La course aux contributions a démarré
De nombreux fidèles musulmans dont des mourides interrogés par l'APS, jeudi à Dakar, approuvent l’appel de Serigne Sidy Moctar Mbacké à l’endroit des adeptes mourides invités à contribuer financièrement, à hauteur de 500 francs CFA chacun, au budget nécessaire à l’achèvement des travaux d’agrandissement de la grande mosquée de Touba, la capitale du mouridisme.
Mieux, il ne manque pas de fidèles pour faire part de leur volonté de débourser plus que ce qui leur est demandé, quand d’autres arrivent même à parier sur la possibilité de voir certains de leurs compatriotes chrétiens s’acquitter de leurs contributions. "Nous mourides, obéissons au ndiguël (consigne) du marabout et nous allons suivre tout ce qu'il nous dit", déclare Adama Dieng, un commerçant spécialisé dans la vente de chaussures et autres articles de maison. Le mouridisme est "la voie à suivre, car elle est celle qui nous a été tracée par nos parents et c'est cette même voie que nous allons léguer à nos enfants", insiste le marchand, non sans une certaine dose de prosélytisme.
Le khalife général des mourides Cheikh Sidy Makhtar Mbacké a invité, mercredi à Touba les disciples à s’acquitter d’une cotisation symbolique de 500 francs CFA comme contribution à la réalisation des chantiers de la cité religieuse, dont les travaux d’agrandissement de sa mosquée... Délivrant le traditionnel message du khalife général des mourides, lors de la cérémonie officielle marquant la clôture de la 118ème édition du Magal de Touba (célébré mardi), Serigne Bassirou Abdoul Khadre Mbacké a rappelé que le fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), avait fait appel à la contribution des fidèles pour lancer les travaux de la mosquée. "En 1926, quand Serigne Touba avait décidé de l’édification de la grande mosquée, l’administration coloniale de l’époque cherchait à contrecarrer le projet […] en lui imposant de fournir une somme d’argent qui puisse assurer le financement du projet, avant de délivrer l’autorisation de construire", a rappelé le porte-parole du khalife dans son adresse.
Ainsi, a poursuivi Serigne Bassirou Abdoul Khadre Mbacké, l’entreprise française devant à l’époque exécuter les travaux avait posé comme préalable une garantie financière. "Serigne Touba avait demandé à tous les disciples de donner chacun une contribution de 140 francs CFA. Cinq millions de nos francs avaient été mobilisés", a-t-il souligné. Pour Moustapha Ngom, étudiant à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, cette somme "est juste symbolique, mais ce qui est sûr, c'est que les fervents mourides vont donner plus que ce qui est indiqué, car c'est un exercice" normal. Selon lui, il est même possible que des chrétiens participent à cette quête de fonds. "Le marabout, s'il me demandait de cotiser plus de 10.000 francs CFA, j'allais le faire, car c'est un devoir pour tout fidèle mouride", renchérit Meïssa Saliou Ndoye, vendeur de nappes de table.
«Plus que la somme demandée»
"C'est une bonne chose. Il faut que chacun apporte sa pierre à l'édifice", approuve Cheikh Tidiane Diallo, un agent de l'aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar. "Il ne faut pas que les gens attendent tout de l'Etat qui a d'autres priorités. Chacun Sénégalais doit participer au développement économique et social du pays", fait-il valoir. El Hadji Sy, plombier de son état, salue également l'invite du marabout en faisant remarquer que cela "va faciliter l'achèvement des travaux de la grande mosquée" de Touba. Cheikh Diop, la quarantaine sonnée, est d'avis que "les gens ne devaient même pas attendre que le khalife donne ce ndiguël". Il a par conséquent assuré qu'il compte investir "plus que la somme indiquée".
APS