Serigne Kéné innove avec la peinture islamique
“Serigne est un artiste du pays car son travail va au-delà de nos croyances religieuses. Les autres religions peuvent aimer ce travail'', a soutenu le ministre de la Culture, Abdou Aziz Mbaye, mardi dernier, lors du vernissage de l'exposition de l’artiste plasticien Serigne Kéné, à la Galerie nationale à Dakar. Les toiles inspirées de l'islam y sont exposées durant une quinzaine de jours. Serigne Kéné peint en usant de coquillages et de feuilles d’arbres.
D'après le ministre, apparemment emballé, ''l’artiste a utilisé des produits naturels exceptionnels pour faire un travail d’exception''. Et de l'avis de la directrice de la galerie nationale, Madjiguène Niang : ''Cela fait presque 20 ans qu’on a jamais eu ce genre de travail. Cet exposition coïncide avec le Ramadan qui est jugé propice pour abriter ce travail qui nous rapproche de nos guides et nous permet de nous recueillir. Pendant que d’autres versent dans les conférences religieuses, les veillées de prières et autres, nous, nous avons pensé à faire un art islamique.''
A l’entrée de la galerie, un beau rideau noir est pendu en hauteur avec en calligraphie dorée cette inscription : ''Les merveilles du Saint Coran'', thème de l’exposé. Dans la salle, un espace finement aménagé, tapissé de sable blanc, comprend des tables dites de savoir qui, selon l’auteur, aident les enfants à mieux apprendre l’alphabet coranique. Tout autour : des représentations des histoires des compagnons du prophète Mohammed (PSL). Un mausolée est aussi représenté avec Cheikh Ahmadou Bamba en prière sur la mer. ''Il faut passer par la porte de l’islam, c’est pourquoi j’ai peint les marabouts'', a expliqué l'artiste. ''Dieu m’a orienté vers cette direction d’art religieux, sinon je ne l’ai jamais appris. Je ne peins pas seulement pour la beauté mais pour enseigner aussi la vie et l’oeuvre du prophète Mohammed. Il y a mille manières d’éduquer mais moi, j’ai choisi cette forme pour participer à l’éducation de notre société'', a expliqué Serigne Kéné, qui a été camionneur, commerçant et tailleur. L’artiste quinquagénaire a laissé entendre : ''C’est mon destin. Un beau jour, Dieu m’a réorienté vers la mer. J’ai acheté deux sacs de coquillages et j'ai commencé à tracer.''