Une coalition pour abattre les poulets importés
En conférence de presse, hier au siège de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), l’Union nationale des accouveurs professionnels du Sénégal (UNDAPS) s’est insurgée contre toute idée de levée d’interdiction sur les produits avicoles importés.
Le film «l'innocence des musulmans» a fini d'embraser le monde musulman. Au Sénégal, c'est un reportage sur les ''poulets américains'', diffusé avant-hier mercredi, sur la RTS, qui a fini de faire sortir les professionnels de l'aviculture de leurs poulaillers en criant : ''Y’en a marre'', ''Touche pas à nos poulets'', ''Daas fanaanal''. En conférence de presse hier à la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), les membres de l’Union nationale des accouveurs professionnels du Sénégal (UNDAPS) ont pesté contre ce reportage qui, selon leur président Babacar Ngom, montre qu'avec cette diffusion, ''le Sénégal n’est pas l’abri d’un retour de l’importation des poulets et des ailes de dindes'', malgré l’arrêté interministériel N°007717 en date du 24 novembre 2011 interdisant l’important de produits avicoles.
En effet, l’élément diffusé mercredi, installe le trouble chez le secteur avicole. Un secteur qui a connu un boom économique depuis 2005 avec plus de 12 milliards de F Cfa d’investissements pour un chiffre d’affaires global de 128 milliards de nos francs, en sus de plus de 15 mille emplois directs ou indirects générés. Une situation qui pousse les professionnels de l'aviculture à s’insurger contre toute promotion de l’importation de produits avicoles au Sénégal. ''Toute publicité de produits importés dans une télévision sénégalaise est extrêmement grave'', soutient le président de l’Union nationale des producteurs du Sénégal, Ameth Amar.
Les Ministères de l'Élevage et du Commerce en soutien
Pour défendre leurs intérêts face aux lobbyistes ''puissants et dotés de moyens financiers'', les membres de l’UNDAPS peuvent compter sur le soutien des ministères de l’Élevage et du Commerce. ''La position du Ministère de l’Élevage et du Commerce est claire. Il n’est pas question de lever l’arrêté sur les interdictions d’importations de produits avicoles car c’est une filiale importante dans l’économie sénégalaise'', rassure le représentant d’Aminata Mbengue Ndiaye, le Dr Ibrahima Thiam. Idem pour le président de l'Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN). ''Nous ne voulons pas qu’on poubellise notre pays. Nous ne voulons pas qu’on nous tue avec ces poulets empoisonnés'', crie Momar Ndao.
Pour les nombreux médecins et vétérinaires présents au point de presse, les volailles importées ne sont pas de bonne qualité. ''Ils (les pays occidentaux) gardent la partie la plus importante des volailles (partie blanche) et nous envoient les restes rejetés par les consommateurs européens''. Sur ce, le chargé de communication de la Fédération des activités de la filiale avicole (FAFA), Ibrahima Ndiaye, prévient les consommateurs : ''Ces poulets constituent un problème de santé publique. Si vous achetez un poulet importé à bas prix, vous payerez deux fois plus cher à l’hôpital.''
Selon M. Ngom, président de l’UNDAPS, le combat va être mené sur tous les plans. L’USAID, partenaire de ce reportage diffusé sur la première chaîne publique, sera interpellée pour avoir des ''réponses et trouver un compromis''. Mais pour Momar Ndao, dans ce combat, seul le consommateur ''détient le mot final'' et il l’exhorte à refuser ces produits qu’il juge ''empoisonnés'' et contenant du porc. ''Celui qui mange ces poulets, mange du porc'', conclut-il.
MAMADOU LAMINE SANÉ
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