Publié le 15 Jul 2021 - 03:12
FINANCEMENT PME-PMI UEMOA

Le gouverneur de la BCEAO mise sur la promotion de l’affacturage

 

L’affacturage est une opportunité qui ‘’n’est pas encore exploitée’’ de façon optimale par les entreprises africaines, selon le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Tiémoko Meyliet Koné, qui s’exprimait hier, lors de la cérémonie d’ouverture des webinaires internationaux de formation sur le sujet, a relevé qu’elle peut constituer une solution alternative et complémentaire au financement, en particulier pour les PME et PMI.

MARIAMA DIEME

La pandémie de la Covid-19 a exacerbé, en 2020, les difficultés structurelles rencontrées par les entreprises privées en termes d’accès au financement. Dans ce contexte, l’affacturage, qui est une technique de gestion financière permettant à une entreprise de rendre liquides ses créances et de récupérer de la trésorerie, peut, selon le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), constituer une ‘’solution alternative et complémentaire’’ au financement, en particulier pour les petites et moyennes entreprises (PME) et petites et moyennes industries (PMI). ‘’De ce point de vue, l'affacturage est une opportunité qui n’est pas encore exploitée de façon optimale par les entreprises africaines. En effet, selon FCI, le continent africain ne représente que 0,9 % du chiffre d’affaires mondial de l’activité d’affacturage sur les cinq dernières années. Cette proportion est encore bien plus faible pour les pays de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Le montant des ressources accordées au titre de l’activité d’affacturage dans notre espace communautaire représente à peine 0,4 % du volume global des crédits bancaires’’, souligne Tiémoko Meyliet Koné. 

Le patron de la BCEAO, qui s’exprimait hier de la cérémonie d’ouverture des webinaires internationaux de formation sur le thème ‘’Affacturage et financement des créances en Afrique’’, qui se tiennent du 13 au 15 juillet, a indiqué que c’est pour cette raison que la Banque centrale a décidé de déployer une stratégie de promotion de l’affacturage dans la zone UEMOA. Il s’est agi pour la BCEAO, de faire adopter une loi uniforme destinée à encadrer les opérations d’affacturage et d’en préciser les principales modalités. Cette loi confirme notamment que dans les Etats de l’UEMOA, l’affacturage est une opération de crédit et, de ce fait, relève de la compétence exclusive des établissements de crédit.

Toutefois, et pour permettre de toucher un plus grand nombre d'entreprises, la nouvelle loi a ouvert l'exercice de l’activité d’affacturage aux institutions de microfinance.

Ainsi, Tiémoko Meyliet Koné estime que l’importance de ces webinaires de formation réside également dans leur thème central qui s’inscrit dans la problématique du financement des économies. ‘’En effet, le défi est de trouver des solutions pour le financement harmonieux et adapté des économies, dans un contexte caractérisé par un accès encore insuffisant d’un certain nombre de secteurs au crédit bancaire. Cette problématique est encore plus prégnante au niveau du financement bancaire des petites et moyennes entreprises (PME) en Afrique, alors qu’elles constituent, en moyenne, près de 85 %, voire 90 % du tissu économique de nos pays’’, dit-il.

L’accès au financement bancaire reste encore limité

Malgré les chantiers conduits pour améliorer les services non-financiers offerts aux PME et réduire la perception du risque sur cette catégorie d'acteurs, le gouverneur de la BCEAO relève que l’accès de ces entreprises au financement bancaire reste encore limité sur le continent.

‘’Avec ce partenariat FCI-Afreximbank-BCEAO, j’ai la conviction qu’une bonne campagne de formation des principaux acteurs et une réelle sensibilisation des entreprises concernées permettra d’accroître sensiblement le volume de financement via l’affacturage. En effet, la présente série de webinaires s’étend à une population plus large avec le réseau de FCI composé de 400 membres répartis dans 95 pays. C’est, par conséquent, une source inestimable à exploiter pour développer les meilleures pratiques en matière d’affacturage et de financement de créances’’, renchérit M. Koné.

A ce propos, il informe qu’Afreximbank, pour sa part, apporte son appui aux PME africaines pour en faire des entreprises compétitives et accroître ainsi les échanges commerciaux intra-africains. Et la BCEAO, quant à elle, se veut une banque centrale ‘’engagée’’ dans la mise en place d’un environnement ‘’plus propice ‘’au développement du financement des activités économiques et, plus spécifiquement, à celui des PME. ‘’Le plan d'action pour le financement des économies de l'UEMOA, adopté par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement en juin 2012, a prévu, entre autres, au titre de l'axe stratégique traitant de l'amélioration de l'offre de services financiers, la promotion d'instruments alternatifs de financement et la mise en place d'un dispositif de soutien au financement des petites et moyennes entreprises/industries (PME/PMI) par les établissements de crédit’’, poursuit-il.

Ce qu’il faut savoir sur l’affacturage

L'affacturage, en tant qu’opération par laquelle une entreprise transfère par une convention écrite, avec effet subrogatoire, ses créances à un affactureur (un établissement de crédit ou un système financier décentralisé habilité), est l’un de ces instruments alternatifs de financement des PME-PMI. ‘’Il offre, en effet, une réelle solution aux problèmes de trésorerie de ces entreprises. Il leur permet de retrouver une trésorerie immédiate. Une fois la créance cédée, le créancier est débarrassé de la lourdeur de la procédure de recouvrement. Ainsi, le poste client est sécurisé et sa gestion externalisée afin de dégager du temps pour la bonne marche de l’entreprise. En outre, à travers ce produit, les entreprises, en particulier les PME et très petites entreprises (TPE) peuvent bénéficier de financements à court terme alternatifs aux crédits bancaires classiques’’, renseigne le communiqué de presse de la BCEAO distribué à cette occasion.

A cet égard, la Banque centrale a décidé de promouvoir ce type de financement dans l'UMOA, en s'appuyant notamment sur les bonnes pratiques internationales. Le plan d'action pour le développement de l'affacturage est articulé autour de deux axes stratégiques suivants : élaborer un cadre juridique pour régir l'activité de l'affacturage dans l'UMOA. Il s'agit d'encadrer les aspects relatifs à l'opération que sont les modalités de transfert des créances au factor, le recouvrement des créances par le factor, la conclusion et les effets du contrat d'affacturage, l'extinction du contrat d'affacturage et la rémunération du contrat d'affacturage. Mais aussi d’organiser des formations en faveur des établissements de crédit et des systèmes financiers décentralisés (SFD) sur l'affacturage, ainsi que des ateliers de sensibilisation et des sessions d'information sur le produit, dans les différents pays de l'UMOA, à l'endroit des agents économiques.

Concernant la loi uniforme relative à l'affacturage dans les Etats membres de l'UMOA, élaborée par la BCEAO, elle a été adoptée par le Conseil des ministres de l'Union en sa session du 10 décembre 2020. Sur cette base, la Banque centrale a démarré les actions de formation à l'endroit des établissements (établissements de crédit et SFD) susceptibles d'offrir des services d'affacturage aux opérateurs économiques de la région.

Les prochaines étapes pour la promotion de l’affacturage dans l’UMOA concernent : l'insertion de la loi uniforme dans l'ordonnancement juridique interne des Etats ; la poursuite des formations au profit des établissements de crédit et des SFD ; la concertation avec les administrations fiscales des pays de l’UMOA, en relation avec la commission, afin d'harmoniser les dispositions fiscales en matière d’affacturage.

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