Le «lycée fantôme» dont les autorités académiques ne voulaient pas
Sandiara s'offre en exemple aux Sénégalais. Sa population s'est mobilisée pour la construction d'un Cem et d'un lycée. L'accouchement très difficile de cet établissement est raconté dans un film projeté mardi soir au CICES et dont certains responsables académiques de Thiès ne voulaient point.
''Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays''. Cette citation de l'ancien Président américain John Fitzgerald Kennedy, les populations de Sandiara l'ont faite sienne. Loin de ces Sénégalais qui attendent tout de l’État, elles ont mis la main à la poche pour s'offrir des infrastructures de qualité.
C'est ainsi que l'histoire de cette petite communauté rurale, nichée entre Thiadiaye et Mbour, est relatée dans un film d'une heure 44 minutes présenté au public vendredi soir au CICES. ''Le lycée fantôme de Sandiara'' est le titre du documentaire produit par un fils de la région. Étant le chef de ce projet dont l'accouchement a été plus que pénible mais très honorable, le Dr Serigne Guèye Diop livre à l'opinion un «exemple de participation citoyenne» à la construction du pays. Il a mis ses moyens avant d'exhorter ses compatriotes de la localité à faire de même pour l'érection d'un Collège d'enseignement moyen (CEM).
''Même la petite vendeuse de cacahuètes a cotisé'', rapportent des témoins du film. La volonté de voir leurs enfants poursuivre leur scolarité sur place a été un facteur déterminant de leur participation, indique-t-on. En effet, les enfants de Sandiara étaient obligés d'aller à Mbour, Fatick, Kaolack ou Dakar après l'obtention de l'entrée en sixième pour continuer leur cursus, et très souvent dans des conditions difficiles, échappant ainsi à la surveillance de leurs parents. Par contre, d'autres n'ont pas les moyens de s'exiler, ce qui accentuait la déperdition scolaire. C'est ainsi qu'est née l'idée du Cem local, avant le lycée.
Toutefois, notent les initiateurs, certaines autorités académiques de la région de Thiès ont refusé d'affecter un personnel au lycée. D'où le nom de ''fantôme''. L'école ne figurait pas, même après sa construction, sur la carte scolaire sénégalaise. Et au niveau de l'inspection d'académie de Thiès, on parlait de ''lycée fantôme''. ''On a dû se battre et avec le soutien des parents d'élèves qui ont bien accepté de ramener leurs enfants en pleine année scolaire à Sandiara, on a ouvert l'école en février et les cours ont commencé'', se souviennent les témoins du documentaire.
Par la suite, le Président Macky Sall a effectué le déplacement pour inaugurer l'infrastructure jugée de dernier cri. Satisfait, il avait annoncé dans la foulée l'ouverture dès la rentrée d'un lycée technique à Sandiara dont il a posé la première pierre.