Promesse de régulation renforcée
« Vous avez enrichi la doctrine de la régulation », a assuré le chef de l’Etat Macky Sall au président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel Babacar Touré venu à la tête du Collège de l’institution, le 16 août dernier, lui présenter le rapport annuel 2017 de l’organe de régulation.
En affirmant qu’il y a eu enrichissement de la doctrine de la régulation, le chef de l’Etat a, sans doute, pensé à ces initiatives hardies, certes pas forcément inscrites dans la loi créant le Cnra, mais représentant, tout de même, des avancées et des originalités à inscrire à l’actif de M. Touré crédité d’un « leadership » ici salué par Macky Sall. « Vous avez, de manière incontestable, imprimé une nouvelle dynamique à la régulation dans notre paysage audiovisuel. Par votre approche fondée sur la pédagogie, par la rigueur et l’exhaustivité du monitoring, par la régularité et le sens critique de vos rapports, par le souci de capitalisation, vous avez enrichi considérablement la doctrine de la régulation », déclare le président Sall.
A notre avis, la corégulation peut et doit être inscrite dans ces initiatives lancées par le Cnra au cours de ces six dernières années et ayant consisté, pour l’organe de régulation, à nouer un partenariat avec des acteurs comme l’Association des professionnels de la presse en-ligne (Appel) et l’Association des professionnels et acteurs des industries culturelles en Afrique de l’Ouest (Rapeicao), pour des contenus de médias audiovisuels qui tiennent compte des intérêts des différentes catégories d’usagers.
Ici, il s’agit, notamment, d’une attention insistante au jeune public, à une « éducation aux médias et par les médias », cet aspect ayant d’ailleurs été le thème d’un séminaire tenu le 4 août dernier par le Rapeicao et auquel le Cnra avait pris part.
La mise en place d’un service monitoring qui permet désormais d’avoir un œil et une oreille sur les contenus des organes du paysage audiovisuel sénégalais… Et le dernier acte public a été cet atelier de réflexion et de partage sur le secteur de la publicité tenu les 6 et 7 août derniers à Dakar.
Et des chantiers qui devraient être parachevés par l’équipe qui prendra le relais : la signalétique sur les programmes ; la typologie des radios…
Le président de la République, comme pour apporter sa touche à cette action, a promis de renforcer le Cnra pour qu’il n’ait plus « les poings liés », comme l’a estimé un participant lors du séminaire du Rapeicao sur l’éducation aux médias.
Au Cnra, la prochaine équipe trouvera d’autres chantiers en cours de réalisation mais qui mériteraient d’être achevés vu leurs objectifs susceptibles de montrer un nouveau visage de la régulation et de ce que peut être un organe de régulation. Nous pensons ici au projet d’institution d’une signalétique sur les écrans des chaînes de télévision et même sur les ondes des radios.
Le dernier acte qui se distingue par son brio et son originalité aura été l’atelier de réflexion et de partage sur la publicité à travers les médias audiovisuels et dont un des objectifs est d’adapter cette publicité aux réalités et aux outils en usage dans le secteur – et aussi à l’éthique qu’elle postule.
« Si tout ce travail a été possible, estime le président Sall, c’est certes grâce à votre engagement, votre générosité et votre attachement aux intérêts des différentes couches de la population, particulièrement les publics jeunes. C’est surtout aussi grâce au leadership du président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel, Monsieur Babacar Touré. »
« En raison de l’ampleur des mutations si rapides dans le secteur de la communication, la régulation est devenue, à la fois un enjeu et un défi crucial de notre époque.
Outre l’accroissement des moyens de communication, nous assistons à une véritable révolution des outils, des modes et des contenus qui impactent profondément les rapports sociaux. »
C’est pour toutes ces raisons que le président Sall a annoncé sa « décision » (sic) de « renforcer encore le Cnra de façon conséquente afin que cet organe précieux, dans un contexte démocratique, puisse assumer davantage son rôle en couvrant davantage son champ et en disposant des diverses compétences que requièrent les mutations dans le secteur de la communication ».
La régulation y trouvera plus de force.
Jean Meïssa DIOP