Publié le 21 Jan 2018 - 12:45
AVIS D’INEXPERT PAR JEAN MEÏSSA DIOP

Pas représentatif, pas de place dans l’agenda de la presse

 

La presse ne devrait-elle pas, elle aussi, tirer la conséquence des résultats des élections de représentativité des syndicats d’enseignants et arrêter de médiatiser des individus qui, on le voit à présent et désormais, ne parlent pour personne d’autre qu’eux-mêmes ?

La polémique surgie au moment des pourparlers entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement, devrait avoir donné à méditer aux médias qui, on le vérifie à l’issue de la rencontre syndicats d’enseignants-gouvernement depuis et pendant des années, auront surmédiatisé, voire créé de toutes pièces des vedettes qui n’en étaient pas, qui n’avaient rien que leur bagout, rien qu’une formation syndicale qui, pour ainsi dire, n’avait pas légitimité à occuper de la sorte les médias et être sous les feux de l’actualité. Avec, à la clé, un discours comminatoire qui est ainsi une menace contre l’école sénégalaise. Un discours où il est toujours question d’argent, d’urgences alimentaires, de préoccupations pécuniaires plus que, par exemple, des conditions matérielles et d’environnement d’apprentissage des écoliers.

La déconvenue de ces syndicats ‘’non-représentatifs’’ (à la suite d’élections) est la conséquence fâcheuse du pouvoir ou fonction d’amplification des médias. Conséquence néfaste aussi de cette fonction d’agenda qui a consisté à projeter au-devant de l’actualité des individus et leurs formations syndicales qui, en terme démocratique et démographique, n’étaient pas mandatés par ceux au nom de qui ils ont prétendu parler.

Les négociations gouvernement-syndicats d’enseignants auront été un révélateur intéressant ou alors ont sifflé la récréation à la fin de laquelle les ‘’non-représentatifs’’  devraient, comme le préconisent deux leaders syndicaux, en l’occurrence Ndongo Sarr et Abdou Faty, retourner dans les classes plutôt que d’agiter un contentieux électoral hors-saison et de principe.

De tout cela, la presse devrait avoir tiré la conséquence et les enseignements. N’importe qui ne peut être inscrit sur l’‘’agenda’’ de couverture de l’actualité par une rédaction. Et une vérité comme celle-là découle de cette autre fonction dite ‘’de légitimation’’ attribuée à la presse. La ‘’fonction d’agenda’’ théorisée par Paul Lazarsfeld, sociologue des médias, étant que ‘’le choix de certains thèmes d'actualité plutôt que d'autres par les médias, peut jouer un rôle politique majeur en tant qu'il oriente ce sur quoi l'opinion des gens va se porter’’.

Il nous souvient que dans les années 90, lors d’une discussion avec l’alors président de l’organe de régulation du Bénin (Haac), William Alyko, ce dernier nous expliquait que l’accès aux médias des formations politiques était organisé par la loi de manière telle  que tout parti qui n’avait pas obtenu 5 % aux élections n’avait pas droit de s’y exprimer. Et la presse était tenue de s’en tenir à cette restriction légale. Peut-être qu’au Sénégal il faudra en arriver à ce corsetage. Autant pour les partis politiques que pour les syndicats d’enseignants, deux secteurs au sein desquels s’est produit une inflation spectaculaire, chaque formation réclamant un accès aux médias (publics), surtout les privés, ne se faisant pas prier ou subissant une cour éreintante par deux pelés et trois tondus pour médiatiser et donner ainsi visibilité à des structures qui ont plutôt vocation à rester dans l’obscurité.

Bien sûr que cette restriction peut comporter bien des inconvénients en ce que les élections, si démocratiques soient-elles, n’écartent pas que les mauvais discours ; elles peuvent exclure de la parole des idées pertinentes et productives.

Post-scriptum : Quelle est la toponymie ou l’orthographe exacte de cette forêt de la région sénégalaise de Casamance où a été perpétré l’assassinat de 14 coupeurs de bois ? On a lu toutes sortes de transcriptions se contredisant les unes les autres sans que le lecteur non-averti soit fixé sur la bonne : Bofa-Bayottes, Bayote, Baillotes, Baffa, Bofa Baïnounk, Nyassa, Niassya… Et quelle autre transcription encore ?! Pourtant, c’est au Sénégal, et nulle part ailleurs ! Il faudra peut-être demander aux autorités administratives de la région, du département, de l’arrondissement de survenue du pogrom, un vrai.

 

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