Publié le 10 May 2014 - 07:41
BILAN DE LA DERNIÈRE BIENNALE DE DAKAR

Entre déceptions et satisfactions

 

EnQuête a donné la parole à des acteurs culturels de la dernière édition du Dak'Art de 2012. Ils livrent leurs impressions et font des suggestions sur l'évolution de l'événement.
 
 
 
Aujourd'hui s'ouvre la onzième édition de la biennale d'art africain contemporain de Dakar (Dak'Art). EnQuête jette un regard rétrospectif sur l'organisation de l'édition de  2012. ''Je me suis demandé : quels étaient les critères de sélection des commissaires d'exposition pour choisir les œuvres''. C'est l'une des interrogations de la journaliste tunisienne Zouhour Harbaoui qui a couvert la dernière édition.
 
La chef du desk culture et secrétaire de la rédaction de Tunis-hebdo a eu, dit-elle,  ''l’impression qu’il y avait beaucoup de parti-pris dans cette sélection et encore plus dans l’attribution des prix''. Pour dire qu'elle n'était pas d'accord avec les attributions faites, Zouhour Harbaoui ajoute qu'elle en avait parlé à qui de droit et avait même proposé des solutions, afin que de tels problèmes ne surviennent plus à l'avenir. ''J’avais soulevé avec l’ancien secrétaire général de la biennale, Ousseynou Wade, qu’il fallait que les commissaires ne s'occupent pas des régions dont ils sont issus.
 
Par exemple que le commissaire d’Afrique du Nord s’occupe de la sélection des artistes d’Afrique de l’Ouest, ainsi de suite. Et, à chaque biennale, faire une tournante. Je pense que ce serait plus intéressant et plus juste, dans le sens où chaque région possède sa propre culture, qui, il faut l’avouer, interfère dans son regard envers l’Art. Car, l’Art n’est pas neutre. La sensibilité, aussi, ne peut apporter la neutralité dans l’art'', a-t-elle plaidé. 
 
Primé en 1998, le plasticien Viyé Diba trouve que beaucoup d'eau coule sous les ponts entre la tenue de l’événement et la reddition des comptes. Du coup, regrette-t-il : ''On n'a pas vraiment de bilan concret.''. La meilleure des solutions, selon ses dires, est le changement de statut du Dak'Art. Comme l'actuel secrétaire général de la biennale de Dakar Babacar Mbaye Diop, Viyé Diba prône l'autonomie de cette manifestation. Il veut que la biennale ne dépende plus de l’État. ''C'est de cette manière qu'on peut aller vers la professionnalisation dans l'organisation'', dit-il. Babacar Mbaye avance que cela pourrait se faire d'ici 2015. 
 
''L’État met le cadre, à nous de mettre le contenu''
 
Sur le plan organisationnel, Zouhour Harbaoui ne se plaint pas. ''Je suis une personne indépendante. Du moment que j’ai mon badge et mon programme, je me débrouille toute seule comme une grande que je suis. Même en 2000, alors que j’étais en vacances à Dakar, j’avais demandé un badge pour couvrir la Biennale. Je l’ai eu et j’ai eu le programme, et j’ai fait mon programme toute seule.
 
Je pense qu’un(e) vrai(e) journaliste n’a pas besoin d’être encadré(e). Il ou elle a juste besoin qu’on lui donne les informations de base et qu’il ou elle trouve un vis-à-vis qui puisse répondre à ses questions. Franchement, Ousseynou Wade était toujours disponible pour cela'', souligne-t-elle.
 
Le commissaire de l'exposition ''hommage Pape Ibra Tall'', Kalidou Kassé, lui n'a que de bons souvenirs de 2012. ''J'ai trouvé bien le fait de rendre hommage à un artiste qui le méritait vraiment, Pape Ibra Tall, et de son vivant. Je pense qu'il faut continuer dans cette optique'', souligne-t-il. D'ailleurs, cet hommage avait valu à Pape Ibra Tall une invitation à Venise.
 
''Une délégation de la biennale de Venise a trouvé belles et bien faites les œuvres de Pape Ibra Tall. Ils l'ont invité et il y est allé avec l'actuel secrétaire général de la biennale'', renseigne le peintre du Sahel. Par conséquent, il considère que la biennale peut avoir des retombées positives pour les artistes. Donc, dit-il : ''C'est à nous artistes de nous approprier l’événement. L’État met le cadre, à nous de mettre le contenu.'' 
BIGUÉ BOB

 

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