Babacar Ngom et l’Ipas n'agréent pas les investissements russes à Fatick
L’Interprofession avicole sénégalaise (Ipas) n’apprécie pas la construction d’une usine de traitement de produits avicoles à Fatick. Selon son président, Babacar Ngom, le développement de la filière doit se faire d’abord par les Sénégalais.
Alors que le chef de l'État s'enorgueillit des investissements de ressortissants russes dans l'aviculture à Fatick, le président de l’Interprofession avicole sénégalaise (Ipas), Babacar Ngom, nage à contre-courant. Il se dit opposé à la construction d’une usine de traitement de produits avicoles dans ladite région dont les investissements, déclarés d’un coût de 74 milliards F Cfa, sont assurés par Nicolaï Andronovich, homme d’affaires russe. Le projet devrait employer 500 personnes dans sa phase finale, et l’investisseur entend recruter 300 travailleurs sénégalais qui seront formés en Russie et y travailler pendant deux ans avant de revenir à l’usine au Sénégal.
Las ! Selon M. Ngom, le souhait de l’Ipas est de ‘’développer la filière avicole [mais] ce développement doit se faire d’abord par les Sénégalais''. ‘’Personnellement, je ne suis pas d’accord pour cet investissement. Si ça se fait, je n’y peux rien, mais je ne suis pas tout à fait encouragé à faire venir des gens de l’étranger'', a dit M. Ngom, hier à Dakar, en marge de l’installation officielle du bureau de l’Interprofession avicole sénégalaise.
Aussi, le président du groupe avicole Sedima a-t-il attiré l’attention des autorités sur le développement de la filière avicole au Sénégal. ''S’il y a des secteurs sur lesquels les Sénégalais sont bons, il ne faut pas que des gens viennent de l’étranger pour les bousculer. Il y a des choses qui sont à notre portée ; et quelqu’un qui viendrait, avec 80 milliards, prendre tout le marché, qu’est-ce qu’on va faire de ces 30 000 emplois ?’’ se demande-t-il.
130 milliards de chiffre d’affaires
Durant ces 5 dernières années, le sous-secteur avicole a connu un investissement de plus de 20 milliards de F Cfa, d’après le président de l’Ipas. A l'en croire, ‘’la filière avicole est l’une des filières agroalimentaires les plus porteuses d’espoir pour la réduction de la pauvreté et la croissance économique'' au Sénégal. En outre, souligne-t-il, a elle seule, la filière représente 17% du PIB de l’élevage, avec un chiffre d’affaires global estimé à près de 130 milliards de F Cfa en 2011, pour plus de 30 000 emplois directs et indirects.
Cependant, déplore Babacar Ngom, le secteur fait face à une insuffisance de financement de l’activité, au renchérissement du coût des intrants, à des difficultés d’accès au foncier indispensable à l’extension des activités de la filière, à une absence de formation spécialisée et une faible valorisation des produits avicoles, entre autres.
‘’Notre objectif est de mettre sur le marché, chaque jour, des produits de qualité. 30 000 personnes travaillent dans le secteur et nous souhaitons le porter à 100 000 dans les prochaines années grâce à une augmentation des tailles, à une modernisation et une augmentation des investissements'', indique le président de l'Ipas.
ALIOU NGAMBY NDIAYE