Publié le 25 Jul 2024 - 11:25
INITIATIVE GLOBAL SHIELD

Le Sénégal a un besoin estimé à 8,2 milliards US $

 

Un atelier sur le financement des risques climatiques et de catastrophes (FRC) s’est tenu à Dakar. Ce, dans le cadre du lancement du processus national du Sénégal à l’initiative Global Shield ou Bouclier mondial.

 

Le processus national du Sénégal à l’initiative Global Shield ou Bouclier mondial a été lancé, hier. Cette initiative vise, entre autres, à mettre en place des dispositifs stratégiques et opérationnels permettant le renforcement de la résilience financière des personnes et des pays vulnérables face aux risques climatiques croissants.

"Global Shield permettra de renforcer les instruments de mobilisation des ressources durables, notamment celles identifiées dans le document-cadre de financements durables, à travers des mécanismes de rétention et de transferts de risques, qu'ils soient ex ante ou ex post’’, a indiqué le conseiller technique au ministère des Finances et du Budget, Mouhamed Konaté, lors d’un atelier sur le financement des risques climatiques et de catastrophes (FRC).

Relativement à ce document-cadre, il signale qu'il n'intègre pas les mécanismes de financement des risques de catastrophe et ne concerne pas le secteur privé non plus.

Toutefois, il  rassure qu'"une stratégie plus englobante de financement de ces aspects est en cours d'élaboration, avec l'appui de la Banque mondiale, pour élargir la palette des mécanismes de mobilisation de ressources en faveur du développement durable et de la gestion des risques climatiques". D'ailleurs, la première journée de cet atelier (mardi) a permis de partager les conclusions et les recommandations issues du rapport diagnostic sur le financement des risques de catastrophe au Sénégal, avec comme finalité l'élaboration de ladite stratégie.

Selon M. Konaté, les résultats de ce diagnostic seront capitalisés dans la phase de l'inventaire ainsi que dans l'identification des lacunes en matière de protection financière, afin de faciliter la prise de décision sur les principaux risques climatiques projetés.

L'un des principaux défis à surmonter est le besoin de financement pour permettre au Sénégal de mettre en œuvre sa politique climatique et d'atteindre ses objectifs de développement durable dans les années à venir. Le Sénégal s'est d’ailleurs engagé dans une dynamique de verdissement de son économie, avec l'appui du groupe des partenaires internationaux.

Ainsi, les autorités du Sénégal et le FMI sont parvenus à un accord de financement au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), selon Mohamed Konaté. Il souligne que l’accord FRD prévoit de soutenir les objectifs nationaux d'atténuation du changement climatique, d'accélérer l'adaptation du Sénégal au changement climatique et d'intégrer des considérations relatives au changement climatique dans le processus budgétaire. La Banque mondiale a indiqué que diagnostic du financement des risques catastrophiques et le rapport sur le changement climatique et le développement au Sénégal, qui sera bientôt rendu public, se complètent mutuellement.

D’après elle, le diagnostic, s'appuyant sur les constats du rapport, indique que le Sénégal est confronté à d'importants défis financiers, en raison d'une hausse des températures supérieure à la moyenne mondiale.

8,2 milliards de dollars sur la période 2025-2030

Le besoin de financement correspond à l'ampleur de l'impact sur le capital humain. Il est estimé à 8,2 milliards de dollars sur la période 2025-2030, selon la Banque mondiale. Ceci, explique-t-on, n’inclut pas les pertes et dommages liés aux catastrophes climatiques dont les moyennes annuelles sont estimées à 100 millions de dollars. "Ce sont là autant de résultats analytiques qui font de ce diagnostic, un outil essentiel pour comprendre l'ampleur des enjeux financiers auxquels le Sénégal doit se préparer pour atténuer les risques et les impacts du changement climatique", selon l’institut. Elle considère que le changement climatique est une réalité au Sénégal qui se conjugue avec une hausse des températures, des précipitations irrégulières et un stress hydrique plus élevé, une élévation du niveau de la mer et "des aléas météorologiques plus répandus". La Banque mondiale  soutient que dans sa mission de "bâtir un monde sans pauvreté – sur une planète viable - reconnaît qu’il est crucial de mettre en œuvre des stratégies d'atténuation et d'adaptation face au changement climatique, afin de favoriser une croissance économique inclusive et durable".

Il faut dire que le Sénégal a été choisi parmi les huit  pays ciblés pour la première phase de l'initiative Global Shield. Il a la possibilité de bénéficier du financement des risques climatiques et de catastrophe, grâce aux ressources du Bouclier mondial. 

En effet,  le Global Shield dispose d'une dotation de 270 millions d'euros et fournit une combinaison d'assistance technique et de soutien financier aux pays bénéficiaires. Ainsi, souligne Mouhamed Konaté, à la fin du mois octobre 2023, le Sénégal a signé son adhésion à l'initiative qui permettra de bénéficier d'appuis au titre du fonds fiduciaire du Bouclier mondial, pour le renforcement du volet "adaptation/résilience" aux changements climatiques.

‘’Depuis l'adhésion du Sénégal à cette initiative, le ministère chargé des Finances, en collaboration étroite avec les ministères sectoriels, a entamé une planification du processus, avec l'assistance du secrétariat de l'initiative, qui aboutit aujourd'hui à l'organisation de cet atelier consacré au lancement officiel processus pays’’, a soutenu Mouhamed Konaté. Le  Sénégal est membre de l'African Risk and Capacity (ARC) depuis 2012, avec la souscription à diverses polices d'assurances, notamment contre le risque de sécheresse et celui du déficit de pâturage.

Dans ce même registre, un projet de police d'assurance contre le risque d'inondation est en phase de structuration, d’après le gouvernement. Relativement au secteur de l'assurance, la Compagnie nationale d'assurance agricole du Sénégal (CNAAS) a permis aux agriculteurs sénégalais de bénéficier de produits associés aux risques de catastrophes naturelles. "Ces actions, dit-on, montrent à quel point le Sénégal s'est résolument inscrit dans la démarche de mobilisation de mécanismes pour le financement des risques climatiques et de catastrophe dans les politiques de développement".

BABACAR SY SEYE

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