DJ La terreur
Avec son carnet d’adresses bien garni, Papis Konaté s’illustre comme étant l’arrangeur le plus sollicité de sa génération. Cette réputation a fait de lui un label d’espoir pour plusieurs jeunes talents de la musique sénégalaise. Après avoir mis le défunt Ndongo Lo sur orbite, il contribue aujourd’hui à la belle épopée que sont en train d’écrire Pape Diouf et la «Génération consciente».
Une histoire de famille
Depuis près d’un quart de siècle, Papis Konaté flirte avec la musique. C’est une passion héréditaire pour cet arrangeur qui a marqué de son empreinte digitale la musique sénégalaise. Chez les Konaté, la musique est une affaire de famille qui s’est transmise de père en fils. Mady, le père, fait partie de ces musiciens qui ont souri avec les dents de lait de la musique sénégalaise dans les années 70. C’est la génération de légendes constituée de Laba Sosseh, Pape Seck, Maguette Ndiaye, etc. Mais il y a surtout le grand-frère, Ibou, qui a animé avec sa trompette les cuivres du Super Diamono de Dakar.
Papis, lui, ne s’empresse pas de suivre la voie de la musique tout de suite. L'envie de s’exprimer sur les platines comme DJ domine sa jeunesse. Il garde encore en mémoire l’ambiance des nuits chaudes : «comme disc-jockey, tout le monde me connaissait sous le nom de la Terreur.» Malgré la volonté manifeste de son père d'en faire un musicien comme lui-même et son grand-frère, Papis Konaté ne quitte pas son manteau de D-J. Plutôt que de changer les disques sur la platine pour une animation variée, il s’intéresse à la diversité des sonorités. «Le fait que j’étais disc-jockey m’a permis d’écouter plusieurs sonorités musicales», reconnaît-il dans les locaux de son studio qu'il a ouvert à EnQuête. C'est finalement cette passion folle de jeunesse qui va stimuler chez lui le désir de marcher sur la voie que son défunt père avait suggérée et tracée. Aujourd'hui, il tient pourtant à rétablir une certaine vérité historique. «C'est moi et moi seul qui ai pris seul la décision d’embrasser une carrière de musicien sans que ni mon père ni mon frère n’aient eu besoin de m’influencer.»
Le symbole de la continuité
Désormais résolu à suivre le sillage musical de ses devanciers dans la famille Konaté, Papis choisit de s’inscrire au Conservatoire pour mieux s’outiller. Ce passage à l'école lui permettra d’intégrer l’Orchestre national quelques années plus tard. Claviériste considéré comme pétri de talent, il s’illustre en propulsant au firmament des chanteurs comme Assane Ndiaye, Fatou Guéwel et d’autres. Mais c'est sa rencontre avec feu Ndongo Lo qui aiguise ses talents d’arrangeur. La voix symphonique de la pépite dorée de Pikine l’emballe au premier chant. «C’est Papa Ndiaye Guéwel qui me l’avait présenté la première fois», lâche-t-il. A partir de ce moment, Papis n’entend point lâcher cet oiseau rare. Mieux, il confondre son destin musical au sien le jour où un producteur, un certain Talla Diagne, lui confie la direction artistique de Ndortel ; le premier album du défunt Ndongo Lo. Conséquence immédiate et heureuse due au succès de cette production : la naissance du groupe Jam.
Après la disparition brutale de la nouvelle star pikinoise, Papis Konaté se retire dans son studio pour signer une multitude d’arrangements avant de rejoindre Pape Diouf et la «Génération consciente». Dans cette nouvelle expérience, il trouve enfin l’opportunité de poursuivre le travail entamé avec le groupe Jam. Aujourd’hui, il s'est fait une solide conviction : «Ndongo Lo est certes irremplaçable, mais Pape Diouf ira plus loin.»
Almamy CAMARA
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