Khadim Diop alerte contre le «forcing» de Khalifa Dia
Serigne Mbaye Dia dit Khalifa, maire de Guéoul et réputé riche homme d’affaires, est dans le viseur de certains responsables de l’Alliance pour la République (APR) du département de Kébémer. Dont le gendarme à la retraite Khadim Diop, coordonnateur du parti dans la communauté rurale de Loro. Lors d’un point de presse tenu dans son village de Thilmakha Ngol, dans ce décor où plane encore l’ombre de Lat Dior, il a appelé la direction de son parti à la «vigilance» face aux «manœuvres pernicieuses» de Khalifa Dia, maire de Guéoul, ex-député et sénateur, celui-là même qui s'était proposé de payer les 65 millions de francs Cfa représentant la caution d'Abdoulaye Wade à la dernière présidentielle.
Si l’argent pouvait tout permettre, Abdoulaye Wade ne tomberait pas. C’est l’argument brandi par Khadim Diop pour dire à qui veut l’entendre que «Khalifa Dia, par l’argent, ne peut pas nous obliger à le choisir. Nous n’accepterons pas que les gens viennent d’ailleurs pour nous déstabiliser. Il faut qu’il arrête». Il cloue au pilori les «ambitions démesurées» des «nouveaux venus» avec à leur tête le même Khalifa Dia, maire de Guéoul, présenté comme un riche homme d'affaires, désigné ici comme l'instigateur d’un «montage grotesque» qui viserait à prendre l'Apr dans le département.
«Depuis quelques jours, des gens se disant appartenir à l'Alliance pour la République ont écrit et adressé une lettre au président de la République pour dire leur volonté de porter Khalifa Dia au poste de coordonnateur du parti dans le département de Kébémer. Pour la plupart, ces personnes n’ont aucune responsabilité dans l’Apr qu’ils ont ralliée tardivement, et bien après les difficultés que nous avons endurées pour gagner le département à la présidentielle et aux législatives», s'insurge Khadim Diop.
«Le veuvage de deux chefs d'Etat»
Pour le coordonnateur Apr dans la communauté rurale de Loro (arrondissement de Sagatta) et président de la communauté rurale de Thiolom, une signature a été apposée en face de son nom sur une liste. «Il n’en est rien, et d’autres comme moi ont été également abusés. C’est de l’escroquerie, du faux et usage de faux», lâche-t-il indigné. Et comme pour signifier «l’opportunisme» du maire de Guéoul ainsi que son «allergie au statut d’opposant», l’ancien homme de tenue rappelle : «Il était socialiste sous Abdou Diouf, Pds sous Abdoulaye Wade, et aujourd’hui Apr sous Macky Sall. Il a déjà fait le veuvage de deux chefs de l’Etat».
Il convient de rappeler aussi qu’en 2012, Khalifa Dia avait mis 65 millions de francs Cfa sur la table pour payer la caution du candidat Abdoulaye Wade à l'élection présidentielle. Dans le même contexte, il avait fait beaucoup moins avec du «carburant» pour Macky Sall. «Être servi à tous les coups, tel semble être sa conception de la politique. C’est pourquoi il ne s’est pas gêné de frapper à la porte de l’Apr une fois l’élection de Sall acquise». Suffisant pour Khadim Diop de lancer un avertissement à la direction de l'Apr afin d'«éviter le syndrome Wade qui était parti chercher chez ses ennemis de nouveaux amis mis au-dessus de ceux qui étaient là. Wade avait confié de très grandes responsabilités à de très grands irresponsables», martèle- t-il.
«Je ne connais pas Khadim Diop»
L’alternative à laquelle Khadim Diop appelle la direction de l’Apr, c’est le maintien du statu quo ou les renouvellements si le temps le permet. Si le poste de coordonnateur du parti ne fonctionne d’habitude que par rapport à des élections, le dernier à l’occuper pour le département de Kébémer est Sangoné Sall devenu député et ex-leader d'un petit parti qu'il a dissout dans l’Apr.
Joint par EnQuête, Khalifa Dia ne s'est pas appesanti trop longtemps sur les reproches qui lui sont adressés. «Pourquoi réagir aux propos de quelqu’un que personne ne connaît ? Moi, je ne connais pas Khadim Diop. Je suis le responsable du parti à Guéoul et dans le département de Kébémer». Seulement, quand on sait que celui dont il parle est le coordonnateur d’une communauté rurale dans son propre département, il semble bien qu'il y ait à ce niveau l’aveu d’un leadership désincarné.