Vers l'accès universel à l'eau potable
Implantée dans la région de Louga, la troisième usine de Keur Momar Sarr a été inaugurée, ce samedi, par le président Macky Sall. Elle apporte un volume supplémentaire de 200 000 m3/j. Conçu par la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones), cet ouvrage hydraulique a pour but d’améliorer de façon substantielle la fourniture en eau à Dakar, Thiès et d’autres localités.
L’Etat du Sénégal compte en finir avec le déficit en eau potable. Il est en train de mettre les moyens pour que le liquide précieux soit accessible à tous. Ce weekend, le président Macky Sall a tenu personnellement à inaugurer, dans la région de Louga, la troisième usine de production d’eau potable, nommée ‘’KMS3’’, joignant ainsi l’acte à la parole. Il était accompagné d'une importante délégation. Parmi cette délégation, il y avait le ministre de l'Eau et de l'Assainissement Serigne Mbaye Thiam, la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales Aminata Mbengue Ndiaye, le ministre de l’Industrie Moustapha Diop qui ont assisté à une cérémonie grandiose, malgré les mesures restrictives.
Conçu par la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones), ce complexe moderne dispose d’une conduite de transport vers Dakar de 216 km de tuyaux, avec une production actuelle de 100 000 m3/j, mais dont la capacité totale est à 200 000 m3/j. Un volume supplémentaire supérieur à la production cumulée des usines qui étaient déjà fonctionnelles.
En effet, le projet comporte la pose d’une troisième conduite de transport appelée ALG3, après l’ALG1 (pour l’usine de Ngnith) et l’ALG2 (pour l’usine de Keur Momar Sarr).
Ainsi, pour Macky Sall, ceci devrait régler de façon durable la question de l’approvisionnement en eau pour toutes les localités traversées sur l’axe Thiès – Mbour - Dakar. ‘’L’impact est déjà réel. Nous l’avons vu avec le piquage sur Thiès qui a permis de résorber également son déficit historique. Dakar doublera sa capacité de production, avec un débit de 560 000 m3/j, contre 266 000 m3/j, il y a neuf ans’’, s’est réjoui le président de la République.
Il assure que cette infrastructure hydraulique permet, également, d’anticiper sur le besoin des nouveaux pôles urbains de Diamniadio et du lac Rose, ainsi que la zone d’implantation de l’AIBD. Le président Sall est convaincu que KMS3 revêt, par ailleurs, ‘’une importante vocation sociale’’, avec ses 1 150 km de conduites d’adduction et de distribution d’eau pour 85 000 branchements sociaux. ‘’Ceci est une réponse concrète à notre souci d’inclusion de justice sociale et d’équité territoriale. Cet ouvrage s’inscrit dans une dynamique que nous avons amorcée, depuis près d’une décennie, avec, entre autres, la création du PUDC (Programme d’urgence de développement communautaire), en 2015, celui du Puma (Programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers) en 2016, pour satisfaire la demande en eau des populations rurales’’, soutient-il.
‘’Ainsi, depuis neuf ans, mon gouvernement a mobilisé environ 1 250 milliards de F CFA pour la sécurisation d’ouvrages stratégiques dont KMS1 et 2, la réalisation de 120 forages en milieu urbain, de 596 forages multi-villages en milieu rural et de plusieurs stations de production et de traitement d’eau’’, poursuit Macky Sall.
Triplement de la capacité de production
Revenant sur KMS3, le DG de la Sones, Charles Fall, souligne, à cet effet, que cette infrastructure vient s’ajouter à l’ensemble des programmes d’urgence que le président Macky Sall a eu à mettre en œuvre, depuis son accession à la magistrature suprême. Selon M. Fall, ‘’c’est ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir un triplement de la capacité de production qui quitte de 250 000 m3 à 600 000 m3 d’eau potable par jour. Ce qui est largement au-dessus des besoins en eau potable des populations de Dakar et ses environs’’.
Pour lui, KMS3 a déjà apporté la solution. A l’en croire, grâce à la mise en service de KMS3 le 28 avril 2021, ‘’une nette amélioration de l’accès à l’eau potable’’ a été notée dans Thiès, et Dakar, particulièrement les zones anciennement déficitaires : Niary Tally, Grand Dakar, les Parcelles-Assainies, la cité Lébougui, la cité Gendarmerie, Jaxaay, Almadies 2, etc. Selon les estimations, les nouveaux branchements permettent l’accès à l’eau potable à plus de 700 mille personnes supplémentaires dans des zones urbaines ou périurbaines non desservies jusqu’à présent.
Même s’il reconnaît, néanmoins, qu’il y a des quartiers durs qui subsistent (Mamelles, Montagne-Rouge, cité Avion, Ouakam, cité Malick Sy, Mermoz, etc.), il croit dur comme fer que des correctifs nécessaires seront apportés avec l’exploitant privé. Pour lui, avec le KMS3, il y a un ambitieux programme de renouvellement du réseau, afin d’optimiser la production pour aller vers l’accès universel à l’eau potable.
KMS3 est un projet d’une ampleur exceptionnelle, qui a été rendu possible grâce à cinq partenaires techniques et financiers : la Banque islamique de développement, l’Agence française de développement, la Banque européenne d’investissement, la Banque africaine de développement et la Banque mondiale.
Présent lors de la cérémonie d’inauguration avec ses collègues, l’ambassadeur de France au Sénégal, Philippe Lalliot, s’est exprimé au nom des partenaires techniques et financiers. ‘’Au total, c’est un financement d’environ 284 milliards de F CFA, soit 433 millions d’euros qui ont été dégagés pour contribuer à la réalisation de la troisième station de Keur Momar Sarr’’, fait-il savoir. Non sans souligner que le ‘’succès de cette opération est le résultat de forts engagements politiques des plus hautes autorités du pays, d’un pilotage efficace par le ministère de l’Eau’’.
Cela dit, il prévient qu’il reste deux grands défis à relever. ‘’Tout d’abord, le défi de la pérennité de ces infrastructures de dernière génération. Elle dépendra de la mise en place de conditions permettant aux acteurs publics de disposer des moyens nécessaires pour assurer la maintenance et la protection des équipements. Le second défi qu’il a évoqué est relatif à la qualité de la ressource en eau du lac de Guiers. ‘’Cette eau, dit-il, requise pour de multiples usages (domestique, agricole, industrielle) doit être protégée pour garantir sa qualité et sa disponibilité au plus grand nombre’’.
Par ailleurs, dans le cadre de sa responsabilité sociétale d’entreprise, la Sones, qui entend préserver son image d’entreprise tournée vers le développement durable, a commandité une étude d’impact environnemental et social et mis en œuvre un plan d’action et de réinstallation.
Ainsi, 1 992 personnes affectées ont été indemnisées dont certaines ont apporté des témoignages dans un film documentaire projeté durant la cérémonie inaugurale.
USINE DE DESSALEMENT DE L’EAU DE MER 450 km de réseaux de distribution à Dakar seront renouvelés ‘’Il faut investir davantage dans l’accès à l’eau potable’’. C’est la conviction du président Macky Sall. Alors qu’il inaugurait, samedi dans l’après-midi, à Louga, la troisième usine de Keur Momar Sarr, le chef de l’Etat a instruit un autre projet d’alimentation en eau potable. Il a annoncé le processus de réalisation de l’usine de dessalement de l’eau de mer à Ouakam. Cela devra permettre le renouvellement de plus de 450 km de réseaux de distribution à Dakar, pour une production quotidienne 100 000 m3, permettant ainsi de ‘’sécuriser sensiblement la fourniture en eau de Dakar et de réduire les risques liés à l’approvisionnement par des forages ou depuis le lac de Guiers’’. Le gouvernement japonais accompagne le Sénégal dans le financement de ce projet qui est estimé à ‘’135 milliards de F CFA’’, selon Macky Sall. En effet, selon l’Agence nationale de la démographie et de la statistique (ANDS) et la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones), 36 % de la population nationale ont des besoins en eau, 80 % des besoins en eau potable du périmètre urbain et péri-urbain dont 70 % pour Dakar (2020). Macky Sall a aussi fait savoir qu’avec la finalisation de l’étude sur la sécurité de l’eau, le gouvernement définira prochainement un programme d’investissement stratégique axé sur la ‘’prévision et la satisfaction durable de besoin en eau à l’horizon 2050’’. ‘’Je présiderai personnellement un Conseil présidentiel à cet effet. Il nous faut garder la dynamique, afin que l’objectif d’accès universel à l’eau potable soit une réalité pour tous’’, a-t-il informé. |
BABACAR SY SEYE