Publié le 28 Jun 2012 - 21:54
EGYPTE

La révolution continue

 

Près de dix-huit mois après la chute d’Hosni Moubarak, les jeunes Egyptiens qui ont conduit la révolution oscillent entre espoirs et désillusions. L’élection de Mohamed Morsi à la tête du pays et la mainmise de l’armée sur l’appareil législatif ne satisfont pas leurs appétits démocratiques, mais ils entendent continuer à se battre pour une Egypte plus libre et plus égalitaire. Et ils savourent les acquis de leur révolution. Reportage au Caire.

 

« Nous sommes les révolutionnaires des quartiers bourgeois ! », plaisante Yéhia Gammal en sirotant son thé glacé. Agé de trente-neuf ans, titulaire d’un MBA, Yéhia est membre fondateur du groupe « Nouvelle république », qui tente de fédérer et d’organiser politiquement les jeunes qui ont investi la place Tahrir en janvier 2011, et auteur d’un blog http://egyptintransition.blogspot.com. C’est lui qui a fixé le café Bean comme lieu de rendez-vous pour évoquer avec deux autres jeunes Egyptiennes les acquis de la révolution, au lendemain de l’élection de Mohamed Morsi à la présidence.

 

« Bien sûr, l’élection de Mohamed Morsi et les nouveaux pouvoirs que s’est arrogée l’armée ne sont pas des bonnes nouvelles. Mais c’est une phase dans le processus révolutionnaire. Notre combat va continuer », assure-t-il avec confiance. Malak Labib, doctorante en histoire issue d’une famille copte, est elle aussi manifestante de la première heure sur la place Tahrir. Mais elle peine à partager l’optimisme affiché de son camarade. « La révolution s’essouffle, nous manquons d’organisation, d’imagination, estime-t-elle. Pour moi, le résultat de l’élection a été un véritable choc. Nous avons voté par défaut, même au premier tour. » Alya El Husseiny, 23 ans et étudiante en littérature ne cache pas non plus sa déception : « Le Parlement a été dissous, le pouvoir législatif est aux mains des forces armées, on ne peut plus parler de démocratie. Les forces armées sont maintenant le problème auquel la révolution doit faire face. » Mais Yéhia, lui, voit plus loin, et rappelle qu’aucune révolution n’a atteint ses objectifs en un an. « Nous nous organisons, nous ne lâcherons rien », assure-t-il.

 

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