Du valet de chambre au folk d'ouverture

Depuis près d'une décennie, Yoro Ndiaye s'illustre sur l'échiquier musical sénégalais avec un style particulier. Simple et naturel, il propose un folk d'ouverture où contrastent diverses sonorités exquises.
Comme la plupart des enfants de sa génération, Yoro Ndiaye a grandi avec les mélodies endiablées du Mbalax. Youssou Ndour, Baaba Maal, Ismaël Lô, Oumar Pène, Thione Seck, Laba Sosseh, Pape Fall l’ont bercé. Bob Marley, Michael Jackson, Madonna, Francis Cabrel et Jean-Jacques Goldman l’ont marqué. Mais il avoue : «Lokua Kanza m’a vraiment donné l’envie de faire de l’acoustique.» Cet artiste polyvalent qui joue aisément des instruments traditionnels tels que la calebasse et le tama, a conquis le cœur des mélomanes sénégalais sans aucune forme de lobbying.
Motivé par un ardent désir de grimper jusqu’aux cimes des hits, Yoro Ndiaye est tout simplement soft et naturel avec les notes acoustiques de sa guitare. Convaincu qu’il ne peut pas faire mieux que ses aînés dans le Mbalax, le Baol-Baol choisit de s’ouvrir à d’autres sonorités pour innover et apporter une touche particulière dans le paysage musical du Sénégal. C’est un pari qu’il va gagner avec la qualité de ses différentes productions. Sa musique est empreinte d’une originalité qui l’identifie symboliquement dans le rayon des musiciens confirmés. Aujourd’hui, il s’invite dans la différence et revendique : «Je fais de l’Afro folk urbaine.»
Yoon wi, la voie lactée
Né et ayant grandi à Mbacké, l’adolescent chantonnait le plus souvent en jouant de la percussion. Mais sa passion pour la musique va s’affirmer en classe de troisième avec la complicité de Babou, un guitariste qu’il fréquentait aux Hlm de Mbacké. L’auteur de Xarit témoigne : «J’avais l’habitude de prendre sa guitare pour jouer sans aucune notion. Il a décidé de me donner quelques accords.» Autodidacte dans la musique, Yoro rejoint le lycée Cheikh Ahmadou Bamba de Diourbel, Bfem en poche. En marge de son cursus, il est un jour auditionné et sélectionné en qualité de chanteur pour l’orchestre régional de Diourbel. Deux ans plus tard, il met un terme à ses études et retourne dans sa ville natale pour se consacrer entièrement à la musique.
Yoro Ndiaye anime des manifestations un peu partout mais se rend compte que Mbacké ne dispose pas d’infrastructures adéquates pour l’industrie musicale. La guitare en bandoulière, il débarque à Dakar pour éclore dans le vaste jardin du show-biz. Pour gagner sa vie, il propose sa passion musicale au Club Med où il servira dans plusieurs secteurs avant de se spécialiser en valet de chambre. C’est dans cet hôtel qu’il crée le groupe «Yoon wi» avec Thierno (guitare) et Max (percussions).
En 2004, il se signale dans la compilation «Sénégal folk» initiée par les frères Guissé. Bëgg dem, le premier album de «Yoon wi», sort en K7 avant d’être réédité un an plus tard en Italie sous forme de CD avec des titres comme Lala, Bari saxaya, etc. L’album Nitt où figurent des titres comme Xarit, Baay Faal, Con fiance, confirme le natif de Mbacké dans l’acoustique. Laamisoo, sa toute dernière production, est en effet une aquarelle de sonorités qui confirme la maturité d'un artiste particulier.
Almami CAMARA
AVERTISSEMENT!
Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.