Publié le 19 Sep 2012 - 08:35
DR OUSMANE BA

 ''La violence s'est déplacée avec les esprits qui la portent''

 

 

Les cas d'agressions se sont multipliés ces temps-ci dans des quartiers dits résidentiels. Ce phénomène est expliqué par le sociologue Ousmane Ba.

 

 

''La majeure partie des infrastructures sont concentrées en ville. Les populations résidant dans la banlieue se ruent naturellement vers le lieu où est concentré tout ce dont ils ont besoin, tout ce dont ils peuvent rêver''. Selon le Docteur Ousmane Ba, sociologue enseignant-chercheur au département Sociologie de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, si la violence et les agressions se sont exportées de la banlieue vers les quartiers dits résidentiels, c'est parce qu'il y a eu ''un transfert de camp'' qui s'explique par le fait que ''la ville est devenue le point de chute, un lieu d'accueil, et n'est plus l'exclusive résidence des gens aisés''. ''Les gens dans la banlieue, poursuit-il, ne sont pas riches, ils sont obligés de venir en ville''. Par conséquent, dit-il : ''La violence s'est déplacée avec les esprits qui la portent.'' Par ailleurs, le sociologue évoque l'augmentation démographique considérable de la population dans les quartiers ''semi-résidentiels'', tels que Sacré-Coeur et HLM Grand-Yoff. ''Il y a aujourd'hui un surpeuplement des quartiers dits chics''. De deux enfants, on trouve, selon lui, aujourd'hui jusqu'à 8 ou 10 enfants dans les maisons. Aussi, ''ces quartiers chics sont devenus, avec l'explosion démographique, des quartiers semi-résidentiels''.

 

''L'infiltration des consciences par d'autres modèles''

D'une manière générale le Docteur Ousmane Ba considère que les gens doivent être vigilant sur «les activités illicites des gens à côté de nous» grâce à un «réflexe d'alerte». «Si nécessaire, ajoute-t-il, il faut aller suggérer à la police d'effectuer des recherches sur les personnes suspectées de vendre de la drogue», dans notre quartier, par exemple.

 

Au fond, souligne Ousmane Ba, notre environnement est frappé par «l'infiltration des consciences par d'autres modèles, références et valeurs culturelles» A ce titre, poursuit-il, «l'implicite désengagement de la société dans l’éducation est chaotique». Or, «l’échec d'une (bonne) politique de socialisation peut rendre possible l’expansion de la violence» dans toutes les couches de la société. Et dans un tel contexte, «l'individu laissé à lui-même est réceptif presque à tout ce qui se présente à lui comme valeurs, modèles, références.»

 

Par ailleurs, ajoute Ousmane Ba, «la position géostratégique du Sénégal est à considérer». En effet, souligne-t-il, notre pays «est une porte d'entrée pour l'Afrique de l'Ouest», imbu d'une réputation flatteuse. Or, tout se passe dans un environnement immédiat où des États plus ou moins proches sont aux prises avec des éléments de violence : conflits, coups d’État, guerres civiles, répressions, etc. Sous cet angle, «la présence d'autres individus d'autres nationalités parmi nous», dit-il, n'est pas un fait banal...

 

Police et agression

A ce niveau de la réflexion du sociologue, une question surgit : où est la Police ? Car, le sentiment d’insécurité qui les habite conduit finalement les gens à vouloir assurer leur propre protection. Le sociologue Ousmane Ba y voit «le symptôme d'une désorganisation sociale», «un cercle vicieux qui laissera toujours la société impuissante face au phénomène de la violence''. Pour y remédier, et entre autres solutions, il faut inverser la disproportion entre le stock de forces de l'ordre disponibles et en action et le stock de populations à protéger, souligne-t-il. Mais encore, rendre la «police citoyenne de sorte qu'elle fasse un travail de proximité» qui la rende sympathique à ceux et celles qu'elle doit protéger.

 

Sokhna Faye

 

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