Publié le 15 Apr 2013 - 22:39
ARTS VISUELS – FESTIGRAFF

 Autour de la peinture des lettres

Côté visuel du mouvement hip hop, le graffiti symbolise dans la culture urbaine une certaine forme d’immortalisation des sous-cultures qui la composent afin qu’elles soient accessibles à tout le monde. Au Manège de l’Institut français, ce vendredi, s’est ouverte la 4e édition du Festigraff, porté par Mohamed Al Amine alias Docta.

 

Dans la cour de la Galerie du Manège, rue Parchappe à Dakar, se dressent deux énormes canevas en chantier, signés de la main du parrain de cette 4e édition du Festigraff, le graffeur mauricien Mode 2. Interpellé sur son œuvre, il évoque aussitôt la nouveauté de la démarche. «L’essentiel de mon travail est dans le fait de rendre visible la genèse de mes œuvres, dit-il. Je ne veux pas parachuter mon public au beau milieu du processus de création des images même si, quelque part, c’est une facilité tentante.» Puis il ajoute : «Comme c’est la première fois que je viens à Dakar, j’ai envie de produire de nouvelles images qui sont un reflet de mon univers, niché dans une classe de culture particulière, avec la différence que cela peut faire.»

 

Né dans la métropole new-yorkaise, le graffiti est une zone de fiction entre les riches et les pauvres, un mélange d’ethnies, de techniques dans lequel le graffeur rajoute sa culture, son émoi, pour permettre la compréhension et la transmission de son œuvre. Docta, le directeur du Festigraff, définit ainsi le graffiti comme un moyen «ultrasensible de communication», car allant au-delà des discriminations pour parler avec toutes les classes sociales, en s’adaptant à chacune d'elles.

 

Pour le «Doxandem Squad», structure organisatrice de l’événement, le travail réalisé par le graffiti sur les places publiques se doit d’être par vocation gratuit. «Le graffiti est là pour la population et reste pour la population», martèle-t-il, sans que cela ne signifie qu'un particulier qui sollicite à des fins privées leur savoir-faire pour promouvoir sa politique, son art ou son métier, par exemple, ne doive pas en payer le prix.

 

Le graffiti utilise plusieurs supports différents : la toile, le tableau, le mur, le sous- verre, le boubou... Ce travail est rendu possible grâce à l’aérosol, les baumes de peinture, ou peinture acrylique. Se plongeant à chaud dans l’exposé, Docta et son ami Mode 2 expliquent que la vocation des tableaux à l’entrée est de «banaliser» le graffiti. Au fur et à mesure que leur élaboration avançait (ce qu’on appelle «du graf en live»), la pleine mesure de l’œuvre devenait saisissable. On ne se lasse pas d’admirer la technique des artistes qui, par l'agencement de couleurs vives, rendent le thème de plus en plus explicite. Sur un pan du mur, par exemple, on peut apercevoir une jeune fille - string visible - dont l’habillement symbolise la liberté et la mode chez une jeune génération avide de sortir des sentiers battus, à l’instar des graffeurs.

 

Sur sa conception des différences entre le graffiti et le peinture, Docta explique : «Le graffeur est un peintre plus avancé. Le premier fait de la peinture pour tout le monde tandis que le deuxième est dans son coin à lui et peint pour lui». Le graffiti étant un métier connu au Sénégal, chaque région a un représentant présent à ce festival, en plus de ceux venus de l'étranger, ce qui confère à la manifestation une forte représentativité qui lui a valu d’être labélisée par le Tandem Paris-Dakar. Au total, 25 pays sont annoncés à cet événement d’envergure internationale. Mais au passage du reporter d'EnQuête, seuls la France, les Etats-Unis, l’Espagne, la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, le Togo, le Bénin, le Gabon, étaient présents...

 

MARIÉTOU KANE

 

 

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