Cap sur la Présidentielle de 2024
Les Législatives sont passées et le scrutin présidentiel arrive à grands pas. Conscient de cela, le parti Awalé est sorti de la coalition Alternative pour une Assemblée de rupture (Aar Sénégal), en vue des échéances électorales de 2024. L'annonce est faite hier par le leader du parti, en l'occurrence Abdourahmane Diouf. L'opposant politique est revenu sur plusieurs points qui font l'actualité politique du pays. Il a surtout rabaissé le président Macky Sall et son Premier ministre.
C'est désormais officiel. Abdourahmane Diouf ne fait plus partie de l'Alternative pour une Assemblée de rupture (Aar Sénégal). L'homme politique et la coalition avaient un objectif bien déterminé : la 14e législature. Cette étape franchie, place maintenant à d'autres ambitions. C'est la raison pour laquelle le leader du parti Awalé a remercié ses ex-collaborateurs : ''Aar, c'est fini. Nous reprenons le flambeau d’Awalé, qui n'a jamais été laissé d'ailleurs. Maintenant, nous regardons l'avenir.''
Le docteur en droit international précise tout de même que cette décision de sortir d’Aar n'est pas le résultat de frustrations ou de déceptions. Mais son parti sort de la coalition, parce que la charte signée avec celle-ci ne s'arrêtait qu'aux Législatives. C'est ainsi qu'il a remercié tous les membres pour se concentrer sur son avenir politique pour 2024. Alors qu’Awalé fêtera son premier anniversaire dimanche prochain (31 octobre), Abdourahmane Diouf donne rendez-vous aux Sénégalais.
Sans apporter trop de précisions, il fait savoir que son parti participera à la Présidentielle de 2024. ''Awalé devrait pouvoir présenter un candidat à la prochaine élection présidentielle. Maintenant, est-ce que je dois être candidat ou que je dois soutenir un des nôtres ? Tout cela sera dit lors de l'anniversaire du parti''.
L'État tâtonne…
Au-delà d'annoncer la décision de son parti de sortir d’Aar Sénégal, Abdourahmane Diouf s'est prononcé sur la situation politique du pays. Mais il est tout sauf doux avec le régime en place. Connu pour son franc-parler et la pertinence de ses analyses, le leader d’Awalé s'en est pris aux décisions de l'État concernant l'amélioration des conditions de vie des citoyens. "Je n'attends pas grand-chose des quinze mesures édictées par Macky Sall. Ce sont des mesures de panique qui ne vont pas régler grand-chose'', persifle-t-il.
Pour lui, c'est déjà peine perdue pour l'État du Sénégal, car ce n'est pas en quinze mois que ces choses vont être réglées. Sur l'information selon laquelle l'État aurait l'intention de dégager une subvention de 100 milliards de francs CFA pour casser les prix sur le marché, l'opposant politique est sans langue de bois. "Je ne suis pas de ces hommes politiques qui récusent des mesures sociales. Mais attendre le dernier virage pour le faire, c'est du tâtonnement''. Et loin de s'en arrêter là, il enchaîne que le président Macky Sall aurait pu trouver, en dix ans, un système qui produit du blé et autres. Mais aussi et surtout, un système qui aurait permis l'autosuffisance en riz.
À son avis, avoir une souveraineté alimentaire est une tâche qui se fait sur le long terme. Il déclare : "La souveraineté alimentaire ne se fait pas en deux ou trois ans. Macky Sall et son ministre de l'Agriculture savent qu'ils ne vont pas y arriver. Il ne leur reste que quelques mois. Ils essaient de faire croire aux Sénégalais que c'est possible en si peu de temps. Ce qui n'est pas le cas. Une souveraineté alimentaire avec un seul hivernage, les Sénégalais savent que c'est impossible.''
Pour le patriotisme économique…
Le leader d’Awalé est aussi revenu sur le récent gouvernement mis en place. Alors qu’Amadou Bâ, Premier ministre, doit faire sa déclaration de politique générale le 17 décembre 2022, l'ancien membre d’Aar Sénégal déclare : "Pour moi, le discours de M. Bâ doit se résumer en deux petits mots simplement : 'Au revoir et merci.' Car, poursuit-il, le président de la République et son Premier ministre ne peuvent pas ''se transformer ou se réinventer pour être au service des secteurs de l'économie en quinze mois''. On peut donc comprendre, à travers sa déclaration, qu'il ne peut y avoir de miracle.
Puis, s’adressant au Premier ministre, il a ajouté : "Ne mettez pas notre économie entre les mains d'étrangers.'' D'après lui, Amadou Bâ, tout comme le président Macky Sall, ne croit pas pouvoir travailler sans une main étrangère. D'ailleurs, il s'en est pris au chef de l'État. ''Macky Sall est un complexé. Il attend toujours que l'étranger lui fasse des éloges pour penser qu'il est le meilleur. Autrement, il attend toujours l'appréciation d'étrangers et non de Sénégalais''.
‘’Nous sommes une République 'mastata'
Dans son intervention, Abdourahmane Diouf a dénoncé le comportement des dirigeants face à l'étranger. À l'en croire, l'État du Sénégal aime quémander. C'est pourquoi, dit-il, il y a 279 milliards de dons budgétaires. Et cela n'est autre que le fruit d'un comportement consistant à tendre la main à l'étranger. Et c'est ce qu'il appelle la République ''mastata'' (Une République qui tend la main et à laquelle on donne). A son avis, le Sénégal doit pouvoir voler de ses propres ailes. Et cela n'est possible qu'avec le patriotisme économique. ''Le Sénégal d'abord, comme c'est partout dans le monde avec les pays. C'est vrai qu'on vit dans une mondialisation, mais chaque pays protège ses propres intérêts. C'est pourquoi on voit partout 'la France d'abord', 'la Chine d'abord', 'les États-Unis d'abord...’’’.
Pour asseoir un développement solide, le Sénégal doit, poursuit-il, définir une politique économique sérieuse. "Cette République du Sénégal est une résultante de la pensée de De Gaulle que nous appliquons toujours. Il nous faut une vraie République sénégalaise. Nous devons avoir un système financier conforme à notre façon de faire'', lance-t-il.
Sur le même sujet relatif au développement, l'auteur du livre ‘’Démocratie de concordance’’ s'est intéressé aux hydrocarbures qui font aussi l'objet de débat. L'homme politique est prudent quant aux contrats. C'est ainsi qu'il laisse entendre : "Quand on est dans un pays où l’on parle de pétrole et de gaz depuis un certain nombre d'années, les contrats devraient être mis sur la place publique. Cela doit être clair dans la tête de tous les citoyens.''
En outre, il pense que ces ressources naturelles doivent aussi être bénéfiques à la progéniture. ''Il faut des mesures pour une prise en charge des générations futures'', fait savoir l'opposant politique qui dit être contre l'homosexualité et fait partie de ceux-là qui la combattent. ''S'il y a un seul Sénégalais qui doit combattre l'homosexualité, c'est bien moi''. Une façon de répondre à ses détracteurs qui l'accusaient récemment de défendre cet acte contre-nature.
El hadji Fodé Sarr