Publié le 17 Sep 2015 - 17:01
DIRECTION DE LA PROTECTION ET DE LA SURVEILLANCE DES PECHES (DPSP)

Controverse autour d’une amende de 150 millions FCFA

 

Les 150 millions d’amende infligée à un navire qui pêchait illégalement dans les eaux sénégalaises opposent le Collectif des Syndicats de l’Administration des Pêches (COSAP) au directeur de la Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches (DPSP). Le COSAP menace de saisir la Cour Suprême.

 

Hier  en conférence de presse, le Collectif des Syndicats de l’Administration des Pêches a révélé qu’un navire a été pris en flagrant délit de pêche sans autorisation dans les eaux sous juridiction sénégalaise et verbalisé par El Hadji Habib Badiane, agent de la Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches (DPSP), lors d’une mission de surveillance des pêches avec la vedette Baye Sogui de la DPSP, le 12 mai 2015. Ainsi, une amende de 150 millions a été infligée au fautif. Cette somme devait être repartie en fonction des dispositions du décret 91-600 du 18 juin 1991 fixant la répartition des amendes en matière de pêche. Mais, à leur grande surprise, « le directeur de DPSP, Colonel Cheikh Sarr, a arbitrairement pris la décision d’octroyer la paternité de cet arraisonnement à la Marine Nationale ». Selon Birahima Diop, secrétaire administratif du syndicat des services de pêche, « cette décision est entachée d’une erreur manifeste d’appréciation et d’une volonté inavouée de phagocytose et de militarisme de la DPSP ».

Selon les explications d’El Hadji Habib Badiane, la surveillance des pêches au Sénégal est dévolue à la DPSP. Pour les bateaux de pêche, une direction a été créée afin de superviser et contrôler les bateaux de pêche en mer. ‘’La Marine, la douane, la gendarmerie et l’armée de l’air nous aident dans notre tâche. Donc, pourquoi attribuer cette paternité à la marine ? Dans la répartition du décret, il a été bien dit que les 20% vont à la structure qui a procédé à l’arraisonnement. On dit aussi qu’il y a un pourcentage pour le verbalisateur et le tiers. Ici, la Marine est considérée comme tiers. Donc, elle a sa part, mais vouloir attribuer tout cet argent à la marine ! Nous, civils, refusons et nous attirons l’attention de l’opinion sur le fait que la surveillance des pêches est une tâche dévolue à la DPSP’’.

‘’Si le ministre nous déboute, on va saisir la Cour suprême’’

Ainsi, les syndicalistes révèlent avoir adressé une correspondance à leur ministre de tutelle, avec ampliation pour la Primature, le ministère des Forces armées, l’Etat-major Général des armées. « S’il nous déboute, on peut faire un autre recours administratif auprès de la Chambre administrative de la Cour suprême. On va continuer le combat en tout état de cause’’, renseigne-t-il. Les syndicalistes se disent déterminés à utiliser tous les moyens légaux pour préserver leurs intérêts. ‘’Nous continuerons nos plans d'actions jusqu'à ce que le directeur revienne à la raison. Depuis son arrivée, il est là pour nous militariser. On ne l'accepte pas. Il a cassé le social qu’il y avait », a pesté Amadou Lam, Secrétaire général du collectif.

Selon lui, « la direction des pêches fait partie du ministère de l’Economie maritime, pas des Forces armées. Si on arraisonne, nous n’avons jamais dit que la marine ne doit pas avoir sa part, parce qu’elle nous accompagne, mais prendre toute cette somme pour la donner à la marine, c’est problématique. Nous demandons à ce qu’on ne nous envoie plus de militaires pour le commandement de cette direction. Nous sommes des civils. Nous n’avons plus de promotion. Nous demandons au président de mieux penser à la prochaine nomination d’un civil à la tête de cette direction ».

BOUBACAR KOUROUMA SUR LA SURVEILLANCE DE NOS EAUX

‘’On donne à Macky Sall des informations erronées’’

 Le secrétaire administratif du Syndicat national des observateurs des pêches  n’est pas du tout optimiste quand à l’avenir des ressources halieutiques. A en croire Boubacar Kourouma, nos ressources sont menacées. ‘’On parle de surveillance et de protection, mais en réalité, il n’y a pas de protection, ni de surveillance au Sénégal. Il y a un pilotage à vue qui ne dit pas son nom. C’est une carence qui se manifeste, parce que nos eaux ne sont pas surveillées. On dit du n’importe quoi. C’est presque une nébuleuse si on parle de surveillance. Comment se fait-il que l’Etat du Sénégal, ayant mis plusieurs milliards pour la préservation de nos ressources halieutiques afin que les générations futures puissent en bénéficier, 80% des 100  navires qui sont là, les VMS, ne fonctionnent pas. Il y a une nébuleuse et le chef de l’Etat doit être interpellé, parce qu’on lui donne des informations erronées.’’ Selon lui, rien n’est contrôlé. ‘’Personne ne peut dire, de janvier à nos jours, la quantité qui a été prélevée. Les navires font ce qu’ils veulent.’’

VIVIANE DIATTA

 

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