Les 18 commandements d’Amadou Ba
La campagne agricole 2023-2024 s’annonce à grands pas. Hier, lors d’un Conseil interministériel, le ministre de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire a présenté le programme au Premier ministre Amadou Ba. Ce dernier a formulé au moins 18 recommandations pour sa grande réussite.
Après la validation, par le président de la République, des conclusions de la réunion ministérielle sur la campagne agricole 2023-2024, un Conseil interministériel consacré à ce sujet s'est tenu, hier, à la primature. Cette campagne, financée à hauteur de 100 milliards F CFA, s’appuie sur la mise en œuvre de la Stratégie nationale de souveraineté alimentaire (SAS). ‘’Cet effort exceptionnel est la preuve manifeste de l’engagement du gouvernement à contribuer davantage à la promotion de l’extension des surfaces cultivées et à l’amplification des productions agricoles, en référence aux volumes des importations et aux modes de consommation’’, salue le PM qui a présidé la rencontre qui aura duré plus de cinq heures.
Il rassure que cette nouvelle orientation politique a aussi pour but d’assurer aux populations sénégalaises une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable, de développer une meilleure résilience face aux divers aléas, afin d’impulser un développement économique et social conséquent, à l’horizon 2035.
Ainsi, le ministre de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire, Aly Ngouille Ndiaye, a présenté le programme de la campagne. Il a relevé les engagements de l’État dans le cadre de l'appui budgétaire de la Banque africaine de développement (Bad).
Le gouvernement du Sénégal compte, en effet, fournir 200 000 t d'engrais pour cette campagne, mais aussi acquérir 3 000 t additionnelles de semences de céréales, 2 000 t de semences de niébé et 8 000 t pour la pomme de terre.
Il y a aussi des conditions liées à l'atteinte des résultats pour le Programme de compétitivité de l'agriculture et de l'élevage (PCAE). Il s’agit de l'obtention de 72 000 t de semences certifiées d'arachide, l'introduction de nouvelles cultures (blé, tournesol et plants de palmiers à huile), la hausse du prix des semences (arachide, maïs, sorgho et niébé) et la baisse des prix des engrais, une dette des OPS pour environ 100 milliards F CFA et l'appui en intrants suite aux inondations dans le delta, la culture pour 3 milliards F CFA, enfin la réception du matériel agricole d'un montant global de 85 milliards F CFA.
La répartition des semences
Par rapport à la répartition des semences, celles de l’arachide devraient atteindre 24,255 milliards F CFA contre 14,412 milliards la campagne précédente.
En effet, en 2022, il y a eu 410 F CFA/kg et après subvention, le prix au producteur s'élevait à 230 F CFA/kg. En 2023, c'est 600 F CFA/kg. Après subvention, le prix au producteur est de 250 F CFA/kg.
En ce qui concerne la subvention des semences du riz, elle porte sur 16 000 t, soit une subvention de 6,6 milliards F CFA (contre 12 565 t, environ 6 milliards F CFA lors de la campagne précédente).
Pour le maïs, 4 500 t sont certifiées (même niveau que la campagne précédente) en plus des 600 t de semences hybrides. Une subvention prévue de 2,962 milliards F CFA contre 1,237 milliard en 2022-2023.
Pour le sorgho et fonio, il y a 1 800 t (602 millions F CFA) contre 1 780 t (507,5 millions F CFA) en 2022-2023.
Amadou Ba a insisté sur l’ambition de Macky Sall de promouvoir une agriculture moderne, compétitive et durable apte à assurer la transformation structurelle de notre économie. ‘’C’est la raison pour laquelle, dans le Plan Sénégal émergent (PSE), soubassement des grandes orientations de nos politiques économiques et sociales, le secteur agricole, moteur de croissance, y occupe une position stratégique’’, dit-il.
En effet, la production céréalière est passée, pour la période 2011-2022, de 1 502 517 à 3 663 690 t, soit une croissance de 144 %. Sur cette même période, la production d’arachide a augmenté de 30 % et celle de la production des fruits et légumes de 128 %. ‘’Ces évolutions notoires relèvent de l’accroissement des rendements et des superficies cultivées, mais aussi et surtout de l’effort consenti par l’État, notamment durant les campagnes agricoles, à travers la subvention des intrants et du matériel agricole’’, soutient le Premier ministre.
Au moins 18 recommandations pour la campagne 2023-2024
Pour la présente campagne agricole, Amadou Ba a formulé un certain nombre de recommandations. Il demande au ministre de l’Agriculture de prendre toutes mesures pour le démarrage effectif, au mois de mai 2023, de la campagne agricole ; de veiller à la mise en place des commissions de cession des intrants par les autorités administratives au plus tard le 15 mai 2023 ; d’assurer le suivi régulier de la mise en place des intrants, du comportement phrénologique des cultures et de la commercialisation ; d’engager, en relation avec la primature et le ministre des Finances et du Budget, la procédure d’octroi des agréments pour la fourniture des semences et des engrais ; de doter les directions nationales et les services techniques déconcentrés de moyens logistiques et veiller sur la mise à disposition complète des plannings des intrants (semences et engrais) à la DRDR pour l’évaluation des mises en place ; de renforcer le programme de reconstitution du capital semencier et réactualiser la carte variétale.
La septième recommandation faite à Aly Ngouille Ndiaye consiste à améliorer la mise en marché de toutes les spéculations par l’appui à la contractualisation des producteurs-opérateurs économiques. Il lui est aussi demandé de proposer un schéma adéquat de commercialisation au profit des producteurs et de leurs coopératives, en accordant une attention spéciale à la situation des huileries ; d’engager les moyens requis en vue d’intensifier la lutte contre les oiseaux granivores qui menacent les périmètres rizicoles dans la vallée du fleuve Sénégal ; de procéder à la cession dans les meilleures conditions pour les producteurs, du matériel agricole de dernière génération, récemment acquis par l’État ; d’anticiper sur l’acquisition des semences certifiées et d’engrais de qualité à des conditions de marchés favorables ; de renforcer les capacités d’intervention de la Direction de la Protection des végétaux ; d’assurer une bonne diffusion et vulgarisation des données météorologiques ; d’accélérer l’aménagement des périmètres rizicoles dans les vallées du fleuve Sénégal et de l’Anambé avec l’intensification des activités de la SAED et de la Sodagri ; de prendre les mesures pour la mise en œuvre des projets d’irrigation et de récupération des terres salées dans certaines zones de production (Tamba, Sédhiou, Ziguinchor, Fatick) ; de soumettre un dispositif préventif efficace de sauvegarde de la vocation agricole des Niayes et développer la culture du blé dans les zones favorables ; de prendre toutes mesures pour le démarrage effectif, au mois de mai 2023 de la campagne agricole.
Le seizième point consiste à veiller à la mise en place des commissions de cession des intrants par les autorités administratives, au plus tard le 15 mai 2023.
Les autres recommandations sont adressées au ministre des Finances et du Budget. Amadou Ba lui demande de veiller à doter le ministère de l’Agriculture des ressources suffisantes pour assurer le financement de la campagne agricole. Il exige aussi de lui de prendre les mesures nécessaires pour solder la dette des OPS pour l’année 2021-2022, au plus tard fin mai 2023 et soumettre à validation un plan d’apurement de la dette de la campagne 2022-2023.
BABACAR SY SEYE