Un nouvel épisode de violence à l'hémicycle s’annonce
L'Assemblée nationale va procéder aujourd'hui à la mise en place des commissions permanentes. Toutefois, le risque de vivre la même situation survenue lors de l'installation du bureau est imminent. Les parlementaires de l'opposition n'hésiteront pas à réitérer le même coup s'il y a ''des actes d'injustice de nouveau''. Ils ont même annoncé des propositions de loi qu'ils jugent très importantes.
Les récents incidents survenus à l'Assemblée nationale risquent de connaître un deuxième épisode. L'opposition parlementaire est encore prête à en découdre avec le Pouvoir. Aujourd'hui, les députés vont procéder à l'installation des commissions permanentes. Mais ça ne sent pas bon. La déclaration du camp de l'opposition le montre déjà. Hier, les députés de Yewwi Askan Wi ont fait face à la presse et semblent plus que déterminés.
Le député Bara Gaye n’y est pas allé par quatre chemins. ''Nous prenons le peuple sénégalais à témoin. Demain, nous allons faire le toilettage des commissions permanentes. Il y en a quatorze que nous avons identifié. Que le pouvoir prenne ses sept commissions et laisse l'autre moitié à l'opposition. Sinon, que le peuple s’attende au même scénario que celui de la dernière fois'', prévient-il.
Selon M. Gaye, lors de l'installation de la quatorzième législature, il y a eu des injustices dans l’élection aux postes de vice-présidents. ''Ils ont fait du forcing en s'emparant des postes des quatre premières vice-présidences. Ce qui n'était pas du tout normal. Maintenant, si les gens du pouvoir veulent la paix, qu'ils prennent les sept premières des quatorze commissions permanentes et nous prenons le reste. C'est aussi simple que ça''. Et pour démontrer leur détermination, le député de Yewwi Askan Wi dit qu'ils sont dans une logique d'accomplir la mission que le peuple leur a confiée à l'Hémicycle. C'est-à-dire mettre fin aux agissements et injustices que l'Assemblée n'a jamais cessé de vivre, en l'occurrence la législature précédente. Pour lui, le pouvoir n'a plus la majorité écrasante. Par conséquent, M. Gaye estime que les députés du camp adverse ''n'ont plus la possibilité de faire ce qu'ils veulent, d'être au service du Président Macky Sall au lieu du peuple''.
En allant plus loin, Bara Gaye s'est offusqué de la sortie du Chef de l'État qui ''est regrettable et honteuse''. Il déclare ainsi :"C'est vraiment une honte que le président de la République s'immisce dans les affaires de l'Assemblée. Sa sortie n'est rien d'autre qu'une menace qu'il a essayé de proférer à l'endroit de l'opposition. C'est peine perdue et nous l'attendons de pied ferme. Il ne peut pas digérer la cohabitation. C'est pourquoi il veut maintenant passer au forcing''.
Des projets de lois ''extrêmement importants'' en cours
Durant la campagne pour les législatives, l'opposition avait misé sur une Assemblée de rupture. Pour donner âme aux promesses, ses députés ont annoncé un travail colossal à faire. En prenant la parole, Abass Sall liste les projets qu'ils sont en train de mettre en place. D'abord, une proposition de loi sur le retour du code consensuel qui était en vigueur sous Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Mais, précise-t-il, ''ce code a été complètement violé, gâché par le président Macky Sall, qui n'a cessé de le tailler selon ses besoins et pour ses intérêts, alors que c'était un bon code électoral''. Pour le parlementaire, l'absence de ce code a entraîné aujourd'hui les problèmes que le pays rencontre à chaque élection. Il va même plus loin en déclarant que le président Sall a touché au code pour empêcher les candidatures de Khalifa Sall et de Karim Wade à la présidentielle de 2019.
L'autre proposition de loi à faire est relative à l'homosexualité. Selon lui, l'État est en train de jouer avec l’intelligence du peuple. ''Les gens ne sont pas fous. Les déclarations de l'État à propos de ce sujet ne sont pas intéressantes. Le président Macky Sall dit qu'il ne va pas dépénaliser l'homosexualité, mais nous, nous allons au-delà. Nous allons criminaliser ce phénomène que toutes les religions rejettent, de même que la culture de notre pays. Nous avons nos propres réalités. Et ces mauvaises pratiques n'en font pas partie''.
Ensuite, Abass Sall est revenu sur le contenu local. Le député annonce aussi une proposition de loi allant dans ce sens. Cela permettra, selon lui, de lutter contre l'exploitation des ressources par l'Occident. ''Nous avons une économie extravertie. Les occidentaux profitent de nos ressources. Il faudrait favoriser et valoriser les entreprises locales. Bref, on va vers ce qu'on appelle le patriotisme économique.
À cela, s'ajoute une proposition de loi luttant contre le gaspillage et la gabegie. Il a martelé à ce propos :"Nous avons vu le problème d'honorariat. À travers un décret, le Chef de l'État donnait à un ancien président du Conseil économique social et environnemental cinq millions de francs CFA (CESE). Là aussi, nous allons proposer une loi pour sa suppression''. Sans s'arrêter là, le parlementaire s'est aussi intéressé à la ''fameuse loi sur le terrorisme ou sur les forces spéciales''. Pour lui, l'État est en train de créer une atmosphère de peur au niveau de l'opposition. ''Il veut tout simplement l'empêcher de jouer son rôle. À chaque fois qu'il y aura manifestation, les gens du pouvoir auront la possibilité d'accuser faussement les opposants, les taxant de terroristes. C'est pourquoi nous allons aussi proposer une loi pour supprimer toutes ces choses-là''.
En plus, la question de la carte d'électeur. À l'en croire, le problème ne devrait plus se poser concernant les pièces d'identité et d'électeur. D'après lui, le problème est réglé dans beaucoup de pays où quand on a dix-huit ans, on est d'office enregistré sur le registre de vote. Et même dans certains pays, le citoyen qui n'a pas de pièce est obligé d'aller voter au risque d'être sanctionné. En plus de cela, le député annonce la mise en place de commissions d'enquêtes ''pour mettre fin au vol et au détournement''.
El hadji Fodé Sarr