Le Dr. Ibrahima Sylla suggère deux courants politiques
Quand le président Léopold Sedar Senghor limitait le débat politique entre quatre courants, Ibrahima Sylla, docteur en sciences politiques à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, en appelle aujourd'hui à l'émergence de deux courants, le «libéralisme» et le «socialisme», un moyen comme un autre de contenir la prolifération des partis politiques dans notre pays. Il procédait avant-hier samedi à la dédicace de son livre «Mauvaises ambiances démocratiques» dans lequel il invite la classe politique à mener «les vrais débats».
«Je rêve d’un Sénégal où on pose les vrais débats.» Ce vœu du Pr. Ibrahima Sylla découle d’un constat : «Bruyamment, violemment, radicalement, constamment, obstinément, la politique ne nous a laissé presque aucun répit ces deux dernières années. 2011 a débordé sur 2013.» Une situation qui «déteindra non seulement sur 2013, mais laissera encore inévitablement des traces indélébiles dans la vie politique sénégalaise durant ces dix prochaines années».
Cet ouvrage de 117 pages, compilation de contributions déjà parues dans le magazine Réussir (même si elles ont été «revues»), est donc une invite à l’introspection lancée à l’endroit des politiques. Ce, après que les «incendies (des événements préélectoraux de 2012) ont été éteints, les blessés soignés, les tués enterrés, les libérations faites, les malentendus consumés, le calme revenu, les pierres ramassées, les rues nettoyées, les querelles surmontées», etc. Entre «Boucan politique», «La revanche du Peuple», la «Mauvaise ambiance universitaire», entre autres thèmes développés dans ce livre, le Pr. Sylla dit vouloir «aider les mémoires à résister à la tentation de l’indifférence, de l’innocence et de l’oubli». Surtout à l’endroit de «toutes les victimes tombées sur le chemin lumineux mais ombrageux de la démocratie» pour s’être opposés contre un troisième mandat de Abdoulaye Wade.
Écrit dans un «style simple», «agréable» et «télégraphique», ce livre sonne aussi l'alarme. «Nous ne sommes pas à l’abri de ce qui se passe ailleurs en Afrique. A force de jouer avec le feu, on finit par se brûler», prévient le politologue.