Aminata Touré promet un coup de massue à l’impunité
Le ministre de la Justice Aminata Touré a donné l’assurance aux Sénégalais que les audits auront bientôt lieu et que la lumière sera faite sur les violences électorales, afin que l’impunité soit boutée à jamais du Sénégal.
L’impunité ne va plus prospérer dans le pays et les Sénégalais n’ont qu’à être patients, car bientôt les audits seront entamés. La promesse est du ministre de la Justice Aminata Touré qui a présidé vendredi la conférence annuelle des chefs de parquets. ''Nous savons que tous les Sénégalais veulent que justice soit faite et que l’argent public revienne à l’État. C’est une demande très forte et très pressente. Nous le savons et nous y travaillons'', a souligné la Garde des Sceaux. Qui invite le peuple sénégalais à plus de patience car dit-elle, ''avoir un bon dossier demande également beaucoup de travail. Et les potentiels prévenus ont aussi des droits et qu’eux aussi présenteront leurs contre arguments et la lumière sera faite. Nous voulons combattre l’injustice''. Dans ce souci là, Aminata Touré entend ratisser large. «Ne pensons pas seulement aux grands procès qui sont sur la place publique. Je veux parler également des femmes, par exemple, qui ont du mal à recevoir leurs pensions alimentaires, les enfants violés et qui ne parviennent pas à mettre la main sur leurs violeurs, les expropriés sur la base d’un rapport de force…''.
Fin des interventions intempestives de l’autorité dans les dossiers
Le ministre a regretté qu’il y ait eu beaucoup d’impunité dans le passé. Désormais, «il faudra laisser les juges apprécier, en fonction de leurs consciences et des textes, sans intervention intempestive de l’autorité dans le traitement des dossiers, comme on l’a vu avec le régime passé», a-t-il indiqué. Aller dans le sens d’une justice indépendante, c'est laisser les magistrats travailler selon leur conscience, et ceux qui sont poursuivis, bénéficier du droit à la ‘’défense et à la présomption d’innocence’’.
Concernant le thème de la rencontre, ‘’Justice et impunité’’, le directeur des affaires criminelles et des grâces, François Diouf, a souligné que tous les citoyens doivent être égaux devant la loi. Ce qui n’est pas souvent évident car les agents de justice rencontrent plusieurs obstacles dans l’exercice de leur fonction. A ce propos, Aminata Touré a expliqué : «quel que soit le délit, il faut désormais que la partie qui est inculpée bénéficie de ses droits. C’est ce qui va faire l’État de droit. Évidemment, cela requiert du temps, mais c’est notre ambition».
Les victimes des violences électorales
Par ailleurs, la défense des intérêts des victimes de violences électorales a été élevée comme priorité par le Gouvernement, a indiqué Mme Touré. A ce titre, elle a confié avoir déjà reçu en audience l’association des victimes et l’a rassurée de la volonté du ministère de poursuivre ces dossiers jusqu’à leur terme. Interpellée sur les longues détentions, le ministre a regretté que pour de petits délits, des gens restent en prison. ''Que les gens restent plusieurs mois sans être présentés aux juges ne signifie pas que le juge le veut nécessairement. Mais, c'est parce que nos prisons sont engorgées pour de petits délits qui pouvaient être ''corrigés'', si la personne faisait des travaux d’utilité générale'', a déclaré Aminata Touré.
AMADOU NDIAYE