La culture, facteur d'intégration
Deux éminents professeurs du continent ont bouclé ce 23 février passé, au collège Sacré Cœur, la semaine culturelle des Burkinabés vivant au Sénégal ouverte le 15 février dernier. D'enrichissants échanges ont animé cette thématique : ''la culture, facteur d'intégration''.
''Au-delà des divergences linguistiques, les Africains ont trouvé les meilleurs moyens de pouvoir communiquer, grâce à la notion de la parenté et du cousinage à plaisanterie. La pluralité linguistique et les différences ethniques ne sont pas faites pour être incompatibles, bien au contraire, ce sont des richesses et non pas une tare''. Albert Ouedrago, maître de conférence à l'université de Ouagadougou, s'exprimait ainsi, lors d'une conférence initiée par les Burkinabés vivant au Sénégal, marquant la fin d'une semaine culturelle organisée dans la capitale sénégalaise.
Au-delà de certains aspects visibles et concrets de la culture que Boubacar Diop définit comme ''l'ensemble des habitudes, aptitudes et attitudes d'un groupe'', elle n'a malheureusement pas d'autres supports, à part le folklore, selon M. Ouedrago. Donc, si l'Afrique décidait de boycotter les langues étrangères qui lui permettent jusqu'ici de se comprendre, ce folklore sera-t-il en mesure de compléter le gap ?
À cette question l'universitaire a répondu que ''l'Afrique a intérêt à créer les dépassements et citoyennetés nationales. Elle doit dépasser l'Afrique des nations, pour aller vers l'Afrique des entités régionales''. Selon lui, ''un seul pays africain ne peut pas sortir du marasme. Donc, il faut nécessairement l'unité pour permettre au continent de réparer l'erreur de balkanisation, au sortir de l'indépendance''.
À son tour, Boubacar Diop, professeur à l'Ucad, dira que la culture doit être un vecteur d'émancipation. ''Pour moi, il y a des dynamiques qu'il faut encourager et d'autres qu'il faut décourager, en évitant les identités meurtrières. Et pour nous Sénégalais, il faut saluer cette initiative burkinabé qui nous a donné l'occasion de discuter entre nous Africains''.
Selon le professeur, ''le passeport africain, c'est bien, mais il faut que le swahili puisse être une langue pour toute l'Afrique. Ce qui n'exclut pas que le pulaar, le haoussa et le mandingue deviennent des langues utilisées. Au Sénégal, il faut un aménagement qui permet aux Sénégalais d'avoir au moins 2 langues nationales maîtrisées par écrit’’.
Mariétou Kane