Publié le 18 Sep 2024 - 07:55
EXPORTATION GAZ LIQUÉFIÉ

Un pari risqué

 

Le Sénégal a misé sur l’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) pour stimuler sa croissance économique, notamment en direction de l’Europe. Cependant, selon un rapport de l’Institut international du développement durable (IISD), ce pari pourrait s'avérer risqué à long terme, en raison de la baisse imminente de la demande internationale de gaz liée aux objectifs de décarbonisation, selon un rapport de l’IISD.

Les investissements massifs dans le GNL exposent le Sénégal à des marchés de combustibles fossiles de plus en plus incertains. ‘’Le gouvernement sénégalais fait le pari que les projets de GNL demeureront rentables pendant des décennies, malgré de nombreux signes avant-coureurs’’, déclare la conseillère politique à l'IISD, Bathandwa Vazi, tel que rapporté dans le communiqué. Le Sénégal pourrait ainsi se retrouver dans une situation de surdépendance, avec des risques d’actifs irrécupérables et des impacts négatifs sur l’environnement et les moyens de subsistance locaux.

En effet, les projets gaziers en Afrique subsaharienne, comme celui du Sénégal, prennent généralement huit à dix ans avant de devenir opérationnels. Or, la demande européenne en gaz devrait atteindre son pic d'ici 2025, bien avant que les projets sénégalais n’entrent en production. 

Selon le scénario de l'Agence internationale de l'énergie pour une transition vers une énergie nette zéro, la demande mondiale de combustibles fossiles devrait chuter d’ici 2050, ce qui soulève des doutes sur la rentabilité à long terme du GNL.

Le Sénégal fait également face à une rude concurrence de pays comme le Nigeria, le Mozambique ou encore des acteurs majeurs comme les États-Unis et l'Iran. ‘’En tant que nouvel acteur dans le domaine du GNL, le Sénégal doit anticiper les risques’’, ajoute Mme Vazi.

Le Sénégal a également pour objectif d’améliorer l'accès à l'énergie pour sa population, dont seulement 75 % bénéficient actuellement de l’électricité, selon la note et dépend essentiellement de la production de GNL. Il faut tout de même des investissements massifs dans les infrastructures de gazoducs et la conversion des centrales électriques sera nécessaire pour garantir une consommation domestique de gaz.

Cependant, les auteurs du rapport mettent en garde : ‘’Les financiers du GNL au Sénégal pourraient privilégier les exportations au détriment de la demande nationale, compromettant ainsi la sécurité énergétique locale.’’

Parallèlement, le coût des énergies renouvelables diminue, offrant une opportunité pour le Sénégal d’atteindre ses objectifs de 40 % d’énergie renouvelable dans son mix énergétique d’ici 2030. ‘’Le gouvernement sénégalais devrait aligner ses politiques sur les objectifs de durabilité pour encourager les investissements responsables’’, soutient Mme Vazi. Cela permettrait non seulement de promouvoir une transition énergétique juste, mais aussi de répondre à la crise climatique.

Enfin, le rapport souligne que l’exploration gazière, débutée en 2014, a eu des effets négatifs sur les communautés côtières, notamment sur les pêcheurs dont les activités ont été réduites. Des risques environnementaux supplémentaires sont également liés aux installations flottantes de GNL situées au large des côtes, exposant les zones à des fuites ou accidents potentiels.

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