nous pour présider la commission.» Mais Haoua Dia Thiam se défend et justifie son absence par des raisons de santé. «J’étais hospitalisée, mais ce jour-là, j’ai tenu à appeler au téléphone pour que la réunion se tienne.»
Les travaux de la commission des Lois, hier, se sont certes tenus sous la présidence de Djibril War, mais la réunion n’a enregistré que «20 députés sur les 40 membres» que compte ladite commission. Ce qui ne semble pas surprendre le député Mamadou Lamine Diallo. «Nous savions que nous n'aurions pas la rupture», dit le président du Mouvement Tekki. Ce qu’il faut, propose-t-il, «c'est des séances de mise à niveau pour tous les députés» dont la plupart sont des novices. Pour son collègue Pape Zator Mbaye, l'absentéisme est lié au «degré d’engagement» de chaque député. «A l’Assemblée, tout le monde n’a pas la volonté de travailler, dit-il. Mais ceux qui le veulent viennent régulièrement aux réunions», dit le responsable de l’Alliance pour la République (APR). Interpellé sur le sujet, le 2e vice-président de l’Assemblée nationale, le socialiste Doudou Issa Niasse, préfère attendre les travaux techniques «pour apprécier véritablement le travail» de ses collègues. Pour l'heure, il fait cependant un constat : «on est loin de la rupture» promise.
La Com’ de l’Assemblée indexée
Autres griefs soulevés par les députés, c’est le «déficit de communication» à l’Assemblée nationale. Mamadou Diop Decroix, député non inscrit, pense que le «système d’information n’est pas fiable». Pour l’ancien ministre de Wade, l’Assemblée devrait se payer les services d’une société informatique pour gérer l’information de l’institution et se mettre à l’ère du temps. «Elle se chargera de nous envoyer des sms à temps réel, dit-il. Actuellement, si tu ne passes pas à l’Assemblée pour vérifier ta boîte à lettres, tu n’es au courant de rien. Et depuis 15 ans, on fonctionne comme ça.»
Sur ce point, Haoua Dia Thiam, présidente de la commission Culture et Communication tient à rappeler le règlement intérieur en vigueur. «Les convocations sont faites 48 heures avant.» Puis elle ajoute : «l’information peut concerner les partisans d’un même groupe, les membres de commission, le président de l’Assemblée nationale et les députés». L’ancienne ministre en charge des Relations avec les institutions précise qu’en plus «des convocations écrites», «les députés sont saisis par téléphone». En perspective, la commission Culture et Communication «travaille afin que tous les députés puissent avoir un email», indique Haoua Dia Thiam.
DAOUDA GBAYA
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