Entre casse-tête et bonne affaire chez les commerçants
Sur l'endroit où était placé même le podium lors des manifestations du M-23, se sont garés un pick up et le canon à eau de la police. Derrière eux, le terrain de football est inoccupé. Un adulte en blouson noir fait quelques tours de terrain. Des jeunes, juste à côté d'un container, discutent autour du thé. Les passants jettent des coups d’œil sur les forces de l'ordre. Ils commentent et rigolent souvent.
Quatre filles passent à quelques mètres d'eux, elles taquinent les policiers qui ne semblent pas les entendre. À côté de ces hommes aux casques et matraques, se trouvent juste à quelques mètres des boutiques qui avaient baissé rideau avant-hier soir à cette heure même lors du rassemblement du mouvement du 23 juin (M-23) contre la candidature de Me Wade validée par le Conseil constitutionnel. Dans ce magasin de réparation de scooter, un jeune s'affaire pour en réparer un. Deux adultes eux sont en pleine discussion.
''Même si je viens travailler, je plie bagage avant la fin...''
''À chaque fois qu'il y a manifestation, je ne pense même pas ouvrir'', lance le gérant. En effet, pendant ces manifestations, beaucoup de vendeurs préfèrent baisser leur rideau. C'est le cas de cette boutique de vente d'habits prêts-à-porter. ''Vous savez que c'est dangereux d'ouvrir sa boutique lors qu'il y a manifestation à cause des tensions qui sévissent après ces dernières''. Ibrahima, vendeur de fruits, quant à lui, n'en a cure des manifestations. ''Depuis qu'ils ont commencé les manifestations, je ne suis jamais resté chez moi, à chaque je viens vendre''.
Cependant, ce jeune Guinéen n'y reste pas jusqu'à une certaine heure. ''Même si je viens travailler, je plie bagage avant la fin, car je ne veux pas être la cible des jeunes manifestants'', lance-t-il.
Et ceci constitue un manque à gagner pour ces vendeurs. ''Le vendredi passé par exemple, j'ai dit à des clients qui voulaient venir ici que je n'y serais pas à cause du rassemblement du M-23. Et ceci m'a fait perdre beaucoup d'argent'', explique le jeune réparateur de scooters. Si certains ferment boutique pendant ce rassemblement, d'autres par contre préfèrent travailler et en profiter pour vendre.
En face de l'endroit où sont garées les forces de l'ordre, se trouve une gargote. ''Nous profitons à chaque fois des manifestations du M-23 pour nous faire de l'argent comme le vendredi passé où les gens ont passé la journée à la place'', confie Nafi, la gérante. Comme le vendeur de fruits, la restauratrice aussi, pour des raisons de sécurité, rentre souvent plus tôt que prévu.
Plus loin, c'est un autre restaurant plus grand que la gargote. Ici, c'est hier matin seulement que les portes ont été rouvertes. ''Ces rassemblements nous font perdre beaucoup d'argent et de clients surtout avec leurs issus souvent déplorables'', lance un jeune les yeux rivés sur l'écran de télévision dans l'attente du match. Même scénario également dans la station d'à côté.
AMADOU THIAM