La date du 30 mai annoncée
Les partis politiques et forces vives de la nation qui souhaitent siéger à la table du dialogue appelé par le président de la République Macky Sall peuvent se tenir prêts pour la fin du mois de mai.
Bientôt deux mois qu’un appel au dialogue a été lancé par le président de la République Macky Sall entre les forces vives de la nation. Depuis, beaucoup d’avis ont été communiqués, favorables dans la plupart des cas. Si le volet politique a pris le pas sur les autres considérations autour du dialogue, une date a enfin été avancée pour lancer ces discussions autour de la stabilité du pays. Selon RFM qui a donné l’information, les acteurs du dialogue vont débuter leurs rencontres à partir du 30 mai prochain. Et comme l’avait laissé entendre le président de la République, les discussions ne devraient pas s'éterniser. Une quinzaine de jours est évoquée.
Dans son adresse à la nation, à l’occasion de la célébration de l’accession à l’indépendance du Sénégal, le président de la République a rappelé l’impératif de garder la paix sociale léguée aux générations futures. C’est ainsi que Macky Sall rappelé sa disposition à s’ouvrir aux autres, dans un contexte sociopolitique tendu : ‘’Je reste ouvert au dialogue et à la concertation, avec toutes les forces vives de la nation, dans le respect de l’Etat de droit et des Institutions de la République, pour un Sénégal uni, un Sénégal de paix, de stabilité et de cohésion nationale.’’
Un climat social plus tendu que jamais
Sauf que depuis cet épisode, le climat social a empiré. Depuis le début de semaine, des manifestations violentes ont eu lieu à travers le pays et principalement à Ziguinchor, fief du leader de l’opposition Ousmane Sonko. Face aux rumeurs de son arrestation dans le cadre du procès pour des accusations de viol qui l’oppose à une masseuse d’un salon de beauté, ses partisans se sont érigés en bouclier humain autour de son lieu de résidence, faisant face aux forces de l’ordre.
Une situation due principalement aux procédures judiciaires à l’encontre du principal opposant du pays, Ousmane Sonko. Depuis cet appel, le leader de Pastef, qui a rejeté l’offre du président de la République, a vu sa condamnation à deux mois de prison avec sursis et 200 millions de FCFA de dommages et intérêts passer à six mois de prison avec sursis en plus d’une contrainte par corps au maximum sur le montant des dommages et intérêts, dans le procès en diffamation qui l’oppose au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang.
Un appel peut en cacher un autre
Le premier verdict a été salué en ce qu’il n'entrave pas l’éligibilité du maire de Ziguinchor en vue de l’élection présidentielle du 25 février 2024. Mais sur appel du parquet, et du ministre membre du parti au pouvoir, APR, la condamnation en appel, si elle confirmée par la Cour Suprême, prive Ousmane Sonko de la possibilité d’être candidat à la présidentielle. A moins d’une modification des articles L.29 et L.30 du code électoral.
Ce dialogue va se dérouler alors que le principal opposant au régime est de nouveau attrait devant les tribunaux la semaine prochaine dans un procès pour viols et menaces de mort. Le procès déjà programmé le 16 mai dernier devrait reprendre ce 23 mai suite à un premier renvoi d’office. Si la présence du principal accusé fait débat, un jugement par contumace évoqué, le dialogue devrait tout de même se tenir en plein procès pour lequel Ousmane Sonko dénonce un complot destiné à l’écarter du pouvoir.
Un dialogue en plein procès du principal opposant
Interrogé sur sa volonté ou non de barrer des adversaires politiques en vue de la Présidentielle, après la célébration de la fête de Korité, Macky Sall avait répondu : ‘’Rien ne m’oblige à appeler au dialogue politique. Je sais juste que cela peut permettre à certains de revenir dans le jeu politique. Et si je ne le fais pas, ils ont beau dire qu’ils vont se présenter, mais ils ne seront pas candidats.’’ Référence faite à l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall et à Karim Wade, fils de l’ex président de la République Abdoulaye Wade, qui ont déjà annoncé leurs intentions de participer à la prochaine course vers le palais. Une situation qui pourrait également frapper Ousmane Sonko.
Si les deux opposants recalés à la présidentielle 2019 sont quelque peu ‘’obligés’’ de participer au dialogue pour avoir une chance d’être sur la liste des candidats en 2024, leurs formations politiques ayant donné leur accord, le leader de Pastef soutient que ‘’le dialogue, tel qu’il est conçu pour le moment’’, n’est rien d’autre qu’un moyen de ‘’valider une troisième candidature anticonstitutionnelle’’ de Macky Sall, ‘’d’isoler Ousmane Sonko et casser l’opposition en donnant un bonbon à sucer à chacun.’’
L’opposition déjà fissurée
Une de ces ‘’prédictions’’ de l’opposant est en passe de se réaliser. Ousmane Sonko et l’un de ses plus grands soutiens, numéro 2 de la coalition Taxawu Sénégal, Barthélémy Diaz sont au bord de la rupture, en raison de l’opportunité autour d’une participation de Khalifa Sall à la Présidentielle, conditionnée à sa présence au dialogue. Sans oublier le ‘’gentleman agreement’’ entre Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal, deux coalition dont la jonction a privé le pouvoir de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, qui semble appartenir au passé.
Si les partis politiques de Khalifa Sall et Karim Wade sont prêts à participer au dialogue, ce n’est pas le cas pour d’autres figures de l’opposition. À l’image Ousmane Sonko, Déthié Fall, Malick Gakou, Aïda Mbodji, d’autres ténors de la plus grande coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi, ont rejeté l’appel du président de la République. C’est aussi le cas des organisations de la société civile réunies au sein du mouvement F24 qui s’oppose à une troisième candidature de Macky Sall en 2024.
Lamine Diouf