Aïda Mbodj joue la carte de la neutralité
Le leader d’And Saxal Ligeyy a finalement choisi de ne soutenir aucun candidat, à l’occasion de la présidentielle du 24 février prochain. Aïda Mbodj en a fait la révélation hier, lors d’un point de presse.
La ‘’Lionne du Baol’’ a gardé le suspense jusqu’à la dernière minute, pour annoncer la position de son parti en vue de la présidentielle du 24 février prochain. Initialement prévue le vendredi 1er février, lors de son Assemblée générale à Bambey, la déclaration officielle de l’Alliance nationale démocratique/And Saxal Ligeyy a finalement été tenue hier, lors d’une conférence de presse de son leader. Et dans sa déclaration, l’ancienne ministre de la Femme a presque déjoué tous les pronostics.
Commençant sa déclaration par une critique du processus de parrainage et l’absence d’une candidature féminine pour la présidentielle, certains commençaient à murmurer dans la salle qu’elle allait rejoindre Idrissa Seck. Mais, à la surprise générale, Aïda Mbodj déclarait : ‘’Après analyse de la situation, avec toute l’attention que cela requiert dans un contexte aussi sensible, nous avons résolument, en toute responsabilité, pris la décision suivante : l’Alliance nationale pour la démocratie/And Saxal Ligeyy ne s’engage à aucune alliance ayant rapport au processus conduisant à l’élection présidentielle du 24 février 2019.’’ Le stress se lisait sur son visage. La voix tremblante et ne cessant de buter sur les mots, elle poursuit : ‘’Nous estimons que soutenir un des candidats, c’est manifestement cautionner un scrutin dont le processus pernicieux aura permis et tristement relégué la femme au rôle de faire-valoir et simplement de soutien. Il s’y ajoute que reconnaitre un des candidats, c’est aussi cautionner le produit du processus lugubre du parrainage. Or, nous ne reconnaissons pas ce processus qui a choisi ces candidats pour l’élection présidentielle.’’
A travers cette déclaration, la ‘’Lionne du Baol’’ a mis fin au suspense, à la grande surprise de l’assistance et de presque tous les Sénégalais dont la plupart s’attendaient à une transhumance ou un soutien au leader de Rewmi.
Toutefois, à travers son discours, l’on pouvait lire la lourdeur de sa décision d’opter pour la neutralité. Avec comme justification son désaccord au processus du parrainage qui, naturellement, a abouti à l’absence d’une candidature féminine. Rappelant que depuis 1983, ‘’une candidate féminine a toujours été enregistrée lors de la présidentielle’’ la candidate recalée considère que cette absence ‘’marque indéniablement un recul démocratique au Sénégal’’. A cet effet, elle considère que cautionner une élection sans candidature féminine reviendrait à renoncer à ses principes et à son parcours de féministe. ‘’Personnellement, j’ai été actrice de ce processus (adoption de la loi sur la parité le 28 mai 2010) en qualité de ministre de la Femme, à l’époque. Par conséquent, nous ne pouvons aller à contre-courant de ces principes et travestir notre engagement pour un meilleur devenir de notre cher Sénégal’’, renseigne-t-elle.
On ne supporte personne, ni au premier ni au second tour
Pour un éventuel soutien en cas de second tour, la ‘’Lionne du Baol’’ campe sur sa position, à savoir que son parti ne soutiendra aucun candidat. ‘’Nous ne voulons pas d’un système sans femme. Mon intime conviction est de rester debout sur ces principes. Je ne reviendrai pas sur ma décision. Elle est irréversible. On ne supporte personne, ni au premier ni au second tour’’, a-t-elle fait savoir.
Toutefois, elle se dit prête à reconnaitre la légitimité du président qui sera élu par ‘’le peuple souverain’’. Elle a ainsi formulé ‘’le vœu d’assister pour ce qui reste d’un scrutin électoral régulier, libre, transparent et fécond dans la confrontation d’idées, pour que la force de l’argument triomphe sur l’argument de la force’’.
ABBA BA