Ce qui n’a pas marché…

Interrogé par ‘’EnQuête’’, un acteur de la filière, qui est intervenu à divers niveaux, mais qui a requis l’anonymat, a tenu à partager quelques réflexions.
Il affirme que chaque année, à cette période, un bilan de la campagne arachidière est déjà fait à travers un conseil interministériel. À cette occasion, on publiait toutes les données concernant la production ou dans le communiqué du Conseil des ministres. Cette année, souligne-t-il, ‘’on est au mois de mars et il a fallu que les producteurs élèvent la voix pour qu’on nous donne les premiers chiffres’’.
Au vu des chiffres avancés, 300 000 t d’arachide, il pense qu’’’il y a des inquiétudes à avoir’’. En effet, prévient-il, ‘’si l’on doit sortir de ce qu’on a collecté les semences de la prochaine campagne, c’est la catastrophe annoncée’’.
Selon lui, il y a ce qu’on appelle les semences certifiées et qui sont différentes des semences écrémées. ‘’Ces dernières, précise-t-il, sont toujours tirées de la production de l’année précédente. Ce qui fait qu’elles perdent leurs qualités végétatives. Elles sont lessivées, contrairement aux semences certifiées’’. Seulement, regrette-t-il, ‘’on n’a presque plus de semences certifiées’’.
Comme les opérateurs et les organisations paysannes interrogées par ‘’EnQuête’’, il affirme que la Sonacos n’a pas l’argent pour les moyens de sa politique de départ et ses usines n’ont pas la capacité de triturer les 155 000 t acquises. ‘’La marche des usines est certes lancée certes, mais ces usines ne peuvent pas encore triturer 150 000 à 200 000 t de graines. Les usines ont certes allumé ce qu’on appelle les chaudières. C’est la partie qui alimente l’usine en énergie, mais à part Dakar qui a une installation neuve juste sur le raffinage (prendre de l’huile brute à nettoyer et raffiner), les usines ont des installations vétustes. Il faut comprendre qu’il y a toute une chaîne qui va de la réception des graines, de leur décorticage à la presserie (on presse les graines pour sortir l’huile brute). Il y a également le raffinage et c'est le processus qui permet d’avoir du rakaal. C’est toute cette chaîne qui doit fonctionner pour dire que l’usine fonctionne à plein temps. Ce qui n’est pas encore le cas. À part le décorticage, ils ne peuvent rien faire d’autre, si ce n’est du raffinage à Dakar’’.
D’après lui, même les dates de démarrage des usines annoncées ne sont pas toutes vraies. Il cite ‘’la Sonacos Lyndiane de Kaolack, dont on a mis difficilement en fonction la chaudière dans la nuit du 31 décembre 2024 au 1er janvier 2025’’. D’ailleurs, sourit-il, dans leur jargon, ils disent avoir mis une année pour faire tourner l’usine.
Il insiste : ‘’La Sonacos n’a pas l’outil industriel pour triturer, travailler, transformer les tonnes qu’elle dit disposer. Subtilement, elle a commencé à vendre l’arachide décortiquée. Et ceux qui vont l’acheter n’ont pas d’usine pour la triturer. C’est ce qui explique en réalité l’ouverture des exportations. C’est pour permettre à ceux qui achètent l’arachide de la Sonacos de la revendre, sinon personne ne va l’acheter.’’